Votre préféré ?

Autre(s)
Nombre total de votes : 6 (4%)
Von Bek
Nombre total de votes : 9 (6%)
Hawkmoon
Nombre total de votes : 22 (15%)
Erekosë
Nombre total de votes : 13 (9%)
Corum
Nombre total de votes : 16 (11%)
Elric
Nombre total de votes : 85 (56%)
Nombre total de votes : 151

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Eldwyst a écrit :Tiens je remonte le sujet, je suis en train de lire le premier tome du cycle (j'ai l'édition Omnibus).
C'est pas mal, mais je trouve le style vraiment lourd, avec des phrases à rallonge pour verser dans le grandiloquent sans vraiment y arriver. Le début est un peu chiant, mais une fois que ça se lance, ça reste prenant !

Tu parles de l'édition en papier bible hyper fin ? Je l'ai aussi celle là et je m'aperçois que son format est hyper relou pour la lecture, du coup je n'ai jamais lu Elric. :ph34r:

542
Gillossen a écrit :Je pense qu'un petit dépoussiérage de la trad serait intéressant. :sifflote:

Pour avoir lu quelques Moorcock en VO (mais aucun du Champion éternel), je serai assez d'accord - je ne retrouve pas le même niveau d'écriture d'avec mes souvenirs d'Elric & Hawkmoon en VF (même si un auteur peut bien évidemment s'améliorer avec la pratique).

543
Guigz a écrit :
Eldwyst a écrit :Tiens je remonte le sujet, je suis en train de lire le premier tome du cycle (j'ai l'édition Omnibus).
C'est pas mal, mais je trouve le style vraiment lourd, avec des phrases à rallonge pour verser dans le grandiloquent sans vraiment y arriver. Le début est un peu chiant, mais une fois que ça se lance, ça reste prenant !

Tu parles de l'édition en papier bible hyper fin ? Je l'ai aussi celle là et je m'aperçois que son format est hyper relou pour la lecture, du coup je n'ai jamais lu Elric. :ph34r:

Oui celle la même, je l'ai acheté plutôt pour le côté exhaustif que pratique, même si j'avoue que je ne m'attendais pas à ce que ce soit aussi fin. Apres puisque je lis chez moi c'est moins dérangeant que dans le métro par exemple, je fais attention mais oui je te comprends.

Sinon Moorcock est plus fluide/moins lourd en VO d'après vous ?

544
Bien le bonjour, bonnes gens d'Elbakin !

Je suis tout nouveau ici (en tant qu'inscrit, mais ça fait un moment que je passe sur le site de temps à autre, surtout que j'aime beaucoup le podcast procrastination). Je me suis récemment intéressé à l'œuvre de Michael Moorcock, et ça m'a l'air d'être le bon endroit pour venir en parler.

Pourquoi Moorcock ?, pourrait-on se demander. Et bien il faut dire que, sur le papier, le truc est vachement alléchant : une multivers s'étalant sur plus de quatre décennies et des dizaines de romans et nouvelles différents, dans des genres très différents, avec de la fantasy pulp, de la s-f psychédélique, de l'historique, de la littérature blanche ou expérimentale, et j’en passe, parfois en mêlant plusieurs genre dans un même livre. Et pour l'instant, après avoir lu quelques uns des bouquins, je suis plutôt satisfait. Son style d'écriture est agréable, même si évidemment il a évolué au cours de sa carrière, ou suivant le genre abordé. Il a également une imagination assez vive, et une notable capacité à suggérer les idées les plus farfelues. Je ne sais pas si je vais lire tout ce qui rentre dans ce "cycle du multivers", mais je pense continuer encore quelques temps.

Pour l'instant, j'ai déjà lu : une bonne partie des Elric (évidemment), l'intégralité des aventure d'Hawkmoon, et les trilogies the Moonbeam Roads et the War amongst the Angels, et suis au milieu du cycle des Danseurs de la Fin des Temps.

Je vais faire une "critique"/ donner mon avis sur les volumes que j'ai déja lus et sur ceux que je lirai dans ce fil, qui me semble adapté. Je suis pas sûr que ça intéresse grand monde, mais comme ça je garderai une trace de mes impressions, et je n'ai jamais vraiment essayer de mettre mes opinions "littéraire" par écrit, et donc pourquoi pas.

