Re: Critique ! [Le Livre des Martyrs - Steven Erikson]

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Enfin fini le tome 7 après 3 tentatives...
Ce fut laborieux ! Vu que je lis (trèèès) lentement j'ai perdu les enjeux de certains groupes
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. je trouve que la fin est un peu expédiée
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par rapport à la longueur totale du livre (qui aurait gagné à faire 300 pages de moins). J'ai aussi été surpris que
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J'avais réussi à créer un attachement avec pas mal de personnages du tome 1
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et je suis déçu qu'on les perdent de vue au fur et à mesure de l'histoire.

Je vais faire une petite pause avant de lire le tome 8 (qui m'attire beaucoup), par contre j’appréhende pas mal le 9, vu les différents retours que j'ai lu dessus !

Re: Critique ! [Le Livre des Martyrs - Steven Erikson]

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J'en suis au 3/4 du tome 2.
Je savais dans quoi je m'embarquais donc je ne suis absolument pas déçu, surtout au niveau des enjeux "géopolitiques" et surtout des dialogues qui me font énormément penser à ce que j'ai pu lire dans les Instrumentalités de la Nuit de Glen Cook. Bon, moi aussi je lis extrêmement lentement et principalement dans les transports donc j'avance au compte goutte mais je prends d'autant plus de plaisir à la lecture. Alors certes ça a tendance à trainer en longueur et on regrette un peu (beaucoup) le fait que l'immense majorité des personnages auxquels on s'était attaché durant le T1 ne soient pas présents dans le T2 mais bon...
Spéciale dédicace à Duiker qui est un sacré personnage et aux descriptions des batailles d'une très grande finesse (en tous cas bien au-dessus de tout ce qu'a pu proposer Glen Cook autant dans La Compagnie Noire que dans ses autres ouvrages).
Je ferai sûrement une pause après le T2 (Chevalier aux Epines oblige) mais cela faisait bien longtemps que je n'avais pas lu une saga qui en impose autant.
Je n'ose même pas imaginer ce que serait une série avec le budget de GoT pour un tel cycle...

Re: Critique ! [Le Livre des Martyrs - Steven Erikson]

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mokmal a écrit : mar. 26 mars 2024 14:03 Enfin fini le tome 7 après 3 tentatives...
Ce fut laborieux ! Vu que je lis (trèèès) lentement j'ai perdu les enjeux de certains groupes
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. je trouve que la fin est un peu expédiée
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par rapport à la longueur totale du livre (qui aurait gagné à faire 300 pages de moins). J'ai aussi été surpris que
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J'avais réussi à créer un attachement avec pas mal de personnages du tome 1
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et je suis déçu qu'on les perdent de vue au fur et à mesure de l'histoire.

Je vais faire une petite pause avant de lire le tome 8 (qui m'attire beaucoup), par contre j’appréhende pas mal le 9, vu les différents retours que j'ai lu dessus !
Tout à fait de ton avis. Je vais aussi faire une pause après ce 7è tome. J'adore ce cycle, mais j'ai trouvé pour la 1è fois que le livre aurait gagné à faire 300 à 400 pages de moins. On se disperse, le récit se dilue et les personnages que l'ont suit ne m'ont pas vraiment intéressés.

Re: Critique ! [Le Livre des Martyrs - Steven Erikson]

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Yksin a écrit : lun. 29 avr. 2024 22:40 Spéciale dédicace à Duiker qui est un sacré personnage et aux descriptions des batailles d'une très grande finesse (en tous cas bien au-dessus de tout ce qu'a pu proposer Glen Cook autant dans La Compagnie Noire que dans ses autres ouvrages).
pour la compagnie noire c'est assez logique, rappellons que les annales sont écrites par un annaliste, pas un écrivaon ;)

Re: Critique ! [Le Livre des Martyrs - Steven Erikson]

4047
Tome 5 terminé il y a quelques jours.

Un nouveau continent avec de nouveaux personnages.
C’est sympa d’en connaître plus sur Trull Sengar. Le 4ème bouquin ne le développait pas assez à mes yeux.
Je me suis senti, comme lui, en décalage avec les autres personnages l’entourant, une fois
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Son peuple acceptant beaucoup trop rapidement les changements opérés.
Hâte de voir ce que va donner cette famille dans la suite alors que de base, le perso ne m'intéressait pas plus que ça après le 4ème tome.

