Sean Russell conclut l'aventure de la famille Shonto et du moine Shuyun dans l'empire de Wa, qui vient d'apprendre la confirmation d'une invasion barbare imminente à ses frontières.
Autant le premier tome était parfois un peu lent, autant celui-ci enchaîne les habiles rebondissements et les révélations fracassantes sur fond d'affrontement guerrier contre les barbares et politique contre l'empereur. Le destin de la famille Shonto est admirablement raconté, sans verser dans les excès, et la fin de l'histoire reste aussi intriguante que surprenante.
Le style lyrique de Sean Russell permet de donner plus d'emphase à ses héros et nous plonge dans cette ambiance poétique orientale qui contribue beaucoup au dépaysement du lecteur.
Les défauts sont globalement les mêmes que le tome un avec des héros trop parfaits pour pouvoir réellement les apprécier et partager leur fardeau. De plus, même si le rythme du récit est beaucoup plus alerte, Russell ne parvient pas complètement à éviter les écueils des longueurs, certes peu nombreuses, mais assez gênantes malgré tout. Enfin, les réactions de l'empereur sont assez prévisibles et finalement décevantes par rapport à l'image de grand stratège politique qu'on avait de lui au début.
Au final, ces deux tomes constituent une agréable surprise qui sort des sentiers battus en plaçant l'histoire dans un monde de magie médiéval japonais assez proche La trilogie de l'empire de R.E. Feist, bien que vu sous un angle très différent. A la différence du ton monotone du cycle du Royaume unique, ce livre est un petit bijou de lyrisme et de connaissance de la culture asiatique. Sean Russell nous montre donc ici un visage nouveau- et plus avantageux selon moi- qui permet d'accrocher à l'histoire du moine Shuyun en dépit de ses quelques défauts...
— Belgarion