546
La Légende de Hawkmoon :

J'ai la version française publiée par les éditions Omnibus, qui comprend les sept tomes, ainsi qu'une introduction par Moorcock et un lexique des personnages. On notera que l'auteur dédie cette édition à Lemmy de Mötorhead, qui a comme Moorcock travaillé avec le groupe Hawkwind. Les romans se composent en deux cycles assez différents :

-d'abord, La Légende de Hawkmoon , ou The History of the Runestaff en VO, originallement publié entre 1967 et 1969, qui comprend Le Joyau Noir, Le Dieu Fou, L'Épée de l'Aurore et Le Secret des Runes.

-ensuite, La Nouvelle Légende de Hawkmoon (ils se sont pas trop cassé la tête), ou en VO Count Brass. Publié pour la première fois entre 1973 et 1975, le cycle comprend : Le Comte Airain, Le Champion de Garathorn et La Quête de Tanerlorn.

(Notez que ma lecture date déjà d'un peu plus d'un an, ce qui pourra engendré des imprécisions)

The History of the Runestaff

Le premier cycle est de la fantasy pulp divertissante, qui ne vas pas chercher beaucoup plus loin. Noter que je ne dit pas ceci de manière négative, la lecture en est plutôt plaisante. Dans ce qui reste de l'Europe après le "Tragique Millénaire" (dont on ne saura pas grand chose si ce n'est qu'il s'agit d'une série de guerre et/ou de catastrophe - la série est plus ou moins post-apo), la Granbretanne étend les hordes de son Ténébreux Empire sur toute l'Europe. Toute ? Non ! Car une région d'irréductibles résiste encore et toujours à l'envahisseur : la Camargue ! Ou plutôt la Kamarg, pays des chevaux à cornes et des flamants géants. Envoyé contre son gré comme espion du Ténébreux Empire, Dorian Hawkmoon, Duc von Köln, fera équipe avec le Comte Airain, Seigneur Guardian de Kamarg contre leur oppresseur.
:duel:
Par la suite, pas vraiment plus de subtilité que ça : les méchants sont (très) méchants et les gentils sont gentils, à une ou deux exceptions près. Mais le tout est assez sympa ! Les bouquins ne se prennent pas trop au sérieux, et versent même parfois dans le comique, mais peuvent prendre par moment un ton plus grave. Le cycle vaut surtout, à mon sens, pour son énergie, tant dans l'action, que dans l'imagination. Moorcock profite du cadre post-apo pour balancer plein de "technologies oubliées et incompréhensibles" des civilisations disparue du Tragique Millénaire, et est dans l'innovation constante. L'univers est très plaisant, assez baroque, entre les flamants géant, les ornithoptères et les Granbretons qui ont tous des masques d'animaux qu'ils refusent d'enlever en public. On rencontre une civilisation américaine au seuil de l'extinction, y passe deux ou trois chapitres, puis la quitte et n'en reparle jamais, avant de découvrir une cité organique en ruine, et ainsi de suite. En plus des légers aspects s-f, il y a des personnage un peu magique qui aide le héros à accomplir son "destin", comme le Guerrier d'Or et de Jais. Soyez prévenu.es, la série (comme pas mal de bouquins de Moorcock, j'ai l'impression) marche pas mal au "ta gueule c'est magique". Je n'ai pas trouvé ceci très génant, le style pulp veut un peu ça, mais si vous cherchez de la fantasy avec des intrigues travaillées, pas sûr qu'Hawkmoon vous satisfasse.

Du point de vue du cycle du Multivers en général, le bâton runique/graal introduit ici jouera souvent un rôle important.


Count Brass

Avec le second cycle, on plonge de plein-pied dans le multivers. À cette époque, Moorcock relie les aventures de ses héros de différentes séries, les présente comme différentes incarnations du "Champion Éternel", agent de la Balance Cosmique qui oscille perpétuellement entre la Loi et la Chaos. Les héros, alors principalement le quatuor Elric-Hawkmoon-Corum-Erekosë, vivront des aventure en commun, et de manière générale Moorcock cherche à en faire un méta-cycle (a peu près) cohérent.

