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Blood of Hercules
ISBN : 978-238643225-5
Catégorie : Aucune
Auteur/Autrice : Mas, Jasmine
Traduction : Canepa, Fabrice
Je suis une fille comme les autres. Mais apparemment, je suis aussi… Hercule.
Je tentais de survivre dans ce monde infesté de Titans et régi par les Spartes, des immortels issus de douze maisons royales disposant de pouvoirs quasi divins et d’une richesse obscène. J’étais une jeune fille abandonnée, pauvre, timide et bègue. Je ne cherchais qu’à me faire discrète, à cacher mes cicatrices.
Mais voilà, un test sanguin a révélé que je faisais partie de cette puissante élite. Que j’étais l’une d’entre eux. Une Sparte.
Forcée d’entrer à l’Académie de Guerre, je dois à présent me soumettre à l’examen le plus exigeant jamais conçu. L’enjeu : déterminer si j’ai les talents requis pour devenir une immortelle. Pour cela, je vais juste devoir surmonter quelques légers écueils. Car mes mentors ne sont autres qu’Achille et Patro, le terrifiant Duo écarlate, et mes professeurs Charon, le Passeur des enfers, et Auguste, fils de la Guerre.
Je suis cernée de monstres pétris de haine, obsédés et étrangement possessifs.
Mais ils ne savent pas à qui ils ont affaire.
Et ils vont le regretter.
Critique
Par Erkekjetter, le 22/04/2025
Le roman s’ouvre sur une scène qui peut faire craindre le pire quant au traitement des rapports de domination. Elle annonce en tout cas la couleur : chez les dieux grecs, qui forment ici le peuple des Spartes, c’est un moteur puissant. Ils sont soif de pouvoir et aiment écraser les autres. Et ce n’est finalement qu’un vague aperçu de la société qu’ils forment et qui se divise en deux groupes rivaux : les dieux olympiens, majoritaires, et les dieux chtoniens, largement minoritaires et dont les passions principales sont la violence et le meurtre (et probablement manger des chatons, mais ce n’est pas précisé dans le texte). La gestion de ce rapport-là au sein de la Fédération sparte interroge d’ailleurs quant aux capacités intellectuelles desdits dieux… pourtant immortels et de fait armés d’une expérience conséquente.
De la mythologie grecque, l’autrice a essentiellement retenu les noms et quelques créatures (dont elle a de toute façon modifié l’apparence). Le parti pris est annoncé tôt : oubliez ce que vous savez des dieux grecs, c’est un tissu de mensonges. Quel est alors l’intérêt de s’y référer ? Bonne question.
L’histoire se passe dans un futur pas si lointain, qui n’a rien de chantant. Les Titans arpentent désormais la Terre, menaçant l’humanité. On ne saura pas grand-chose sur eux, sinon qu’ils sont dangereux et que les dieux chtoniens sont chargés de les traquer.
Une fois passé le prologue, le récit passe du côté de l’héroïne, Alexis, tout juste âgée de dix ans et victime de maltraitances répétées par ses parents adoptifs. Là encore, il s’agit d’une mise en place, avant d’entamer le vif du sujet, lorsqu’elle aura dix-neuf ans. Malheureusement, ce démarrage est franchement laborieux. Le style est inexistant et donne une impression de mauvais roman jeunesse qui se voudrait trash. Pas vraiment la meilleure entrée en matière. Toutefois, les choses s’améliorent un peu par la suite – mais n’allez pas espérer un style renversant pour autant (je n’ai d’ailleurs pas compris le découpage des paragraphes, qui ne dépassent jamais les trois phrases).
L’héroïne, marquée en profondeur par son lourd passé, se présente comme une jeune femme en marge. Passionnée de mathématiques, mal à l’aise dans les rapports sociaux, harcelée par d’autres lycéens, elle porte un fardeau que l’autrice semble avoir chargé au maximum. Petite originalité, Alexis ne manifeste aucun intérêt romantique ou sexuel à l’égard de ses contemporains (elle fantasme un peu sur Carl Gauss, le mathématicien, mort en 1855…), et elle ne s’extasie pas sur les physiques très avantageux des Spartes, au contraire des autres ados. Elle le fera certes plus tard dans le récit, mais ce sera traité comme un réflexe malvenu par l’intéressée.
Lorsqu’elle est identifiée comme sparte, l’héroïne rejoint donc leur société pour subir une série d’épreuves, une première très directe et violente, une seconde qui s’étale sur le temps, plus vicieuse. Il n’y a alors que deux issues possibles : la mort ou l’accès à immortalité. Clairement, tout dans la mise en scène définit la société sparte comme une société fasciste, sexiste et brutale. Cela pèsera d’autant plus sur Alexis qu’elle est une femme, que celles-ci se font rares chez les Spartes et qu’elles bénéficient généralement d’un traitement de faveur : elle est donc hors des clous, ce qui est pour beaucoup inacceptable.
S’il y a un propos qui se veut féministe, il est en revanche torpillé par le final : une scène de viol, que la jouissance ressentie par l’héroïne viendrait en quelque sorte amoindrir. Il reste qu’il s’agit d’un rapport consenti sous la contrainte, sans envie, dans lequel la femme est un objet, un trophée même, face à des hommes possessifs et toxiques au dernier degré, et par ailleurs présentés comme tels dans le roman. Les joies de la « dark romance », qui n’a de romance que le nom.
Au global, nous sommes donc face à un récit outrancier dans ce qu’il met en scène, avec une héroïne habituée à être malmenée et qui va ériger le sarcasme comme bouclier mental. J’imagine que ça pourra constituer une lecture exutoire pour un certain lectorat. Pour ma part, l’érotisation du viol (et des agressions sexuelles, d’ailleurs) est rédhibitoire.
À noter : après une lecture (à domicile, donc sans transporter l’ouvrage dans un sac), les reliefs de la couverture perdent déjà une partie de leur encre, qui s’estompe d’un simple frottement du bout du doigt – et ce n’est pas une exagération.
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