Et voilà une revue de
Rage of Bahamut : Genesis, une série qui a eu son succès critique en 2014 et qui propose une fantasy intéressante.
Cette série diffusé en 2014 lors de la saison d'automne est tirée d'un jeu de carte à collectionner online Japonais du même nom. C'est un "anime publicitaire", dont le but est de faire encore plus connaître le support original. Support original qui est pratiqué par 10-12 millions de joueurs par jour sur mobile et rapporte de millions de dollars grâce à un logique de micro-paiements (la même que pour Magic the gathering, Hearthstone, etc....).Pour donner une idée de la direction artistique, et attire le chaland pour cette revue, voilà le
terrible Cerbère, version Rage of Bahamut :
Donc, la genèse de cette série flaire bon l'escroquerie "artistique", la chose faîte pour faire vendre une application pour smartphone. Tout les démons du marketing de l'entertainment auraient copulé dans une bacchanale décomplexée pour enfanter Rage of Bahamut : Genesis. Cependant, l'être humain d'expérience, qui a plus de culture que de cynisme, pourrait voir les signes d'une œuvre potentiellement "intéressante".
First: Les ayant-droits de Rage of Bahamut sont plein aux as, genre nouveaux riches de l'internet moderne. De ceux qui balancent grave la monnaie pour se faire des plaisirs. Et l'animation japonaise, qui marche en général en "mode survie", à tendance à se lâcher avec une sorte d'exaltation artistique quand on lui file des moyens. C'est pas le cinéma français, quoi.
Secondo: c'est MAPPA le studio qui gère l'animation, des transfuges du légendaire studio Madhouse. Des gens dotés d'un savoir-faire de classe élite et qui manient avec virtuosité des influences divers.
Drittens: Y a pas de scénario dans un jeu de carte. Surtout un bazar en ligne. Donc les artistes de MAPPA ont eu les coudés franches. Et puis, pas de risques de prise de tête sur la fidélité par rapport à l’œuvre originale.Bon, alors, cela donne quoi ? Alors voilà: Des anges, des démons, des dieux grecs, des dieux nordiques, un canard qui parle, Jeanne d'arc qui défonce des géants de 15 mètres de haut, un chevalier déchu, une fillette-zombie, des monstres géants, un roi incompétent, du flamenco, un roublard anti-héros, un dragon façon "grand ancien"... Bref, les gens de MAPPA ont dû se dire: "on va prendre tout le bordel fantasy des occidentaux, plus d'autres trucs qui nous font marrer chez eux (la religion chrétienne, les westerns, les pirates) et on va y aller second degré en roue libre. Mais on va faire cela avec respect. Avec de la bonne musique, de bons doubleurs et des belles chorégraphies de danse et de combat." Dès les premiers épisodes, ce qui accroche le peuple, c'est la mise en scène rythmée et la dynamique entre les personnages. Y a pas d'exposition de l'univers avec ces peuples, ces factions, les machinations, de comment marche la magie, de pourquoi tel personnage est comme ci-comme ça... C'est une narration mythologique. Il y a des personnages archétypes identifiables en 5 minutes, ils se rencontrent. Puis ils se retrouvent dans une galère qu'ils ne comprennent pas. En plus, il y a des êtres qui manipulent leur destins. Et des quiproquos. Et voilà, l'histoire part sur fond de périple vers une destination où tout est sensé se résoudre.Soit-dit en passant, la caractérisation des anges et des démons est assez intéressante, c'est à dire non manichéenne. En fait, il y a une logique d'Ordre contre Chaos dans Bahamut, plus que du Bien absolu contre le Mal éternel. Les anges/dieux font de la "Realpolitik" avec pas mal de condescendance vis à vis des humains et les démons sont plutôt passionnés par leur lutte interne et prêt à s'allier à n'importe qui pour suivre leur agendas personnel. Alors, pour ceux qui ont pas compris, il vient d'y avoir une grosse référence littéraire à
Morcook.
Corum, Elric, champion éternel,etc... Hop, pour équilibrer la
balance cosmique du fanservice, une photo de Azazel version Bahamut :
Si on veut détailler cet animé sans trop déflorer, on peut dire qu'on se retrouve avec une première moitié où l'action débridée, l'humour et la direction artistique donne du plaisir brut aux spectateurs. Au milieu de cela, il y a les petits mystères, les sous-entends qui font que l'ont peut se dire qu'il y aura un déroulement scénaristique acceptable sur les 11/12 épisodes. Et là, au milieu de la série, on a droit à deux-trois épisodes un peu plus calme, un peu plus confus où arrivent les habituelles révélations précipitées pour amorcer le final. Final qui se résout de manière épique, dans une ambiance de film à grand spectacle. Limite convenu le final mais diablement efficace. En conclusion,
Rage of Bahamut : Genesis c'est le truc qu'il faut montrer à un proche qui est réfractaire à l'animation japonaise mais qui supporte Pirate des caraibes ou d'autres truc occidentaux qui se tiennent par l'ambiance et le rythme. Sinon, Wizards of the Coast peut faire un chèque à MAPPA pour une adaptation de Magic.