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Merci pour la news. Je m'étonnais de la réaction d'Estelle Faye pour le prix jeunesse quelques pages en amont disant qu'avec Stéphanie Nicot à sa tête ce qui était reproché aux Imaginales semblait impossible, cet entretien explique beaucoup de choses. Soutiens total.
Si l'enfer est ici alors autant s'en faire, si l'enfer est ici alors autant s'en faire, s'en faire un paradis. --- Shaka Ponk

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C'est édifiant.

La manière dont Stéphanie Nicot a été traitée par la ville est juste affreuse. Salaire de misère, obligation de passer en statut AE (je croyais que seules certaines compagnies véreuses avaient recours à ce genre de procédé...), et 6 mois de boulot sans contrat !

Mais quelle municipalité faut-il être pour imposer ça à une personne dont l'événement culturel rentre en plus dans ses objectifs ?

ça m'échappe complétement, je suis vraiment choqué. Tout mon soutien à Stéphanie.

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Les évènements tels que racontés ici sont en effet lamentables et désespérants. Je suis curieux de savoir quelle est la communication officielle de la mairie et sa version. En tout cas s'ils envisagent sérieusement de migrer à Rennes, ce sera avec plaisir. Il y a assez peu de chance que la ville bascule vers une vision aussi réactionnaire.
D'ailleurs cela m'a permis de découvrir l'existence de ce nouveau festival rennais... comment ai-je pu louper cela...

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Attention les amis, si l'inélégance et le manque de reconnaissance pour l'apport de S.Nicot toutes ses années est manifeste, beaucoup de personnes proches du "dossier" pourraient reprocher à l'intéressée de tordre la réalité à son seul avantage la faisant passer que pour une victime alors que la situation est un peu plus complexe. La situation actuelle du festival est aussi de sa responsabilité. Et dire "le festival, c'est moi" c'est réducteur, injuste pour tous les autres acteurs, et la meilleure façon de tuer tout héritage et continuité pour cette manifestation. Pour la plupart des gens du milieu et le grand public, désolé, les imas c'est Epinal avant d'être S.Nicot. Et après 20 années, je trouve plutôt sain que du changement soit initié (quel autre festival d'envergure garde aujourd'hui plus de 6 ou 7 ans une même direction artistique ?), c'est juste lamentable que cela se fasse dans ces conditions d'un côté, et que de l'autre l'on se réfugie derrière l'affaire Marsan et la question des visibilités queers pour régler ce qui est avant tout des luttes d'ego. À qui la faute ? Je crois que les tords sont plus partagés que cela, et que le milieu ne devrait pas se contenter d'un seul son de cloche de part et d'autre des parties avant de prendre fait et cause pour l'un ou l'autre. Inutile d'en rajouter. Notre communauté se grandirait en gardant la tête froide tout en étant attentif aux dérives éventuelles de telle ou telle manifestation. Laissons sa chance à Epinal de rebondir, soyons reconnaissants à S.Nicot pour tout ce qu'elle a fait en lui souhaitant elle-aussi de nouveaux beaux projets, et gardons nous de tout discours partisan ou peu fondé.

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K. a écrit :En tout cas s'ils envisagent sérieusement de migrer à Rennes, ce sera avec plaisir. Il y a assez peu de chance que la ville bascule vers une vision aussi réactionnaire.

Laissons Rennes trouver sa propre voie, non ? ;-)

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@Thom, j'aimerais bien avoir tes sources (voire savoir qui est derrière le pseudo). Parce que je suis dans les coulisses de l'événement depuis 20 ans (j'étais dans la room party des Utopiales quand Stéphanie a révélé, autour de proches collaborateurs : "je monte un festival dans l'est, je vous en donne le nom sous le sceau du secret"), j'ai accompagné les auteurs anglophones depuis le début (dont certains noms impressionnants), j'ai été le secrétaire du prix Imaginales à sa création et j'en passe : je peux dire que si Stéphanie a évidemment bénéficié de la logistique et du rayonnement de la municipalité, ainsi que du soutien des équipes de la ville (c'est très difficile de monter quelque chose de cette envergure en France sans adossement institutionnel), elle a entièrement apporté le concept, l'a construit de bout en bout en s'entourant des compétences adaptées (animation, modération, interprétariat) et surtout a su fédérer avec doigté tous les imaginaires possibles autour d'elle d'une manière que peu de personnes parviennent à réaliser en France.

