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Douze
Titre VO: Twelve
Catégorie : Aucune
Auteur/Autrice : Jasper Kent (Proposer une Biographie)
Le capitaine Alexeï Ivanovitch Danilov a depuis longtemps oublié les créatures légendaires qui le terrifiaient quand il était enfant.
En cet automne 1812, il fait face à un ennemi bien plus tangible : la Grande Armée de Napoléon Bonaparte.
Les villes sont tombées les unes après les autres devant l’avancée des Français ; à présent, seul un miracle pourrait les empêcher de prendre Moscou. En désespoir de cause, Alexeï et ses camarades font appel à un groupe de douze mercenaires venus du fin fond de l’Europe chrétienne, les Opritchniki. Ils prétendent pouvoir renverser le cours de la guerre.
Les Russes n’y voient que vantardises ; ils ont pourtant tôt fait de découvrir que les douze sont capables de tenir leurs promesses. Devant de telles prouesses, Alexeï se remémore les contes de son enfance et commence à comprendre la véritable et horrible nature de ces douze étrangers…
Critique
Par Gillossen, le 11/05/2009
Premier tome d’une pentalogie annoncée, Douze, de Jasper Kent, remplit parfaitement son office, et peut se lire d’ailleurs sans attendre de suite. Celle-ci est d’ailleurs censée prendre place 13 ans plus tard et ne constituera donc pas une suite directe.
Mais revenons-en à cette première aventure mettant en scène le lieutenant Danilov, notre narrateur, et évacuons au passage la seule faiblesse relative de ce roman : malgré la menace sourde et mortelle qui pèse autour de lui, il est difficile de vraiment s’inquiéter pour le sort d’Alexeï, puisque l’on sait d’entrée de jeu qu’il a survécu. Prolongement de cet état de fait et de ce choix narratif, le lecteur anticipe régulièrement ce qui l’attend dans les pages suivantes, à l’image des péripéties survenant pour le personnage de Maxime.
Car la nature de ces fameux douze mercenaires venus de loin saute aux yeux, que l’on ait lu la quatrième de couverture ou pas : ce sont des vampires, qui suivent les guerres et s’en repaissent, soutenant toujours le camp le plus faible afin de préserver un équilibre macabre qui fait évidemment leurs affaires.
Une fois que le capitaine Danilov aura découvert cette atroce vérité, il n’aura donc de cesse de tenter de les éliminer jusqu’au dernier. Et l’auteur de jouer sur plusieurs tableaux : tout d’abord, bien sûr, la chasse, la traque, avec tout le poids mythologique de la figure du vampire, ici de véritables bêtes féroces devenant de plus en plus maléfiques avec l’âge. Ces passages, nombreux dans la seconde moitié du roman, sont formidablement bien troussés. Pour le coup, on ressent toute la tension, la peur et la colère qui pèsent sur Danilov, lancé dans une quête vengeresse qui pourrait bien le conduire aux abords de la folie.
Mais Jasper Kent ne sacrifie pas tout à l’action : le cadre de la campagne de Russie de Napoléon est remarquablement mis en scène et utilisé : la guerre d’escarmouche, Moscou incendiée, les ravages de l’hiver, véritable entité planant sur le roman à mesure que les vampires semblent prendre de la force, mais aussi la vie qui continue malgré tout : petites gens, officiers voyant leurs amis mourir sans avoir le temps de les pleurer, ou bien encore commerce de la prostitution.
La relation trouble et intense qui lie justement Danilov à Domnikiia compte également pour beaucoup dans les atouts du roman. Le vaillant et pragmatique capitaine ne semble d’ailleurs jamais envisager de renoncer à ce qui devient rapidement une véritable liaison amoureuse, pas plus d’ailleurs qu’il ne jette la pierre à sa femme, qu’il aime toujours. Pleine d’esprit, de flamme mais aussi de failles, « Dominique » incarne d’ailleurs un portrait de femme qui ne manque ni de piquant ni d’intérêt. Nous sommes cependant bien loin de la gaudriole, à l’image de la question finale qui pourrait bien à jamais hanter Alexeï et de relations qui sont abordées sans détour et sans écarter certains sujets…
Un Alexeï digne représentant de l’âme russe, dans le cadre de ses relations avec ses trois amis soldats de longue date et le destin de chacun d’entre eux. Là encore, l’auteur fait mouche, et nous entraine dans un roman qui ne trahit pas le choix de ce cadre très particulier, sans jamais tomber dans les travers de la surabondance de détails accumulés en espérant sonner vrai ou dans la représentation de carton-pâte, et le tout sans renoncer à une narration nerveuse et racée, rehaussée de quelques touches de folklore local.
Au premier lieu duquel, les voordalaki bien sûr, les vampires des contes de grands-mères, créatures pourtant aussi réelles que terrifiantes en vérité. Jusqu’au bout, l’auteur préservera une part de mystère, par le biais en particulier du personnage de Iouda – Judas – figure tutélaire du groupe et Némésis affichée de Danilov sur tous les plans, ménageant même quelques surprises astucieuses au nez et à la barbe du lecteur qui pour le coup n’avait rien vu venir tandis que le récit gagne peu à peu en intensité.
Si ce roman peut séduire immédiatement par son pitch, son cadre et l’esprit d’aventure qui souffle sur ses pages, Jasper Kent fait néanmoins preuve d’une indéniable maturité qui élève son roman au-delà de simple lecture de divertissement, sans renier pour autant le genre.
8.0/10
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