Les Amants du Ragnarök

ISBN : 978-222650302-2
Catégorie : Aucune
Auteur/Autrice : Jean-Laurent Del Socorro

“Temps des haches, temps des épées, Les boucliers sont fendus, Temps des tempêtes, temps des loups, Avant que le monde s’effondre ; Personne N’épargnera personne.” 
Le Ragnarök approche. L’hiver, long de de trois ans, touche à sa terrible conclusion. Thor, fils d’Odin, a eu une vision : celle de sa mort prochaine. Parce qu’elle refuse de s’y résoudre, son épouse, la géante Iarnsaxa, entreprend la plus périlleuse des quêtes, dans un monde où la mort et la vie se confondent désormais.
Elle se joint à Jórunn, une scalde aveugle en route vers la Valhalle pour faire ses adieux à son amante tuée lors d’une des batailles qui font rage dans les royaumes humains. Ensemble, la géante et la musicienne n’auront d’autre choix que d’affronter le Ragnarök. 

Critique

Par Erkekjetter, le 25/04/2025

Librement inspiré de la mythologie nordique, Les Amants du Ragnarök fait partie d’une trilogie liée par la thématique mais dont les romans sont indépendants. 
Ce récit au présent, narré à la première personne, alterne trois points de vue : ceux de deux amantes séparées par la mort, respectivement scalde et guerrière, et celui de la géante Iarnsaxa, qui craint de perdre Thor, son compagnon, lequel a rêvé de sa mort prochaine. Il est donc globalement question d’amour, de perte et de deuil, le tout sur fond de fin du monde. Car au-delà des drames personnels auxquels sont confrontés nos personnages principaux, l’ombre du Ragnarök s’étend peu à peu sur le monde. L’auteur fait d’ailleurs un parallèle intéressant entre la montée du christianisme, qui marque une avancée décisive au début du roman, et l’avènement du Ragnarök, prophétisé de longue date et que de nombreux signes annoncent. 
Si les thématiques pourraient appeler à une histoire larmoyante, ce n’est pas dans cette direction qu’est allé Del Socorro. Les ressentis des personnages, leur souffrance, sont pourtant abordés et mis en mots, mais avec une certaine retenue, sans verser dans le pathos. L’ouvrage étant dédicacé à la défunte épouse de l’auteur, le propos prend une dimension très personnelle qui donne une force singulière au récit.
Les personnages masculins, souvent des dieux, ne se dessinent pas seulement dans une outrance surhumaine. Ils présentent des creux, des failles qui ne sont pas étrangères au commun des mortels. Il sera ainsi question du rôle de père, des rivalités au sein d’une fratrie, des liens familiaux en général, avec leurs difficultés inhérentes. Les personnages féminins sont pour leur part campés par des personnalités affirmées. Les trois héroïnes, ébranlées en profondeur, offrent trois nuances de résilience, mais aussi une palette de doutes et d’attitudes face une perte fondamentale. 
Les quêtes personnelles s’entremêlent, et leurs ramifications se fondent dans la résolution de la quête « universelle », celle qui concerne le Ragnarök. Il est question à la fois d’une réponse individuelle à une fin intime et d’une réponse commune face au sort annoncé du monde tel qu’il existait jusque-là. Le roman, plutôt court, se lit assez vite. On y retrouve le style de l’auteur, sans fioritures excessives, et des extraits de poèmes et chants historiques, parfaitement intégrés à la trame du roman. Et comme l’appelle la dimension mythique du texte, c’est une fin épique qui vient conclure la narration. 

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