Cette seconde série abandonne l'aspect presque parodique que pouvait avoir la première, et devient plus sombre, tantôt inquiétant, tantôt psychédélique. (Tout en restant tonalement relativement cohérente avec la première) Les trois romans partent dans des direction un peu différentes. Le premier joue sur les "et si ?" et les voyages dans d'autres plans, dans le deuxième Dorian Hawkmoon "prête" son âme à une autre incarnation du Champion Éternel, et dans le dernier Dorian rejoint ses autres incarnations pour sauver le multivers (histoire relatée à nouveau du point de vue d'Elric dans un de ses roman), avant de partir chercher la cité mythique de Tanelorn. Notez que ce cycle, et ce dernier tome en particulier, servent de conclusion à tout le cycle du Multivers. Du coup j'aurai commencé par la conclusion :/ Je pense que j’y reviendrai après avoir lues les aventure de Corum et d'Erekosë

J'ai beaucoup aimé ce cycle, ça partait dans tous les sens et c'était un peu n'imp, un peu expérimental, mais on sens une volonté de Moorcock de mettre de lui-même dans ces bouquins. Les héros sont avant tout en quête de justice, et gardent un peu tous (en tout cas à cette époque) un coté adolescent idéaliste (Moorcock n'a pas trente ans quand il finit les aventures d'Hawkmoon, et restera toute sa vie anarchiste) qui moi me plait beaucoup. C'est pas toujours très fin, mais souvent inspirant.

547
The Michael Moorcock Collection

Pour la plupart des volumes que j'ai/compte prendre, ce sera la version "Michael Moorcock Collection", alors je vais faire une présentation de l'édition. Il y a eu deux tentatives de publier tout l'œuvre moorcockienne en un ensemble cohérent, la première nommée "Tale of the Eternal Champion" dans les années 90, et la seconde entre 2013 et 2015 par Gollancz. C'est de cette dernière, The Michael Moorcock Collection, dont je parlerai. Elle est dirigée par John Davey, et contient près d'une trentaine de volumes, tout de même.

Les couvertures sont... particulières. Elles sont tout d'une couleur unie, avec une illustration dans un cercle de trois ou quatre centimètres de diamètre, et d'autre disque de la couleurs de la couv avec différents niveaux de clarté. (un exemple pour palier à mex explication peu claires : https://d1w7fb2mkkr3kw.cloudfront.net/assets/images/book/lrg/9780/5751/9780575113091.jpg) Du coup, on a une illuss sur genre un dixième de la couv. C'est un peu ridicule. Il y a un effet "couverture usée" ajouté sur les bords, mais bon ce sont les mêmes effets de brulure ou de pliure à chaque fois. Au final, on a quelque chose de relativement sobre (ce que je trouve plutôt agréable) et l'aspect "million de sphères" rend bien pour le Multivers de Moorcock, mais ces images minuscule aurait pu être, je pense, agrandie. Ça fait mal au yeux d'essayer de les observer plus en détail.

La reliure est solide, mais la pellicule de la couverture part très vite sur les bords (au bout d'environ 300 pages de lecture pour moi, sans lire ou transporter le livre dans des conditions hors normes) , ce qui peut être assez désagréable si on aime les livre qui conservent un aspect à peu près neuf après une première lecture. Moi, j'aime bien les bouquins usés.

Chaque volume contient une introduction à la collection par John Clute, et une autre par Michael Moorcock, toujours les mêmes. Peuvent être intéressantes pour remettre chaque volume dans son contexte.

Maintenant, revenons au bouquins en eux-même.

548
The Moonbeam Roads

La trilogie des "Routes de Rayons de Lune" comprend :
-Daughter of dreams, initialement paru sous le nom The Dreamthief's Daughter en 2001
-Destiny's Brother, initialement paru sous le nom The Skrayling Tree en 2003
-Son of the Wolf, initialement paru sous le nom The White Wolf's Son en 2005

Seul le premier roman est paru en France, sous le titre de La Fille de la Voleuse de Rêve aux éditions L'Atalante. Les ventes n'ont peut-être pas suffi à justifier la traduction du reste. Notons que les deux volumes suivant n'ont pas été publiés en Granbretanne avant 2013, donc peut-être était-ce un problème de droit ? La décision de le présenter comme une roman "Von Bek" se justifie, Ulric étant au moins sinon plus le protagoniste qu'Elric d'une part, et d'autre part l'Atalante rééditait alors le cycle Von Bek originel. Mais le présenter comme part de la série des Elric n'aurait sûrement pas endommager les ventes. D'ailleurs le titre de l'omnibus est Elric: The Moonbeam Roads.

Les romans ont tous été chroniqués sur le même site ousque vous êtes maintenant à l'instant même, et ont tous reçu la note élogieuse de 9/10, donnée par Gillossen (http://www.elbakin.net/fantasy/roman/cycle/la-fille-de-la-voleuse-de-reves-62).

Sans être aussi enthousiaste, j'ai beaucoup appréciée ma lecture (qui commence à dater, et j'ai oublié maints détails, surtout que les romans sont assez denses).

