De la fantasy allemande ! Voilà ce que nous propose aujourd'hui cette nouveauté de L'Atalante, après une BD en 2005 chez Paquet, basée sur le même univers, et plus précisément, sur ce roman, tout simplement.
Si l'auteur se réclame de Tolkien ou Lovecraft, on pense plus volontiers à Moorcock avec un Von Bek light, voire au Wielstadt de Pierre Pevel. Car si le cadre et même le récit se font volontiers sombres, il n'en demeure pas moins que l'on retrouve parfois une certaine candeur, de la part de l'auteur comme de son personnage principal. Plus qu'un Elric, on a parfois l'impression de croiser un Tristelune qui ferait route en solitaire, et diablement efficace à l'épée...
Diablement... Wolfgang Hohlhein nous entraîne au coeur d'une époque troublée, à l'ombre de la Transylvanie, un monde où la magie inquiète et fait peur, où le Malin est rapidement accusé d'être présent un peu partout (chez les nobles comme dans une sordide taverne), une Europe de l'Est comme plongée dans un crépuscule qui ne veut pas se lever, où les menaces s'amassent, à commencer par les Turcs, qui ne sont ici qu'un élément du décor, mais que l'on imagine prendre de l'importance par la suite.
Car suite, il y aura, évidemment. Les tomes ne manquent pas en langue originale, et la fin de ce tome est des plus ouvertes. En moins de 300 pages, le lecteur se voit catapulté à la suite d'Andrej et de l'étrange Frédéric, un petit garçon dont on soupçonne bien vite qu'il en sait plus que ce qu'il veut bien dire. Et sur ce plan, il faut avouer que l'on devine souvent ce qu'il va advenir, ou bien encore les secrets que notre héros se garde d'admettre dans un premier temps.
Ce qui n'empêche pas quelques scènes fortes, même si donc ce n'est pas le point principal que l'on retiendra côté qualités. Car s'il n'y a à proprement parler rien de bien nouveau sous le soleil voilé de la Roumanie - sur le fond s'entend -, ce premier tome devrait plaire sans conteste aux amateurs d'épéistes solitaires, de cadre ténébreux et peu exploité, avec même un soupçon de feuilleton. A ce titre, les intrigues mêlant politique et religieux ne sont ainsi pas particulièrement développé, et nous avons droit à un début d'histoire d'amour tout ce qu'il y a de plus fleur bleue si ce n'est une pointe d'érotisme. En tout cas, sans appuyer à fond là où ça pourrait faire mal.
Mais le but du roman est ailleurs, avec l'aventure avant tout.
— Gillossen