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Lapin maudit
Catégorie : Aucune
Auteur/Autrice : Bora, Chung
Traduction : Pejaudier, Hervé
Traduction : Han, Yumi
Du glaçant, du stupéfiant, du terrifiant ; de l’inoubliable !
Un lapin envoûté qui dévore trois générations, une tête qui appelle sa mère depuis la cuvette des toilettes, des doigts glacés qui s’enfoncent dans la terre, un renard qui saigne de l’or, des cicatrices, des mots d’amour, du sang, un fantôme qui se hâte sur une grand-place de Pologne…
Critique
Par Gillossen, le 24/04/2023
Lapin maudit est un recueil de nouvelles qui attire l’œil, aussi bien par sa couverture aux couleurs acidulées que par sa quatrième. Il faut dire que Chung Bora, l’autrice, en impose par son CV : finaliste du Booker Prize 2022, diplômée de Yale, enseignante de la langue et de la littérature russe autant que de la science-fiction… Un portrait singulier, à l’image de l’ouvrage lui-même, publié chez Matin calme, éditeur spécialisé dans le polar coréen.
Par définition, les textes n’entretiennent pas de liens entre eux : on retrouve donc du réalisme magique, mais aussi de la fantasy (à l’image du premier texte, qui ne joue pas du tout sur l’ambiguïté), une pointe de SF le temps d’une nouvelle, mais aussi du conte, etc…
En revanche, toutes les histoires sont d’une longueur comparable et surtout toutes se révèlent empruntes d’un même travail sur l’intime, le corps, le charnel. Beaucoup évoquent notre rapport au corps (et surtout celui de la femme, de la mère), dans ce qu’il peut avoir parfois de plus repoussant, ou de plus viscéral. Le poids des conventions sociales, que les textes se déroulent à notre époque ou pas, jusqu’à l’absurde, les piteuses vexations inhérentes à la nature humaine, parsèment également les nouvelles.
Il y a ici un vrai talent de narration, une écriture incisive au service de l’histoire, un sens de l’observation acéré. Si tous les textes ne se valent pas (je songe notamment à la troisième nouvelle, un peu “facile”), plusieurs se distinguent notamment par des fins pétrifiantes, entre émotion et horreur glacée. L’horreur, parlons-en puisque c’est un élément également cité dans la présentation de l’ouvrage : même si le lecteur doit à intervalles réguliers se confronter à certaines descriptions sanguinolentes, le gore en tout cas n’est pas le fond de commerce de l’autrice pour parvenir à ses fins. On tremble bien plus face à la solitude ou le mensonge qui frappent ses personnages. La cruauté est de même souvent de mise, pour mieux nous mettre face à nos propres peurs ou préjugés.
Avec ces dix nouvelles aux ambiances toujours réussies, tantôt pesantes, tantôt étranges, voire les deux, Chung Bora signe un recueil atypique mais souvent fascinant dans son propos, que l’on prend plaisir à dévorer, littéralement.
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