Difficile de résumé le tout, surtout que les trois volumes sont relativement indépendants. Disons que le premier se passe pendant la seconde guerre mondiale, le second dans l’Amérique du Nord précolombienne (lieu d'origine des Melnibonéens, si si), et le troisième entre Mirenburg, la Cité des Étoiles d’Automne, et le monde d'Hawkmoon. La conclusion du dernier tome rejoint celle du cycle d'Hawkmoon, ainsi que celle de The War amongst the Angels.

Je retiendrai surtout que, écrivant là le dernier roman du Multivers, Moorcock a voulu s'offrir un dernier tour de piste, et fait un clin d'œil à nombre de ses autres cycles. Si vous voulez commencez à lire Moorcock, je vous déconseille fortement ce volume, fortement référentiel. Sont ainsi mentionnés Elric, les Von Bek, Gaynor, le Graal, les Ingénieurs du Chaos, Oswald Bastable, Una Persson, Seaton Begg, Monsieur Zénith, Lord Renyard, Hawkmoon, Erekosë, Mirenburg, la Guerre parmi les Anges, etc. Évidemment, Moorcock rajoute encore des couches à sa (ses ?) mythologie. Je pense revenir à cette série plus tard, quand j'aurai plus amplement voyager dans le multivers et voudrai le quitter sur une conclusion satisfaisante.

Le style de MM est en tout cas très agréable à lire, maitrisé, fluide dans l'action tout en se permettant des descriptions ou des moments plus psychédéliques. Il structure intelligemment ses romans, et c'est un plaisir de lecture. Même près d'un an après ma lecture, certaines images restent.

Au final, un cycle fort sympathique, mais qui sert de conclusion à tout un univers littéraire dans lequel j'entrais tout juste.

549
Gillossen a écrit :Bienvenue !)

Merci à toi !



Je me rend compte que j'ai écrit des pavés (et des pavés probablement bourrés de faute...:sweat:), je ne sait pas précisément comment marche ce forum, mais si les modérateurs trouvent que je prend trop d'espace, n'hésitez pas à me faire signe. Après, le fil est peu usité donc je ne pense pas gêner qui que ce soit.

552
Hé bien tant mieux si mes divagations sont appréciée par certains ! On continue avec un nouveau cycle, ma lecture fantasy/s-f des vacances :

La Trilogie du Second Éther

The very nature of our dreams is changing. We have deconstructed the universe and are refusing to rebuild it. This is our madness and our glory.
Now we can again begin the true course of our explorations, without preconception or agenda.
Lobkowitz

Le cycle comprend trois livres, parus entre 1994 et 1996 : Blood: A Southern Fantasy, Fabulous Harbours et The War Amongst the Angels. Aucun des romans n'a été traduit en Français. J'ai l'édition omnibus de Gollancz de 2013 qui porte le nom général The War Amongst the Angels.

La série semble relativement obscure, même pour du Moorcock hors Elric. Elle n'est pas référencer sur ce site, et de manière générale j'ai l'impression que peu de monde sont au courant de son existence. Pourtant, si on doit croire l'interview de Michou de 2009 que vous avez traduite (http://www.elbakin.net/interview/traduction/Interview-generale-et-complete-de-Mickael-Moorcock), c'est un de ses travaux dont il est le plus content. (voir la dernière question) Et je vais joindre mon avis au sien parce que..

C'ÉTAIT TROP BIEN ! :amoureux:

Bon alors je préviens tout de suite que je comprend quand même pourquoi la trilogie est moins célébrée qu'Elric ou Corum. Le tout reste très particulier, expérimental et imparfait. Mais, malgré quelque réserves, j'ai adoré. Pour faire plus en détail, je vais parler de chacun des trois tome séparément.


