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Carnival Row, bilan de la saison 2

Par Zakath, le lundi 20 mars 2023 à 06:00:00

CRRenouvelée pour une deuxième saison dès juillet 2019, avant même la diffusion de la première, Carnival Row aura décidément eu une production compliquée, de ses débuts sous forme de scénario pour un film à cette ultime salve de dix épisodes. Nouveau showrunner tout d’abord puisque Travis Beacham, auteur du script original et créateur de la série, a laissé sa place à Erik Oleson (Daredevil, The Man in the High Castle…). Pandémie ensuite, qui a interrompu le tournage.
Malgré une coupure de plus de deux ans, on revient sur Carnival Row là où l’on en était resté et le changement à la tête de la série ne se fait guère sentir.

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Le bilan de la série

On avait laissé les habitants du Burgue dans une situation explosive. Jonah Breakspear, désormais chancelier et aidé secrètement par la cheffe de l’opposition Sophie Longbane qui a ses propres plans, réprime durement les êtres féériques interdits de quitter le Row. Vignette s’implique plus que jamais dans la résistance organisée par le groupe des Corbeaux Noirs tandis que Philo et Millworthy tentent une approche plus pacifique. Agreus et Imogen ont fui pour vivre librement leur amour mais tombent entre les mains de la Nouvelle Aube, armée révolutionnaire qui tente de renverser le Pacte, puissance rivale du Burgue. Pacte qui tente de négocier avec ses anciens ennemis pour vaincre cette nouvelle menace. C’est dans ce climat que des attaques sanglantes visent à la fois les forces de l’ordre et les Corbeaux Noirs.

Comme on le voit, beaucoup de fils sont lancés, avec quelques répétitions par rapport à la saison précédente (encore une horrible créature qui assassine les gens de manière particulièrement gore) mais avec une volonté d’avancer d’un bon pas. Au point d’ailleurs où l’on soupçonne que les plans s’étendaient au-delà de la deuxième saison mais qu’il a fallu conclure dans un nombre limité d’épisodes. Ainsi, la fin du cinquième rebat les cartes de manière particulièrement brutale et presque frustrante malgré l’efficacité du procédé. L’embrouillamini politique complexe est résolu un peu trop simplement, même si on ne tombe pas non plus dans toutes les facilités, pour croire à une conclusion qui semble trop idéale au regard de ce qui a précédé. Faire évoluer et apporter de la nuance au vilain policier Dombey n’est pas une mauvaise idée mais cette évolution est amenée pour le moins grossièrement : alors que le personnage est en danger de mort et que le spectateur ne va pas pleurer sur son sort, on nous le présente tout à coup comme un bon père de famille pour qu’on comprenne qu’il n’est pas si mauvais.

Cependant, l’intrigue se montre beaucoup moins prévisible que celle de la première saison, probablement parce qu’il y avait tant à y mettre qu’il est plus difficile de voir tout venir. Seule l’identité du Sparas, la créature métamorphe cauchemardesque qui massacre joyeusement de-ci de-là, est facile à deviner, faute d’un grand nombre de suspect : combien de nouveaux personnages masculins sont arrivés à Burgue cette saison et ont droit à suffisamment de scènes pour attirer l’attention tout en restant suffisamment secondaire pour rester mystérieux ? Réponse : un seul.

La première saison ne s’était pas faite remarquer par la finesse de sa métaphore, la suite a la main moins lourde, à part peut-être dans la caractérisation transparente de la Nouvelle Aube. On reste attaché au couple contrarié formé par Agreus et Imogen, qui ont bien du mal à trouver un endroit où vivre en paix et qui réalisent qu’ils ont encore beaucoup à découvrir l’un sur l’autre. Tamzin Merchant et David Gyasi sont pour beaucoup dans la réussite de cette sous-intrigue qui pourrait paraître trop longtemps détachée de l’histoire principale avant que tous les wagons ne soient raccrochés. On ne peut pas en dire autant d’Orlando Bloom qui montre souvent les limites de son jeu d’acteur : serrant les dents et plissant les yeux pour montrer que son personnage est un vrai dur à qui on ne l’a fait pas, il devient carrément embarrassant le temps d’un épisode où il se dédouble mentalement pour illustrer un dialogue intérieur (reconnaissons qu’il n’est pas aidé par les effets de style de la réalisation). Heureusement, cela ne s’éternise pas.

Esthétiquement, la série reste en tout cas un régal, à quelques effets spéciaux près. Les décors et les costumes sont soignés, et on peut encore compter sur la belle musique de Nathan Barr (pas de nouvelles chansons de fée, malheureusement). Bien que l’on sente une certaine précipitation, le dernier épisode parvient malgré les réserves évoquées plus haut à offrir une véritable conclusion.

Le verdict

Carnival Row ne manque pas de faiblesses mais la série a le mérite d’avoir su développer un monde inédit suffisamment riche pour être intrigant et crédible tout au long de ses dix-huit épisodes, un univers séduisant qui permet de contrebalancer un scénario pas toujours subtil et une interprétation inégale.


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