Elle est l'âme du festival. Il n'y a qu'à voir la masse de soutiens en sa faveur qui s'expriment déjà. Et alors que la ville (qui ne connaissait pas les littératures de l'imaginaire avant les Imaginales) tient un discours vague, Stéphanie apporte tout le long de son entretien à ActuSF des faits précis, chiffrés, et vérifiables.

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@Lionel. Bonjour Lionel, je suis thomas, on se connaît tous les deux, j'ai été le monteur du podcast d'Elbakin, j'ai participé à tes formations, on se croise régulièrement dans le milieu et suis un grand fan de ton travail. Que Stéphanie a incarné le festival, et l'a porté sur les fonds baptismaux, c'est une réalité, et nous lui devons tous énormément pour cela, je ne le remets pas en cause. Je déplore juste qu'il n'y ait pas eu les conditions d'un dialogue entre elle et le festival pour faire évoluer son rôle et laisser venir de nouvelles idées (personnes ?) ces dernières années. Et d'après mes échanges avec des bénévoles d'Epinal, et des membres de maison d'édition de mes contacts, voilà de nombreuses années que la situation s'est figée et ne pouvait aboutir qu'à ce clash. C'est comme dans un couple, lorsqu'on en arrive là , il y a rarement qu'un seul responsable. Et je dis juste que nous aurions moins à perdre, en tant que communauté, à souligner certes la brutalité de son éviction, la soutenir pour ses prochains projets et se réjouir de la voir rebondir ailleurs, sans pour autant reprendre aveuglément ses arguments et participer à une shit Storm incontrôlable qui n'aura que comme seule victime le festival. Tuer ce rendez-vous de mai serait vraiment du gâchis. Je reproche juste à Stéphanie, tout en comprenant bien pourquoi elle agit ainsi, c'est humain, de laisser le bébé partir avec l'eau du bain, si je puis me permettre. Pour continuer à filer (les perles ?) la métaphore, elle a donné la vie à quelque chose de très chouette, elle a essayé de le protéger, peut-être trop, et de probablement le garder trop longtemps à son image... Il faut faire confiance (sans s'aveugler non plus) à son grand ado ! ;-)

Quand à la municipalité d'Epinal, ils se sont tirés une belle balle dans le pied, et j'espère vraiment qu'ils vont trouver une personne (équipe ?) de qualité pour les sortir de là. Non pour eux, mais pour les auteurs et le grand public qui y perdraient vraiment.

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Ce qui aurait pu être quelque chose de sain (changement de direction pour apporter un souffle nouveau ou autre, même si le festival est très bien comme cela) est réalisé de manière complètement sordide et brutale. Donc il est normal que le milieu soit choqué et réagisse en conséquence.
Memento mori

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Je suis simple lectrice, je n'ai jamais été à Épinal et je ne connais rien au monde de l'édition.

Plus que l'éviction de Mme Nicot, je suis choquée par le fait qu'on lui impose d'avoir le statut d'auto entrepreneur. Son travail n'est pas de l'entrepreneuriat mais bien une mission mandatée par la ville d'Épinal. A ce titre, elle aurait dû avoir un contrat de travail en bonne et due forme.

Je pense que Mme Nicot aurait dû dès le départ refuser ce statut et claquer la porte. Comme tous les intervenants du festival à qui ont l'impose. Si tout le monde refusait cela, la mairie serait bien obligée de proposer des contrats de travail normaux.

Sinon, je cherche à comprendre le rapport entre l'islam et un festival sur les littératures de l'imaginaire....