Blood: A Southern Fantasy

Comment résumer ? Si le livre a bien une histoire, c'est avant tout un roman d'ambiance, celle, comme le nom l'indique, de la moiteur d'un Sud des États-Unis de fantasy. La majorité du roman se passe dans un monde parallèle dont les sources d'énergies se tarissent. Pour y pallier, les hommes ont commencé à exploiter les "Couleurs", sortes de flaques d'énergie pure. Malheureusement, ils ont fait un trou jusque dans la "Matière Source du Multivers", créant une gigantesque Fracture qui absorbe ce qui reste d'énergie dans ce monde dans la technologie régresse, faute de ressources. On a un monde donc assez original, mais qui reste par différent points typiquement moorcockien : d'abord, l'aspect "mort entropique de l'univers". Ensuite, il reprend le motif de la race dominante décadente remplacée par les autres, comme les Melnibonéens d'Elric ou les Vadhaghs de Corum (qui était eux-même des variations sur les elfes de Tolkien), mais cette fois-ci, ce sont les Blanc ! On se retrouve dans une atmosphère sudiste où le racisme est cette fois dirigée contre les whiteys, la race qui a conduit le monde à la ruine, qui parlent leur patois, un mélange de Français, d'Espagnol et d'Anglais, avec un zeste d'Allemand et une grammaire branlante. On y suit Jack Karaquazian, Colinda Dovero et Sam Oakenhurst, des jugadors, joueurs professionnels spécialisés dans un mélange entre le poker et une version très poussée des jeux vidéo Civilization, qu'ils simulent (les jeux électronique ne marchant plus, sauf au Terminal Café, à la périphérie immédiate de la Fracture) à l'aide de bulles de gaz dans des bouteilles...

L'aspect foutraque et imprécis de cette description n'est pas (seulement) de mon fait : Moorcock joue tout dans la suggestion, amenant petit à petit différent aspect de son monde bigarré, et chargeant son lectorat de reconstituer l'image globale. Si on préfère les univers détaillés, expliqués et décrits en long et en large, je doute qu'on y trouve son content. En revanche, si on aime les description qui laissent de la place pour l'imagination de la lectrice ou du lecteur, c'est ici fait d'une main de maître. L'auteur trouve la juste mesure pour avoir un univers cohérent tout en enflammant l'imagination de quelques phrases bien placées. Et quel univers ! Mon résumé, qui déjà semble partir dans tous les sens, reste bien incomplet. (Par exemple, la Nouvelle Orléans est sous la coupe de mafieux sado-masochistes obsédés des modifications corporelles qui font régner l'ordre par des robots avides de chair humaine..)

Et ce n'est pas tout ! Le roman est divisé en quatre parties (dont la dernière est très largement la plus longue), entrecoupées par de courts extraits de "Corsaires du Second Éther", roman-feuilleton pulp, quasi incompréhensible, racontant la lutte sans fin des Ingénieurs du Chaos contre la Singularité dans le Second Éther.
Alone, Captain Billy-Bob Begg has tested the million roads, and imprinted herself with a map of the multiverse only she will ever be able to read. She is the greatest of the so-called CHAOS ENGINEERS who, using the principles of self-similarity, pilot their peculiar craft up and down the scales. They call this process 'folding', a kind of blossoming movement wich enables their ships to progress in as series of 'folds' in wich they 'lock scale' with a number of proscribed multiversal levels.

Qu'est-ce que le Second Éther ? Et bien... ce n'est jamais vraiment expliqué, encore une fois. Mais cela semble être l'ensemble du multivers, considéré comme un espace fractal, dans lequel des vaisseaux spatiaux sautent d'un univers à l'autre, mais le tout est, à la lecture, ressentis plus que compris. Le combat entre les Ingénieurs du Chaos et la Singularité est encore un combat entre l'Ordre et le Chaos, comme souvent chez MM, mais cette fois-ci, contrairement aux aventures d'Elric ou de Corum, ce sont les agents de la Loi qui prennent le rôle des "méchants". Les Ingénieurs du Chaos ont touts des noms improbables, leurs vaisseaux semi-organiques encore plus (ma préférence ira toujours au Now The Clouds Have Meaning), et luttent contre la Singularité, qui rejette tout diversité et veut imposer son uniformité sur tout le Second Éther.
The slogan of the wild-eyed Chaos Engineers, who cruise the Second Ether for adventure, curiosity and massive profit, is 'Ride With The Tide', while the Voice of the opponents bellows for ever that 'The Singularity Must Hold: One Refuses To Fold'.

Les deux histoire convergeront à la fin, après que Rose Von Bek, mi-femme mi-plante, aura emmené Jack et Sam participer au Zeitjuego, l'éternel Jeu du Temps, mélange de jeu de rôle, de black jack, de mathématiques et de commedia dell'arte, dont les répercussions métaphysique se ressentent dans chaque plan du multivers.

Voilà, en gros.

Et c'était génial. Moorcock est au sommet de son art, son écriture sobre et mélancolique, puissante et suggestive, les personnages travaillés, complexes. Le roman n'est pas pour tout le monde, je pense, mais original, et intéressant à de multiples points de vues.

