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His Dark Materials, saison 1 : le bilan !
Par Zakath, le lundi 23 décembre 2019 à 11:00:29
Porter les romans de Philip Pullman à l’écran n’avait, jusqu’à présent, pas été un franc succès.
En 2006 et 2007, la BBC avait adapté pour deux téléfilms un brin languissants la moitié de la tétralogie Sally Lockhart. Durant la même période, New Line et Chris Weitz avaient proposé sur grand écran La Boussole d’Or, premier volet de l’adaptation d’À la Croisée des Mondes, dont on espérait qu’elle puisse rivaliser avec celle du Seigneur des Anneaux sortie quelques années plus tôt avec le succès que l’on sait. Hélas, malgré une direction artistique luxueuse et une distribution qui l’était tout autant, le film n’arrivait pas à décoller et la conclusion, sauvagement remontée, s’achevait sur une note d’espoir en décalage total avec celle du premier tome.
Entre la déception d’une bonne partie du public et des résultats au box-office qui n’étaient pas à la hauteur des espérances, on en était resté là.
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Le bilan
Le scénariste Jack Thorne et la compagnie de production Bad Wolf ont néanmoins décidé de se colleter à leur tour au défi d’adapter la trilogie, cette fois-ci par le biais d’une série télévisée, d’abord pour la BBC avant qu’HBO et en France OCS ne se joignent à sa diffusion.
Huit épisodes pour Les Royaumes du Nord, voilà qui promettait en tout cas de pouvoir bien développer l’univers de Pullman. L’assurance très tôt d’une saison 2, déjà en tournage, annonçait au moins que l’on ne resterait pas coincé au même stade que le film. De plus, Jack Thorne partait avec un avantage sur les scénaristes d’Harry Potter ou de Game of Thrones, une œuvre achevée, et quelques livres dérivés pour compléter les connaissances sur certains personnages et avoir une bonne vision d’ensemble.
Cela lui permet de faire des choix intéressants, et ce dès le deuxième épisode en dévoilant, au travers du personnage de Lord Boreal (antagoniste tout juste nommé dans le premier tome qui prend de l’importance dans le suivant), qu’on ne suivra pas seulement les aventures de Lyra (interprétée par Dafne Keene, remarquée dans Logan de James Mangold) dans un monde imaginaire mais que l’on en visitera plusieurs, dont le nôtre, d’où est issu Will (Amir Wilson), protagoniste important mais qui n’apparaissait pas dans le volume inaugural.
Celui-ci se concentrait presque totalement sur Lyra mais la série prend également des libertés en montrant davantage ce qui se passe en son absence. Outre les incursions de Boreal dans notre monde, on suit les manœuvres du Magisterium et les relations conflictuelles entre cette institution autoritaire et Mrs Coulter (Ruth Wilson). Cette dernière, plus présente que dans le livre, peut paraître plus humaine par moment mais ne perd pas de son aspect inquiétant et dangereux. Il en va d’ailleurs de même pour Lord Asriel (James McAvoy), certes moins froid vis-à-vis de Lyra que dans le roman mais tout aussi jusqu’au-boutiste. La direction artistique est plus brute et moins jolie que dans le film mais adaptée et parfois plus fidèle à l’esprit du livre (comme la différence d’armure entre Iorek et Iofur).
La distribution est dans l’ensemble réussie, bien que dans certains cas elle demande un petit temps d’adaptation tel qu’avec Lee Scoresby, joué par Lin-Manuel Miranda, bien plus jeune et, eh bien, moins Lee Van Cleef, que son incarnation écrite mais qui convainc néanmoins, surtout grâce à une bonne alchimie avec les autres personnages, en particulier son Daemon, Hester.
Puisque l’on parle des Daemons, le moment est venu d’évoquer les points faibles de cette saison, car il y en a, hélas. Les Daemons, donc, sont forts bien faits (tout comme les Ours, Iorek est splendide)… quand on les voit. En effet, si les épisodes bénéficient d’un budget confortable pour une série de la BBC, ce dernier n’est pas non plus pharaonique et trop souvent, surtout dans les premiers épisodes, dans les scènes nécessitant des figurants, les Daemons inséparables des êtres humains dans l’univers de Lyra (point de l’histoire capital) sont tristement invisibles. On tente par moment de pallier à ce problème en montrant des personnages aux Daemons de taille réduite comme des scarabées mais l’impression de vide est trop présente pour ne pas en être gêné par moment.
Les contraintes de budget sont parfois intelligemment contournées (les grosses scènes d’action comme le combat des ours se focalisent sur Lyra à travers laquelle on en perçoit la brutalité de la bataille sans avoir à trop en montrer) mais on les sent tout de même un peu trop. Autre problème plus ou moins bien géré : Dafne Keen ne peut tenir les mêmes horaires que les adultes, et l’intrigue se centre donc moins sur Lyra que le roman, comme cela a été évoqué plus haut. Si cela conduit à des idées payantes (introduire plus tôt Will et ainsi ne pas lui consacrer toute l’ouverture de la saison 2 en remontant chronologiquement en arrière, développement de Mrs Coulter…), par moment, cela casse aussi le rythme, interrompant une scène pleine de tension pour aller voir ce qui se passe ailleurs. Le rythme est d’ailleurs assez inégal, et il faut vraiment attendre l’arrivée de Lyra et ses compagnons dans le grand Nord pour que l’histoire prenne pleinement son envol.
La première saison rassure sur la volonté de ne pas édulcorer le propos des livres (le passage à Bolvangar est inquiétant à souhait, le final ne contourne pas et ne repousse pas le sort d’un certain personnage comme a cherché à le faire le film), bénéficie d’un casting solide et d’un scénariste qui manifestement sait où il va et a une bonne maîtrise de l’univers, mais le résultat est donc perfectible : HBO s’étant associée à la BBC pour la production de la deuxième saison, et plus seulement pour la diffusion, on peut supposer qu’il y aura moins d’arrangements à faire avec les limites budgétaires. De plus, les présentations avec Will ayant déjà été faites, on devrait également entrer plus rapidement dans le vif du sujet, d’autant qu’on gagne en ampleur d’un tome à l’autre.
Cette nouvelle tentative d’adaptation s’avère donc nettement plus réussie que la précédente, mais possède tout de même quelques défauts difficiles à ignorer, dont on peut cependant espérer qu’ils seront moins présents par la suite.
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