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Réflexions sur le succès des écrivains

Par Palinka, le vendredi 30 mai 2008 à 08:47:55

LE Modesitt JrL'écrivain L. E. Modesitt Jr. était interviewé dernièrement sur SF Crownest. L'occasion pour lui de nous livrer ses réflexions sur ce qui fait qu'un auteur a du succès... ou pas.

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Réflexions sur le succès des écrivains

Jim Baen et Eric Flint, ainsi que d’autres éditeurs et auteurs de fiction, ont tous deux déclaré que chaque auteur et chaque éditeur est en compétition pour obtenir le budget bière et cinéma des lecteurs. Même si ce n’est pas toujours littéralement exact, ce qu’ils sous-entendent n’est que trop vrai. Un auteur de fiction qui a du succès doit laisser penser à ses lecteurs que leur temps et leur argent ont été bien dépensés.
C’est assez évident, mais existe-t-il une seule formule, grande et splendide pour réussir à atteindre ce but ? Pas exactement, parce qu’il y a autant de sortes d’auteurs à succès qu’il y a de sortes de lecteurs qui veulent dépenser de l’argent dans des livres. Ainsi, il existe toute une gamme d’auteurs, allant de ceux qui produisent ce que l’on peut très généreusement décrire comme du divertissement sans réflexion à ceux qui écrivent des livres tellement tordus et complexes que c’est souvent le seul livre qu’ils publient dans leur vie.
Il y a des années, un célèbre magazine d’information publiait un classement des livres les plus vendeurs, accompagné de flèches rouges ou vertes. Les flèches rouges pointaient vers le bas et les vertes vers le haut, et elles représentaient l’avis général de plusieurs critiques. Ce que je trouvais intéressant, c’est que la grande majorité des livres les plus vendeurs obtenaient presque systématiquement des flèches rouges après le titre. Même si j’avais tendance à être d’accord avec les flèches, mes perceptions n’étaient certainement pas à chaque fois en accord avec celles des critiques.
Ces derniers temps, pour une raison ou une autre, j’ai tendance à être encore plus en désaccord avec les critiques fantasy et SF qu’il y a vingt ans, et même alors, je n’étais pas si souvent d’accord avec eux. Cela pourrait me valoir d’être étiqueté comme un vieux grincheux, et quelqu’un qui l’était avant même d’être assez vieux pour prétendre au titre, mais je pense que la raison en était assez simple.
C’était en rapport avec l’abandon de l’incrédulité. Je n’ai jamais eu tellement de problèmes à laisser de côté mon incrédulité à propos de possibles gadgets high-tech du futur ou même à propos de la magie – si l’auteur est logique et cohérent dans la description et l’utilisation de ces gadgets et de cette magie, mais j’ai toujours eu beaucoup de difficultés quand les auteurs créent des personnages et des sociétés qui agissent et réagissent de manière contraire à la nature fondamentale de l’être humain – et l’un des problèmes traditionnels avec la science-fiction c’est l’importance excessive accordée à la technologie, souvent en contradiction avec la manière dont les sociétés fonctionnent. Les lecteurs feront facilement et souvent remarquer que les anneaux de Dyson et autres nécessitent des jets de direction (ou peu importe), mais ils avaleront beaucoup plus facilement des systèmes économiques, sociaux, politiques qui ne pourraient jamais fonctionner, en général parce qu’ils sont trop éloignés de la nature humaine.
D’une manière générale, mon style reflète mes idées dans ce domaine et mon approche de l’écriture. Selon moi, il devrait en être ainsi, du moins pour moi. Quant aux éditeurs, c’est une autre question, que je n’aborderai pas ici.
Cela dit, les livres se vendent parce que les histoires qu’ils racontent et la manière dont elles sont racontées attirent différents types de lecteurs. Certains auteurs attirent essentiellement des lecteurs dont les goûts tombent dans des cadres bien définis. D’autres pas. Et les nouveaux auteurs peuvent être tentés de diriger leurs travaux directement vers un type de lecteur donné.
À cela, je dis Non. Surtout si vous êtes nouveau dans la profession et si vous voulez avoir une identité et rester sur le marché un moment. Je ne dis pas que certains auteurs ne sont pas bons pour cibler des marchés. Il y en a. Certains d’entre eux ont même pas mal de succès, mais ils sont beaucoup moins nombreux que l’on pourrait le croire. Pourquoi est-ce que je dis cela ? Parce que chaque travail d’écriture, quelle que soit sa longueur, révèle autant de choses sur l’auteur que l’histoire et les personnages. Si le style, la structure et les idées d’un auteur sont constamment et largement en décalage avec les histoires qu’il ou elle raconte, tôt ou tard, dans la plupart des cas, deux choses sont susceptibles de se produire. Soit l’auteur s’épuise parce qu’il ou elle se bat contre sa nature, soit les lecteurs vont s’éloigner à cause de l’opposition entre les actions et les personnages présentés et les thèmes sous-jacents contradictoires.
Et qu’en est-il de ces quelques rares auteurs qui peuvent écrire n’importe quoi et réussir ? Ils ont plus de pouvoir, mais je ne voudrais certainement pas être l’un d’eux. Pas pour un million d’années… ou de dollars, et je pense que ceux qui lisent et aiment mon travail doivent comprendre pourquoi, et pour les autres… cela n’a pas d’importance.

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