Ho, et à la fin...
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(pour contrebalancer tout de même cette avis dithyrambique, je me dois de préciser que je ne suis pas un lecteur extrêmement accompli, peut-être que mon appréciation aurait été mitigé en ayant lu plus de fiction de ce style qui mixe tous les genres de l'imaginaire ("new weird", "slipstream" ?), et a sans doute été favorisée en étant mon point d'entré dans ce monde littéraire)

NB : Ce roman est très indépendant du reste du méta-cycle du multivers (le reste de la trilogie le sera moins) tout en s'y insérant sans problème, ce qui est assez agréable.


(mais quel énorme pavé, désolé c'est indigeste quelle horreur)

553
Et c'est reparti.

Fabulous Harbour

Ce volume est différent des deux autres, en cela qu'il s'agit d'un recueil de nouvelles. Il y en a neuf, la pluparts publiées entre 1993 et 1995, sauf une publié à l'origine en 1966 (dans un magazine de soft porn édité par Michael Moorcock... oui il a fait pas mal d'alimentaire) ainsi que quelques textes ajoutés pour le recueil.

L'ensemble est assez agréable à lire, mais dépend évidemment de chaque nouvelle. Les textes sont assez variés, allant de la fantasy à la littérature blanche en passant par le récit de detective pulp, montrant l'étendu du talent de Moorcock. La grande majorité d'entre eux se passe dans un univers parallèle semblable au notre, mais est a slightly better world, I suspect, than our own, comme dit dans l'introduction. Ce monde, dans lequel se déroulera aussi la majorité de The War Amongst The Angels, est peuplé de plus de surnaturel et de merveilleux, et certains événements se sont déroulé d'une façon subtilement différente. (par exemple, la seconde guerre mondiale s'est poursuivit après 1945)

Quatre des nouvelles ont pour protagonistes Seaton Begg et Monsieur Zénith (c -à-d une autre version d'Elric), parmi lesquelles j'ai particulièrement aimée No Ordinary Christian

Parmi les autres, on notera particulièrement The Black Blade Summoning, une histoire d'Elric, The Enigma Windows, une nouvelles de Jerry Cornelius, et surtout Lunching wth the Antichrist. Ce dernier texte raconte la relation entre un narrateur non nommé, mais qui fait penser à Moorcock, et un prêtre anarchiste défroqué, jusqu'à la mort de ce dernier, sous la forme de déjeuners partagés régulièrement. Ici, la narration prend son temps pour décrire avec talent et force détails Londres, et en particulier Sporting Club Square, lieu ayant un lien très fort avec la famille Begg/Von Bek, ainsi que leur évolution avec le passage du temps. À la fin de cette nouvelles presque pastorale, on se surprend à éprouver de la nostalgie pour la disparition de lieux qui, évidemment, n'ont jamais exister. Ajouter à cela le récit de la vie d'un homme engagé, ses espoirs, ses échecs, et c'est un plaisir de lecture. (d’ailleurs c'est, si je ne me trompe pas, la seule nouvelle de l'ensemble à avoir été traduite en Français, dans le recueil Déjeuners d'affaire avec l'Antéchrist)

Au final, ce second volume part dans pas mal de direction, mais s'incorpore très bien entre les deux romans. On se familiarise avec certains concepts ou personnage qui joueront un rôle par la suite, et bien que les nouvelles soit différentes les unes des autres, on ne ressent pas à la lecture d'incohérence à leur présence dans ce recueil.

De plus, certains détails présent dans une des nouvelles prennent un sens nouveau dans l'ensemble de la trilogie. (un exemple qu j'aime bien : la zone inexpliquée de "Brume Lavande" dans The White Pirate, qui semble être le résultat du passage des navire de la Singularité, ma ce n'est pas expliqué, l'auteur nous laisse interpréter ou non)

554
The War Amongst The Angels

C'est très spécial.

Le sous-titre en est : "An Autobiographical Story". Ainsi, au début du roman, le narrateur, à la première personne, nous raconte sa naissance, pendant le Blitz londonien (ce qui est bien le cas de Moorcock), puis en continuant on s’aperçoit de plus en plus d'incohérences, le récit devient de plus en plus fantastique, jusqu'à ce qu'au bout d'une quinzaine de pages, on nous dise que nous ne lisions pas l’autobiographie de Michael Moorcock, mais celle de Rose Moorcock, Comtesse von Bek, qui pour écrire utilisera souvent comme prête-nom son cousin exilé au États-Unis... Michael Moorcock.

