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Corum
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Elric
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J'avais, jeune adolescent, préféré lors de mes lectures, Corum Jhaleen Irsei aux autres héros de Moorcock. Le cycle d'Elric était... particulièrement inégal, avec des tomes de bien piètre qualité. Le cycle de Corum ne m'avait pas non plus semblé être une franche réussite, notamment à cause de cette simplicité de l'intrigue. La mélancolie inhérente au prince à la robe écarlate m'avait toutefois touché et reste en ma mémoire deux décennies après.

Re: Le Champion Eternel

602
Breakfast in the Ruins: A Novel of Inhumanity

Roman publié en 1972, traduit en français sous le nom La Défonce Glogauer. (qui sonne bien, mais ne correspond pas vraiment au roman)

Moorcock revient sur le personnage de Karl Glogauer, le protagoniste de Voici l'homme. Ici, Karl est un londonien introverti, qui fait la rencontre d'un nigérian avec qui il va passer une nuit. Pendant cette nuit, il a des visions / hallucinations de ce que sa vie aurait pu être à différentes période de l'histoire.

Chaque chapitre, à part le premier et le dernier, sont composés de quatre parties : un extrait de journal ou livre de l'époque où se passe la vie alternative ; un passage dans le présent (de 1971) entre Karl et son amant ; le cœur du chapitre, un moment dans la vie d'un Karl Glogauer d'une autre époque ; une section "what would you do?" qui présentent un "dilemme moral" au lecteur.

Le centre du roman est donc vraiment les vies alternatives de Karl. DIx-sept différentes sont présentées, la première pendant la commune de Paris et la dernière dans des années 90 apocalyptiques. On y suis la vie d'un personnage nommé Karl Glogauer, juif d'origine germanique, sept ans dans la première histoire et de plus en plus vieux, jusqu'à avoir la vingtaine. À chaque fois, il se trouve à un moment différent de l'Histoire, mais peut être pauvre ou riche, victime ou bourreau. Comme le roman est souvent classé en SF, puisque Moorcock est un écrivain d'imaginaire, ces visions peuvent être interprétées comme des vies dans d'autres plans du multivers, mais en réalité rien n'indique ça et on peut les considérer comme des hallucination ou fantasmes du protagoniste (pour la page wikipédia ce sont "his fantasies of the past and lives that he could have led"). À l'exception de la dernière qui se passe 20 ans dans le futur (de 1971, soit des année 90 apocalyptiques), rien n'est vraiment science-fictionnel dans le roman.

Si Breakfast in the Ruins a le même personnage principal que Behold the Man, il ne sont pas une suite l'un de l'autre. L'auteur traite Karl Glogauer comme un personnage-type, avec un personnalité qui reste sensiblement la même dans chaque incarnation, mais modifiée par les événements vécus. Cette méthode (qui a ses qualités et ses défauts) de piocher parmi une bibliothèque de personnages est à mon sens ce qui distingue la manière qu'a Moorcock de fabriquer son multivers des autres.

Ici, le résultat est intéressant en ce qu'il montre que la "même personne" peut tenir tous les rôles dans l'Histoire suivant les circonstance dans lesquelles elle se trouve. Le roman, me semble-t-il, a un point de vue matérialiste sur l'Histoire. Cependant, il ne dit pas non plus que chacun est uniquement déterminer par ses origines sociales. Karl est un personnage un peu lâche et souvent égoïste. C'est sa peur et parfois son manque d'empathie qui le guideront dans ses vies. Un thème assez présent est la manière dont les grands mouvements et les grandes idéologies influencent les vies des petites gens, et celle dont la lâcheté et l'égoïsme permettent aux pires atrocités de prendre place.

Les courtes sections "what would you do?" ("que feriez-vous ?") à la fin de chaque chapitre renforcent ce thème, en mettant le lecteur devant des décisions difficiles. Cependant, on peut noter que tous ces dilemmes sont présenté du point de vue d'un homme blanc, avec un certain niveau d'agentivité dans les situation proposée. Le résultat fait parfois très "jeu vidéo". Le procédé reste intéressant, je trouve.

Malgré tout ça, je ne suis pas sûr que le résultat soit un très bon livre... en dehors d'un chapitre qui dure près d'un trentaine de pages, chaque histoire est très courte. Le roman présente la situation de Glogauer à un point précis de sa vie et de l'Histoire, puis c'est fini et on passe à l'énonciation d'une autre configuration. De plus, il n'y a pas vraiment de liant entre toutes ces histoire. Aucun sentiment de progression, juste une suite de vies possibles. Comme souvent chez Moorcock, on a une idée très intéressante, mais une exécution qui tombe un peu à plat. (le roman reste bien écrit)

Re: Le Champion Eternel

604
Elric

Je ne vais pas faire de critique, parce que la plupart de mes lectures remontent à plusieurs années d’une part (même si je viens de lire les deux derniers en préparation de la lecture du nouveau) et aussi parce que… ben c’est Elric. De très loin la création la plus connue de Moorcock et un classique de la fantasy. Si vous ne l’avez pas encore lu et souhaitez vous y mettre, attention ! la série est à lire dans son ordre de publication, et pas dans le sens de la chronologie interne. Donc : Elric le nécromancien ; L’épée noire ; Stombringer ; La sorcière dormante ; Elric des dragons ; Le Navigateur sur les mers du destin ; La forteresse de la perle ; La revanche de la Rose.

