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Le Crépuscule des prophéties
Titre VO: Severed Souls
ISBN : 978-235294798-1
Catégorie : Aucune
Auteur/Autrice : Terry Goodkind
Un héros va mourir…
La course contre la mort continue pour Richard et Kahlan. Contaminés par la souillure de Jit, ils doivent rallier au plus vite le Palais du Peuple, où Zedd et Nicci les guériront à l’abri d’un champ de protection. Mais alors que les demi-humains lancés à leurs trousses sont résolus à les arrêter, Hannis A rc et l’empereur Sulachan marchent eux aussi vers le palais, avec l’intention de le rayer de la carte. Les chances de survie du Sourcier et de la Mère Inquisitrice n’ont jamais été aussi minces…
Critique
Par Gillossen, le 23/10/2014
A l’heure de clore (?) les aventures de Richard Cypher le garde forestier, que peut-on encore dire en se penchant sur ce 14eme tome présenté comme le dernier, promis, juré ?
Bien des choses, malheureusement… Commençons, comme souvent, par la forme. Bien entendu, Terry Goodkind n’allait pas brusquement changer sa façon d’écrire après plus de 5000 pages issues du même moule. On se retrouve donc avec des dialogues explicatifs rabâchant des éléments déjà connus de l’intrigue - au point que Richard lui-même le souligne plusieurs fois ! -, des vagues entières de points de suspension - l’auteur ne semble décidément pas faire confiance à ses lecteurs pour comprendre ce qu’il a sous-entendu à peine une phrase plus tôt et explique TOUT -, mais on peut même remarquer cette fois des chapitres entiers totalement inutiles. Citons en vrac le 23, le 29, le 52, le 81 et sa pseudo-révélation que n’importe qui aura devinée des centaines de pages plus tôt… Et je n’ai même pas eu besoin de prendre de notes. Certes, ils sont courts, mais tout de même ! Ajoutons à cela des passages sur l’amour unissant Richard et Kahlan pas même dignes d’un collégien et tout sauf touchants et on lève plus souvent les yeux au ciel qu’on ne tourne les pages.
L’intrigue proprement dite, en toute logique étroitement liée à celle du tome précédent, n’apporte pas grand-chose et ne résout guère plus d’éléments en suspens. C’est un peu la foire aux jérémiades : Kahlan passe son temps à se plaindre de n’avoir pas le temps de profiter de la vie avec Richard et celui-ci lui explique qu’ils doivent encore attendre car le monde a besoin de lui. Un Richard toujours aussi prompt à avancer que la vie est sacrée pour mieux massacrer moult ennemis - enfin, quand il n’est pas entre la vie et la mort… - ou à dénoncer la haine comme plaie n°1 du monde et de l’humanité - un message à peine voilé adressé à ses haters ? - pour là encore s’y abandonner fréquemment. C’est ça, le grand héros que les foules devraient admirer ? La dévotion de ses hommes ou des Mord-Siths à son égard s’avère d’ailleurs surréaliste. Pendant ce temps, les stratégies adoptées pour tenter de se défaire de leurs ennemis ne volent pas haut et de grands discours n’ont jamais dissimulé une quelconque pauvreté tactique. Et comme toujours avec Goodkind, aucun personnage ne semble disposer de sa voix propre, tous répétant leur texte avec le même phrasé, le même genre de répliques acerbes…
Il faut dire que du côté des grands méchants se dressant sur la route de Richard et ses amis, Hannis Arc et donc Ludwig Dreier concluent (?) là encore le cycle dans une apothéose de ridicule consommé. L’abbé, dépourvu du moindre soupçon de charisme, n’est bien sûr qu’un psychopathe de bas étage, un pantin dépourvu de toute caractérisation. Quand on dit qu’une bonne histoire doit pouvoir compter sur un bon méchant… Vous voilà prévenus.
Mais au-delà de l’absence de style (certaines images sont à hurler de rire et dignes une nouvelle fois d’une rédaction de collégien et encore, on les espère plus inspirés), de gestion de l’intrigue - un domaine dans lequel l’auteur ne se sera donc jamais amélioré en 14 tomes, se perdant toujours plus loin dans ses délires… Mais peut-être que si on ne l’avait pas présenté dès son premier tome comme l’égal des plus grands, on l’aurait aidé à ouvrir les yeux… -, ce tome 14 s’impose aussi comme l’occasion de se rendre compte que son univers n’aura jamais affiché une grande consistance : une peuplade porte des crânes dotés de cornes ? Appelons-les les Cornus ! En même temps, avec une histoire prenant place dans les Contrées du Milieu, on aurait dû le sentir venir dès le début… Ce monde de papier perd pied dès que l’on tente de jeter un œil derrière la façade. On peut reprocher bien des choses à La Roue du Temps de Robert Jordan par exemple, mais certainement pas d’avoir un monde de carton-pâte. Songer que les deux cycles aient pu se voir comparés sur le plan de leur importance et de leur impact a tout de même de quoi faire sourire.
Quant aux implications de cette “conclusion”… Qui pourrait vraiment croire à la réalité de, disons, allez, au moins l’une des deux morts censées se révéler marquantes au cours des deux cents dernières pages ? Oui, on dit bien “censées”, car la première, “hors-champ”, nous laisse étonnamment froids, étant donné le personnage concerné clairement le plus sympathique de tous, quand la seconde… Disons simplement que n’est pas Orphée qui veut. Avec la meilleure volonté du monde et en tentant d’imaginer deux autres personnages que ceux qui traversent cette épreuve sous nos yeux, difficile de sentir passer la moindre émotion avec une qualité d’écriture aussi pauvre et des rebondissements aussi prévisibles.
Creux, vide, vain… On pourrait enquiller les synonymes pendant longtemps. Mais dans quel but ? De toute façon, ce tome, bien que sous les 500 pages et vendu malgré tout à 25 euros, s’écoulera sans aucun doute par palettes entières. Cela fait bien longtemps que l’on ne les chronique pas dans le but d’avoir un quelconque impact justement, mais simplement pour rester cohérent avec nous-mêmes.
Tout comme Terry Goodkind reste cohérent sur le plan de sa vision d’ensemble, ce que l’on ne pourra pas lui reprocher, contrairement à sa médiocrité.
1.5/10
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