Le roman est encore plus dispersé que ce qui le précédait. On a l’impression de lire plusieurs textes simultanément, le narrateur change entre deux chapitres, puis dans un même chapitre, puis on lit les récit des exploits des bandits de grands chemins dans l'Angleterre du XVIIIème siècle, non attendez c'est le milieu du XXème, puis Michael (non, Rose) revient sur sa carrière de scénariste de bande dessinée de western dans les années 50, et ainsi de suite. La diégèse ne finit jamais pas se fixer, on reste toujours dans le brouillard. Certains personnages sont réincarnés et revivent leur morts à intervalle régulier depuis plusieurs siècle. Certaines fois on rencontrent plusieurs incarnations d'un même personnage venus d'univers différents. Rose est une femme née pendant la seconde guerre mondiale mais aussi une créature mi-humaine mi-plante, dernière rescapée d'un jardin de la taille d'une galaxie. Certaine scènes ont déja été vécues, dans un autre contexte, sont remixée. Et puis parfois on a droit à de longues séquences de narration plus tranquille, des gens qui vivent leurs vies, essayent de construire un monde meilleur, avant de partir sur les Routes de Rayons de Lune, explorer le multivers.

Et pourtant, à la lecture le tout parait cohérent. Moorcock utilise pleinement le concept de multivers, la narration et les personnages sautent continuellement d'un univers à l'autre. Encore une fois, tout est dans l'art de la suggestion. Maintenant qu'on est au fait du fonctionnement de son monde, il peint par subtiles touches, et laisse son lecteur ou sa lectrice se figurer ce qui peut bien se passer. Il maîtrise sa narration, passant fluidement d'un décor familier à l'abstraction fractale. Il suffit d'abandonner certaines préconceptions, et de se laisser porter par le récit.

Vous aurez probablement deviner, mais j'ai beaucoup aimée ma lecture :lol: Cependant, je doit préciser que selon la sensibilité du lectorat, ce que certain.es voit comme une qualité peut être rebutant. Le coté souvent flou et quasi-incompréhensible entrecoupé de séquences presque naturalistes peut certes être perçu comme passionnant, mais pas sûr que ça plaise à tout le monde. Il faut aussi préciser que les deuxièmes et troisièmes tome sont plus intégrés au reste du méta-cycle, faisant par exemple intervenir Elric, sous le forme de Zénith, ou en continuant l'histoire des Von Bek (chargés par Satan de trouver un remède à la douleur du monde), mais c'est relativement contenu, surtout en comparaison à la trilogie des Moonbeam Roads.

Je dois aussi avouer avoir été un peu déçus par la fin, les cinquante dernière page :
► Afficher le texte

Voilà, j'en ait finit avec cette trilogie aussi particulière qu’enthousiasmante. De tout ce que j'ai lu de son auteur, ça a été ma lecture préférée, mêlant fantasy et naturalisme, Elric et des cow-boys, le tout saupoudré de Mandelbrot.

Du grand Moorcock !:applau:

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Je dois dire n'avoir jamais touché aux Jerry Cornelius, à la fois car le perso ne m'intéresse pas à première vue et par peur du côté "daté".
La trilogie du second Ether, j'ai dû rater ça sur le moment et puis...

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Gillossen a écrit :Je dois dire n'avoir jamais touché aux Jerry Cornelius, à la fois car le perso ne m'intéresse pas à première vue et par peur du côté "daté".
La trilogie du second Ether, j'ai dû rater ça sur le moment et puis...

Ha il ne faut surtout pas se forcer ! Je n'aimerai pas que quelqu'un passe un mauvais moment de lecture à cause de mes "critique" :|
Jerry Cornelius, je n'ai lu pour l'instant qu'une nouvelle d'une dizaine de pages, mais compte bien m'attaquer au reste un jour. (pour info le dernier roman sorti l'a été en 2018. ça s'appelle... Pegging the President. :blink: pourquoi pas après tout)

Pour le coté "daté", c'est un peu le cas de pas mal des bouquins de Moorcock honnêtement, et je comprend que ça gêne.

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Bon ce nouveau cycle est plus de la s-f, mais je l’inclue ici pour continuer sur ma lancée, j'espère que ce n'est pas un problème.
Je passe à ma seconde lecture moorcockienne de ces vacances, finie à la rentrée :

Les Danseurs de la Fin des Temps

The cycle of our Earth was nearing its end, and the human race had at last ceased to take itself seriously.