Les trois premiers volumes représentent le cycle original des aventures de l’albinos… à la fin de laquelle il meurt. Le problème pour l’auteur étant qu’Elric est depuis sa première apparition très populaire. Pour lui écrire de nouvelles aventures, il a donc inséré ces dernière dans la chronologie établie, ce qui au fils du temps créera de nombreuse incohérence et « retcon », surtout que Moorcock a fait évoluer le background de son monde et rajoutera des connexions au multivers qui ne marchent pas forcément. Enfin, on ne resta pas toute sa vie la même personne qu’on était à 22 ans, âge auquel Moorcock créa Elric et donc son regard sur ce dernier changera au fil de sa vie. Les incohérences ne choquent pas (ou plutôt pas trop) si on lit la saga comme un auteur qui revient à sa création 10, 20, ou 50 ans après, mais si on lit La revanche de la Rose puis qu’on enchaîne sur L’épée noire, c’est alors pratiquement deux Elric différents, empereurs de deux Melniboné différentes, aux aventures écrites par deux Moorcock différents.

La saga est vraiment centrale dans l’œuvre (en tout cas l’œuvre fantasy) de son auteur, et parcours plusieurs périodes : le pulp des débuts, l’introduction du multivers, puis les romans plus long, plus élaborés et réfléchis (au risque dans être un peu fastidieux).
Je conseillerai surtout les trois premiers volumes, avec leur mélancolie angoissée dans des récits pulp efficaces avec une fin épique à souhait. Garder en tête que ça date du début des années 60. Ça a plutôt bien vieillie… mais ça a vieillie.

Re: Le Champion Eternel

605
The citadel of forgotten myths

Tout nouveau tout chaud ! (décembre de l’année dernière en fait)

Ce livre est un fix-up formé de trois nouvelles écrite en 2008- 2010. Le premier chapitre How Elric pursued his weird into the far world a originellement été publié dans Swords and Dark Magic en 2010 sous le nom de Red Pearls: An Elric Story, le second How Elric discovered an unpleasant kinship dans Weird Tales 349: 85th Anniversary Issue en 2009 avec comme nom Black Petals et le dernier In wich our heroes discover a lost past est inédit mais était précédemment appellé White steel (comme dans cette interview ), et a été écrite dans la même période. Évidemment elles ont été retravailler pour (essayer d’)en faire un récit cohérent. Les deux premières font environ 50 pages chacune et la dernière un peu plus de 200.

À la lecture de la deuxième partie je me suis vite aperçu que l’histoire me donnait une impression de déjà-vu… c’est parce que si la nouvelle Black Petals n’a pas réellement été publiée en français, elle a été adaptée en roman par Fabrice Colin dans Les Buveurs d'âmes en 2011.

Dans ce roman, situé chronologiquement juste avant qu’Elric s’établisse définitivement avec Zarozinia, il part avec Tristelune dans le « monde du dessus » (the World Above), atteint en allant par-delà le bord du monde et où il espère retrouver trace des origines de son peuple, pour « settle his questions once and for all ».

J’ai abandonné. :pleure: Il me reste une centaine de pages et je n’arrive pas à trouver la motivation (j’ai commencer ma lecture en même temps que j’ai publier mon précédent message, il y a… quatre mois. Ce qui fait long pour un roman de 300 pages, même en lisant d'autre choses entre-temps). Ce n’est juste pas très intéressant. Moorcock ne semble plus avoir quoi que ce soit à raconter avec Elric. La chronologie, à la fois celle de l’albinos et celle de Melniboné est rendue encore plus confuse pour aucune raison.

L’aspect fix-up se ressent. Par exemple, Black Petal, je suppose et comme sa version roman, se passe juste après la destruction de Melniboné par Elric et les pirates. Mais ici l’intrigue est déplacée beaucoup plus loin dans la chronologie, ce qui rend plusieurs aspects absurdes. Plus loin, Elric recroise un des personnages de cette nouvelle Dyvim Marluc et s’étonne qu’il ait passé le bord du monde… ce qui n’a plus de sens puisque dans la version de Black Petals inclut dans le roman, celle-ci se passe dans le « monde du dessus ».

D’autre moments rendent la lecture confuse, l’histoire melnibonéenne ayant changé cinq ou six fois de puis le début de la série rend toute révélation absconde, les personnages principaux n’ont aucune évolution intéressant… j’ai vraiment du mal à dire du bien de ce bouquin. Je ne le recommande pas, il a pour moi les même aspects négatifs des dernières histoires d’Elric, en pire. Je suis vraiment déçu. :(



Autre actualité, Moorcock a aussi publié en juin The Woods of Arcady, second volume de sa série semi autobiographique The Sanctuary of the White Friars. Le premier, The Whispering Swarm, a paru en 2015 et la série devrait en conter trois. J'ai plus d'espoir pour cette série et reste motivé pour continuer à lire l’œuvre de Moorcock.

Re: Le Champion Eternel

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Gillossen a écrit : ven. 23 févr. 2024 14:08 Eh bien, sachez que le roman est déjà en arrêt de commercialisation, pour un problème de droits, entre l'éditeur et l'auteur.
J'ai bien fait de l'acheter, ça me fait un collector. :o
L'info vient d'où, car on peut l'acheter en ligne sans souci ?
En tout cas, il est marqué dispo chez une célèbre enseigne.

Re: Le Champion Eternel

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Gilles Dumay a écrit : lun. 26 févr. 2024 17:34
Gillossen a écrit : ven. 23 févr. 2024 14:08 Eh bien, sachez que le roman est déjà en arrêt de commercialisation, pour un problème de droits, entre l'éditeur et l'auteur.
J'ai bien fait de l'acheter, ça me fait un collector. :o
L'info vient d'où, car on peut l'acheter en ligne sans souci ?
En tout cas, il est marqué dispo chez une célèbre enseigne.
De plusieurs libraires, dont un qui m'a cité l'un de tes confrères de l'Atalante justement. ;)
Et Linda Moorcock a posté un message en ligne pour protester contre cette réédition en affirmant que l'éditeur n'avait plus les droits.