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Starling House
Catégorie : Aucune
Auteur/Autrice : Alix Harrow, (Proposer une Biographie)
La mâchoire en fer sculpté d’un portail, la langue rouge d’une allée, l’ombre noire de sycomores enchevêtrés : dans les rêves d’Opale, la mystérieuse Starling House exerce une fascination lancinante. Comme si c’était pour elle que la demeure rayonnait de sa lumière ambrée, frémissante dans la nuit brumeuse.
C’est pourtant un domaine interdit dont on ne sait rien, et qui tient chaque habitant de la petite ville d’Eden à distance. Mais Opale, sans mère ni vrai foyer, sans avenir ni mémoire, n’est plus à une transgression près, surtout s’il suffit de quelques gouttes de son sang pour que le portail s’ouvre. Surtout s’il suffit d’écouter des histoires pour que des secrets inavouables se déploient, aussi ténébreux que ses cauchemars à elle.
Entrez si vous l’osez.
Critique
Par Erkekjetter, le 02/10/2024
Décidément, Alix E. Harrow a quelque chose avec les portes. Dans Starling House, toutefois, elles ne se comptent pas par milliers mais seulement sur les doigts de la main. Ce sont celles de la fameuse Starling House, mystérieuse et peu engageante.
La première moitié du récit se révèle très ancrée dans le réel. Nous suivons Opale, une jeune femme qui élève seule son frère depuis la mort de leur mère. Emploi aliénant et tout sauf satisfaisant, pauvreté, précarité, débrouille (ce qui inclut, de fait, la pratique régulière du mensonge et du vol à l’étalage), voilà ce qui constitue son quotidien. Pas de foyer non plus, sinon la chambre miteuse d’un motel, qu’on ne peut guère qualifier de chez-soi. En somme, la réalité de la grande pauvreté et l’enfer quotidien que cela représente.
Même si son attirance première pour la maison est alimentée par des rêves récurrents, Opale accepte de travailler pour le propriétaire de Starling House essentiellement pour une question d’argent. Un meilleur salaire, c’est avant tout la possibilité d’accéder à un quotidien moins dur. Que cela satisfasse sa curiosité est un bénéfice secondaire.C’est véritablement vers la moitié du roman que l’on atteint le point de bascule, et c’est peut-être ce point-là qui fera perdre des lecteurs. Ça ne veut pas dire qu’il ne se passe rien dans ces quelque deux cents pages, ou qu’elles sont inutiles, mais ça fait tout de même long avant de parvenir au cœur de l’intrigue. Il y a tout un travail sur l’atmosphère, tant celle de la ville d’Eden que celle de la maison. On ressent bien l’ambiance de ces petites villes américaines dont la vie entière tourne autour d’une seule entreprise et où tout le monde se connaît. Où l’on ferme curieusement les yeux sur certains drames pour mieux épingler des « péchés » dérisoires. C’est un univers étriqué, sur lequel s’étend l’ombre nauséabonde du patron fortuné qui possède tout ou presque et tient au creux de sa main la survie même de la ville. Mais tous les lecteurs ne trouveront pas leur compte dans ce plantage méthodique du décor – dont l’impact est véritablement important.
La deuxième moitié, de fait, voit les choses s’accélérer et l’action se densifier. Et globalement, le roman est bon. Il est d’autant plus intéressant que l’autrice aborde des sujets très contemporains : l’exclusion, le racisme, l’accaparement des richesses, le système d’exploitation aveugle sur lequel repose le capitalisme (même si ce n’est pas dit en ces termes, c’est clairement ce qui est évoqué). Le roman évoque aussi les blessures, les traumatismes, ces cicatrices de la vie, parfois insupportables, avec lesquelles on doit apprendre à composer pour continuer. L’héroïne est touchante, bouleversante par moments, et ce n’est pas le seul personnage à l’être.
On oublie finalement assez vite que l’on est face à une réécriture de La Belle et la Bête, ancrée dans notre époque. Les grands traits de l’histoire sont pourtant bien là, indéniablement. Le propos, lui, me paraît ici considérablement enrichi par ses dimensions contemporaines. Si cela vous parle, si vous ne craignez pas une mise en place qui prend son temps, alors n’hésitez pas à pousser la porte de Starling House.
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