Lu en Anglais, dans l'édition Gollancz de 2013, omnibus The Danscers at the End of Time. Le tout est disponible en Français,

Le cycle comprend :
-An Alien Heat / Une chaleur venue d'ailleurs, originalement paru en 1972.
-The Hollow Lands / Les Terres creuses, originalement paru en 1974.
-The End of All Songs / La fin de tous les chants, originalement paru en 1976.

Les trois romans racontent une seule histoire, chacun prenant la suite directe du précédent.

Mon édition contient en plus une illustration par James Cawthorn. Une seule.

Il existe un autre volume, Legends from the End of Time / Légendes de la Fin des Temps, qui apparemment raconte des histoire se déroulant entre les tomes deux et trois. La version anglaise a été étoffer au fil du temps, est un petit omnibus, alors que la française est un tome de même taille que les précédents. Je ne l'ai pas lu.

Alors, qu'est-ce que ça raconte ?

C'est l'histoire de Jherek Carnelian, un habitant de la Fin des Temps, époque dont les autochtones ont été rendus tout-puissants par la technologie, et forment une société qui ne connait aucun souci d'aucune sorte. Ils ignorent tout de la faim, des besoins, ou de la moralité, et vainquent l'ennui dans une succession de jeux, de soirées et de projets loufoques. Mais l'équilibre est rompu quand surgit, arrivée tout droit du XIXème siècle, Mrs Amelia Underwood, dont Jherek décide, dans son génie créatif toujours à même de surprendre ses contemporain, de tomber amoureux...

Et bien c'était fort sympathique ! :)

C'est une série très théâtrale, beaucoup de scène sont sous forme de dialogue et le tout marche grâce aux personnages. Tous ont un personnalité bien posée, entre les hédoniste de la Fin des Temps, la très chrétienne Mrs Underwood et ses contemporains, ou les voyageurs d'autres planètes. L'auteur n'a plus qu'à les mettre dans des situations abracadabrantesque pour qu'on s'amuse. Parfois, il suffira juste de les faire parler entre eux, et s'ensuivent d'intéressantes conversation entre les points de vue opposés. En effet, les romans vont parfois aller au-delà du simple divertissement, confrontant les à-priori qu'ont les protagonistes, où leurs incompréhensions, même si ça ne devient jamais lourd. Le tout est très drôle, j'ai souvent eu le sourire aux lèvres, et même ris quelques fois. Le style est également très agréable.

Le cycle est également une romance, entre l'amoral Jherek Carnelian, et Amelia Underwood, bourgeoise anglaise de l'époque edouardienne. Moi qui ne lis jamais de romances, j'ai adoré celle-ci ! Les protagonistes sont tous deux attachant, on comprend leur amour, et c'est un délice de les voir évoluer au contact de l'autre, Jherek apprenant d'autres sensations que la joie de vivre béate, et Amelia remettant en question ses préjugés, et essayant de s'adapter au style de vie épicurien de la Fin des Temps. Ils vont aussi douter, hésiter, s'éloigner, se rapprocher... c'était pipou tout plein.

L’aspect science-fiction est très léger, tout fonctionne au "ta gueule c'est de la science". Il y a de nombreux voyages dans le temps, et beaucoup de "pendant ce temps, en 1898...":P On sens que le focus est avant tout sur les personnages, et les idée que Moorcock veut aborder. Les voyages temporels permettent néanmoins de faire le lien avec le multivers, en faisant apparaître des personnages d'autres séries.

Vers la fin, j'ai senti une certaine lassitude, et aurait apprécier un troisième tome plus court.

Au final, malgré quelques longueur, on a une série plaisante, drôle tout en sachant garder des thématiques intéressantes et des moments sérieux, centrée sur une romance toute mignonne. Cool.

"The infinite universe is just that, Yusharisp. It is all a playground. To 'take it seriously' is to demean it"

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Merci pour ces résumés !

Je n'ai jamais lu aucun Moorcock et je me demandais justement si ça n'était pas trop tard pour moi étant donné mon parcours de lecture déjà installé. J'ai effectivement un peu peur du côté "daté" de l'écriture, mais ce n'est qu'une supposition de ma part.

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Je suis dans le même cas que Guigzs j'ai peur d'un style d'écriture daté, manichéen et trop Sword and Sorcery (J'entends par la un style trop porte monstre Trésor). J'en ai déjà lu avec Conan et John Carter de Mars (oui je les ai tous lu...) même si ils ont chacun leur originalité. Mais j'ai peur que là ça arrive vraiment trop tard.