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Thom Carabass a écrit :Et je dis juste que nous aurions moins à perdre, en tant que communauté, à souligner certes la brutalité de son éviction, la soutenir pour ses prochains projets et se réjouir de la voir rebondir ailleurs, sans pour autant reprendre aveuglément ses arguments et participer à une shit Storm incontrôlable qui n'aura que comme seule victime le festival. Tuer ce rendez-vous de mai serait vraiment du gâchis. Je reproche juste à Stéphanie, tout en comprenant bien pourquoi elle agit ainsi, c'est humain, de laisser le bébé partir avec l'eau du bain, si je puis me permettre. Pour continuer à filer (les perles ?) la métaphore, elle a donné la vie à quelque chose de très chouette, elle a essayé de le protéger, peut-être trop, et de probablement le garder trop longtemps à son image... Il faut faire confiance (sans s'aveugler non plus) à son grand ado ! ;-)

Le truc, c'est qu'il y a autre chose à prendre en compte en plus de l'éviction de Stéphanie Nicot et de la façon dont elle a été traitée : la direction que prend le festival. Et c'est pour ça je pense qu'il ne suffit pas de souhaiter le meilleur à Mme Nicot et de soutenir ces nouvelles Imaginales d'un autre côté. Tu as raison, le festival va bien au-delà d'elle. Le souci, c'est que d'après ce qu'elle a l'air de dire et qui s'est vérifié par des faits (comme cette histoire de débat sur l'islamisme ou la suppression d'une conférence sur l'égalité hommes-femmes jugée trop "polémique"), les Imaginales prennent une direction inquiétante idéologiquement parlant, et en ce sens, non, soutenir le festival n'a plus autant de sens. Le racisme, la LGBT-phobie ou le sexisme dans un festival, c'est non. Si c'est en ça qu'est en train de se transformer son bébé, Mme Nicot a bien raison de le dénoncer !

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Allana a écrit :Je pense que Mme Nicot aurait dû dès le départ refuser ce statut et claquer la porte. Comme tous les intervenants du festival à qui ont l'impose. Si tout le monde refusait cela, la mairie serait bien obligée de proposer des contrats de travail normaux.

En tant que paladin ninja biclassé, je confesse avoir eu une pensée, comme à chaque fois, devant l'expression "bons et loyaux services".
je décompose ça et je vois un serviteur loyal bon qui acceptera l'inacceptable, ou l'insoutenable, pour le greater good (et j'ai de la pratique en la matière), ce qui témoigne d'une chose :

la situation, d'un point de vue de l'organisation et de la légalité des contrats, est défaillante depuis bien longtemps, pas seulement depuis les dernières élections.

Il y avait certainement un risque, à un moment donné, de mettre tout le festival en danger en s'opposant aux décideurs institutionnels (il y a des gens qui n'ont besoin que d'un téléphone et d'une signature pour interdire sa tenue).

S'opposer frontalement, c'est dangereux pour son poste, pour ses collègues (le chantage sur les postes précaires, ça existe aussi), surtout s'il n'y a pas de moyen de pression assez puissant pour faire valoir son point de vue.

Menacer de quitter le navire si les signalements ne sont pas traités, c'est laisser le gouvernail aux mains de qui voudra en prendre les commandes, ce n'est pas pour rien si tout n'avait pas été dit avant.

(et je vous rappelle que les persos loyal bon ont des malus automatiques, c'est pas si facile)

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Merci Thom pour la précision de qui tu es ????

Je ne partage pas ta lecture de la situation, et je suis même très surpris des retours que tu as, qui sont inverses à ceux que j'ai eus auprès de sources comparables. Je ne vois pas en quoi la situation peut s'être "figée" sachant que Stéphanie a toujours au contraire fait grandir et évoluer le festival jusqu'à un record de fréquentations et ventes en 2022 ; j'ai pour ma part été (et je n'ai pas été le seul) source de propositions en interne qui ont toujours abouti quand il y avait les fonds et les compétences adaptées pour monter les projets. Oui, le festival a tout à fait évolué en vingt ans, même encore récemment.

Et même à supposer, dans l'absolu, qu'un changement de direction était souhaité en haut lieu (dans l'absolu, admettons), la correction et le professionnalisme dictent qu'on ne signe pas un contrat deux mois avant une manifestation, ni qu'on ne verse les fonds deux jours après le début de celle-ci, ni qu'on ne limoge la personne pour ainsi dire par voie de presse (la ville affirmait encore publiquement "son entière confiance" à Stéphanie avant le festival). On s'abstient de faire des tables rondes sur l'Islam radical dans un festival d'imaginaire, etc, etc. Bref, il y a des façons harmonieuses de préparer des transitions, et clairement, la ville ne l'a pas souhaité ici : elle a tiré un énorme coup de canon dans son propre navire. Dans le cas qui nous occupe ici, laisser entendre que la première personne à subir l'explosion, Stéphanie, en est responsable, est à la fois incorrect et quelque peu grossier. Si tu tiens à prendre l'analogie du couple, quand une relation devient abusive, son échec n'est pas la faute des deux parties, mais d'une seule.