Concernant les chapitres de l’acquitteuse, j’ai beaucoup aimé à partir du moment où la
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rentre en jeu. J’ai vraiment envie de les connaître plus.

Pour finir sur la famille Beddict, j’ai aimé Brys. Il nous a fait un vrai
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Et parlons de Tehol & Bugg et de tous les personnages gravitant autour de ces 2 là … bordel j’adore ces personnages. Une vrai bouffée d’air frais. Lorsque je voyais que le prochain chapitre à lire était sur Tehol, j’étais heureux ^^
C’est rigolade sur rigolade avec les 2. Ils font clairement parti de mes persos préférés pour le moment.

Allez, prochain livre : le 6ème.
De ce que j’ai vu à droite, à gauche, c’est l'un des préférés des gens avec le 3ème.

Re: Critique ! [Le Livre des Martyrs - Steven Erikson]

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Après la lecture de l’ouvrage « Le Souffle du Moissonneur », j’éprouve le sentiment d’un crépuscule qui drape lentement l’horizon. Alors la question du sens de cette grande fresque se posera. Mais pour l'heure c'est celle de l'existence de chacun d'entre nous qu'Erikson expose.

Une seule certitude pour l'auteur : « On ne possède pas la vie. Ce n'est qu'un souffle qui passe sur nos existences, le souffle de la mort, qui nous pousse, qui fait brûler la flamme, qui éteint l'étincelle.» Ce souffle de la mort, seule et incontestable réalité, pousse chacun à échafauder des espoirs et des désirs, frêles protections.

Certains inventent leur quête, quitte à s'imaginer une vie,
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« Et Masquerouge en était venu à comprendre la lutte – là, dans les yeux écarquillés des rodaras, la peur timide des myrides ; dans l’incrédulité d’un jeune guerrier mourant dans le sable soufflé par le vent; dans la compréhension d’une femme qui abandonne sa vie à l’enfant qu’elle a poussé entre ses jambes. Il avait vu des anciens, humains et animaux, se recroqueviller pour mourir; il avait vu d’autres personnes lutter pour leur dernier souffle avec toute la volonté qu’elles pouvaient rassembler. Pourtant, dans son cœur, il ne pouvait trouver aucune raison, aucune récompense l’attendant au-delà de cette lutte éternelle.»

Car il faut vivre avec cette inquiétude existentielle, cette conscience de notre propre finitude qui marche dans nos pas, toujours prête à nous saisir.

Icarium : «Quand nous devons attendre, notre esprit se remplit de boue, de pensées aléatoires comme autant de déchets. Quand nous sommes poussés à l’action, notre courant est rapide, l’eau semble claire, froide et vive.»

Udinaas est d'une totale lucidité au sujet de cette précarité de l'existence parce qu'en tant qu'esclave il a connu une entière incertitude : «Les esclaves doivent aiguiser tous leurs sens, Fear Sengar. Parce que nos maîtres sont inconstants. Tu peux te réveiller un matin avec un mal de dents, misérable et en colère, et en conséquence, une famille entière d’esclaves peut être dévastée avant que le soleil soit au zénith.»

Quand Silchas Ruin lui lance : "Je ne cache pas ce qui me motive", Udinaas n'a aucun mal à lui répondre, lui qui a perdu toute illusion : "La vengeance ? Eh bien, je suppose que c’est une bonne motivation – au moins pour un temps, et peut-être qu’un temps c’est tout ce qui t’intéresse vraiment. Mais soyons honnêtes, Silchas Ruin : en tant que seul sens donné à une existence, c’est une cause dérisoire et pathétique."