Je souscris bien davantage à la lecture de @Foradan qui entrevoit les difficultés à naviguer dans de telles eaux.

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Foradan a écrit :Il y avait certainement un risque, à un moment donné, de mettre tout le festival en danger en s'opposant aux décideurs institutionnels (il y a des gens qui n'ont besoin que d'un téléphone et d'une signature pour interdire sa tenue).

S'opposer frontalement, c'est dangereux pour son poste, pour ses collègues (le chantage sur les postes précaires, ça existe aussi), surtout s'il n'y a pas de moyen de pression assez puissant pour faire valoir son point de vue.

Menacer de quitter le navire si les signalements ne sont pas traités, c'est laisser le gouvernail aux mains de qui voudra en prendre les commandes, ce n'est pas pour rien si tout n'avait pas été dit avant.

Sincèrement, je suis pratiquement tombée de ma chaise en lisant cela.

Si refus de statut AE, chantage aux emplois ? Mais on est où là ? Je suis désolée c'est totalement inadmissible ! Comment en arrive t-on là ?

Mme Nicot ne pouvait-elle pas être aidée par des juristes ou des avocats ? N'y a t-il aucun moyen d'obtenir un contrat de travail dans les règles pour tous ? Parce que là c'est clairement la mairie qui s'en met plein les poches !

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Pour moi rien que le traitement que la ville a réservé à Stéphanie Nicot justifie amplement l'indignation du milieu.

Et tout cela a été de plus incroyablement appuyé par l'interview complètement lunaire de Stéphane Wieser qui ne cite même pas une seule fois Stéphanie Nicot durant tout son entretien !

Comme le dit Lionel, il y a art et manière de se séparer en bons termes. Que Stéphanie déballe son sac n'est qu'une conséquence de ce qu'elle a subi durant trop longtemps.

Et je ne peux décemment pas souhaiter quoi que ce soit de positif désormais aux prochaines Imaginales à venir. Comment dès lors que l'on est au courant de tout ça, revenir à Epinal dans le futur sans forcément penser à tout cela ?
Pour moi ça a complétement empoisonné son propre cours d'eau.

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Hello,
c'est bien triste comme situation, mes premières imaginales c'était en 2003, aucune chance qu'il sorte quelque chose d'interessant de ce qui se déroule aujourd'hui.
Deux trois réfléxions, la mairie est nouvelle et cherche a poser sa marque, ça se traduit souvent par des nettoyage en interne. D'autant qu'on parle d'une mairie et d'un maire de droite, d'une petite ville... donc la littérature de l'imaginaire, des gars déguisés et d'autres bodypaintés... il y a défaut de vision et d'approche.

Ensuite, un petit fonctionnaire incompétent arrivé trop haut par hasard, véxé par des critiques légitimes, qui cherche a se faire bien voir du monde politique local. Il est très implanté dans ce milieu entre Nancy et Epinal.

Enfin, l'appel d'offre témoigne de l'improvisation de la manoeuvre. Ils n'ont pas de plan B. Lancer un AF en juin-juillet pour un évènement en mai de l'année suivante, surtout avec une dotation si faible. Autant dire que l'édition 2023 va être bien pauvre... si il y a une édition !

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Et la lettre des Dix "Coups de coeur" des Imaginales, envoyée début juin au Maire d'Epinal, est enfin en ligne :

https://www.actusf.com/detail-d-un-article/imaginales-lettre-ouverte-de-l%C3%A9quipe-des-coups-de-coeur-%C3%A0-la-mairie-depinal?fbclid=IwAR2WSO757uK1TDLXyGbvJopPEgy_-ffagaiWqzbdzbesfHtORvFieLvnuB4

Signataires : Estelle Faye (oubliée provisoirement dans l'article), Jean-Philippe Jaworski, Lionel Davoust, Charlotte Bousquet, Jean-Laurent Del Socorro, David Bry, Floriane Soulas, Victor Dixen, Aurélie Wellenstein et votre serviteur (Stefan Platteau).