Et cette angoisse qui brûle en chacun de nous, lorsque nous cherchons avec fièvre à l'éteindre en dressant des remparts de convictions, nous laisse vulnérable aux manipulations de ceux qui nous promettent l'apaisement.
Karos Invictad l'expose sans fard à Tanal Yathvanar : « Il est possédé par la certitude. Il a une vision sûre du monde, c’est un homme qui a les bonnes réponses. (…) Un sujet sûr peut être influencé, transformé, il peut devenir un allié zélé. Il suffit de trouver ce qui le menace le plus. Faire naître la peur, brûler les fondements de leur certitude, puis leur offrir une autre façon de penser, de voir le monde, tout aussi certaine. (…) Non les convaincus ne sont pas nos ennemis. (…) Nos plus grands ennemis sont ceux qui sont dépourvus de certitudes. Ceux qui se posent des questions, ceux qui considèrent nos réponses claires avec un scepticisme inébranlable. (…) Je n’ai qu’une seule certitude. Le pouvoir façonne la face du monde.»
Mais Karos Invictad est lui-même une victime de cette illusion. Il pense être le maître du jeu en comprenant les soubassements de la réalité. Cette volonté d'analyse et de maîtrise tourne à l'obsession pour trouver une solution à chacune des énigmes, découvrir le mécanisme caché - l'insecte à deux têtes - derrière chaque chose. Même l’homme déchu, tombé dans la solitude du crime ou de l'exil, même l’homme qui se croit dépouillé des fausses valeurs, est livré au Souffle du Moissonneur.

Ce livre est une grande entreprise de déssillement et il revient aux personnages les plus sombres de nous amener à une plus profonde conscience - ou un renoncement plus définitif. Ainsi Plume Sorcière : «Pas de fin, dans ce monde immense et chaotique, aux illusions de ceux qui croyaient avoir été choisis. (…) Choisis. Soit nous le sommes tous, soit aucun d’entre nous ne l’est. Et si c’est le premier cas, alors nous serons tous confrontés au même juge, à la même justice – le riche, l’endetté, le maître, l’esclave, le meurtrier et la victime, le violeur et le violé, nous tous, alors priez tous – si cela vous aide – et regardez bien votre propre ombre. Pour elle, personne n’avait été choisi et aucun jugement dernier n’attendait les âmes. Chaque mortel était confronté à sa propre fin, puis à l’oubli.»

Alors quel espoir ? Peut-être la communauté ?

L'empire letherii croit en l'argent, cette valeur qui transcende la personne d'un empereur, y compris un usurpateur barbare.
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Fear Sengar à Seren Pedac : « Nos âmes pourraient aussi bien être piégées dans un donjon hanté. Bien sûr, nous l’avons construit – chacun de nous – de nos propres mains, mais nous avons oublié la moitié des pièces, nous nous perdons dans les couloirs.»

C'est le groupe improbable formé autour de Silchas Ruin qui représente notre vanité à chercher une raison d'être ensemble.
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Toutefois le désespoir n'est pas une fatalité.

Il y a d'abord l'amour, celui entre Seren Pedac et Trull Sengar surtout, malgré tous les sentiments de culpabilité et d'échec qui sont comme son ombre. C'est Onrack qui le dit le mieux : «Je me suis éveillé à la douleur (…) La chair mortelle n’est rendue réelle que lorsqu’elle est nourrit par le souffle de l’amour.»

Et cet amour peut aller au-delà d'une personne en particulier.
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Une fois de plus Tavore nous livre un sens en nous indiquant que chacun cherche son véritable nom, celui qui lui revient en propre, celui qui ne peut être révélé qu'au seuil de sa vie, sans le regard des autres, avec pour seul spectateur sa propre conscience :
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Et Tavore éclaire le nom de ce cycle.

C’est bien le souffle d’un créateur qui anime ce livre. Mais c’est peut-être le propre de la fiction que d’avoir un tisserand ; dans la réalité nul démiurge pour donner un sens à nos existences. Il nous reste alors soit la quête angoissée d'un but qui nous épargne d'affronter le néant, soit l'humour face à cette intimidante question existentielle.
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"Chaque chose doit resplendir à son heure, et cette heure est celle où des yeux véritables la regardent." (M.T.)