1
J'ai terminé récemment le premier tome de cet excellent roman de China Miéville (qui est assez difficilement classable, avec des aspects SF, parfois steampunk) et je suis surpris qu'aucun sujet n'y ait encore été consacré.Donc je me demandais si d'autres personnes l'avaient lu ici et ce qu'elles en avaient pensé.Pour ceux qui ne connaissent pas du tout, l'histoire se déroule dans une gigantesque cité, Nouvelle-Crobuzon, métropole industrielle aux centre de laquelle trône la gare de Perdido, décadente, corrompue, emplie d'être hybrides, depuis les Khepri, femmes à la tête d'insectes capables de créer de fabuleuses statues en modelant leur salive, jusqu'aux Recréés, criminels condamnés à voir une partie de leur corps modifiés par des bio-thaumaturges déments, en passant par les Garudas, hommes-oiseaux qui pousse le respect de la liberté des autres jusqu'à l'extrême. L'auteur fait preuve d'une très grande imagination, et s'attache à décrire minutieusement les différents quartiers que traversent les multiples personnages du roman. On peut, à cause de cela, avoir un peu de mal à rentrer dans le roman, car les premiers chapitres sont essentiellement descriptifs. Mais la vitalité de cette ville est telle qu'on brûle d'en apprendre plus.J'aurais par contre bien du mal à essayer de résumer l'histoire, vu le nombre de personnages et d'intrigues que l'on suit au cours de ce premier tome. Disons qu'il est question de recherche scientifiques et thaumaturgiques sur le vol, de créatures évadées de laboratoire capable d'effrayer les démons, de révoltes ouvrières et de sculpture du mouvement.J'ai juste un peu peur que tout se termine un peu trop vite. J'ai rarement vu un univers d'une telle richesse et je regrette que l'ensemble soit aussi court.Mise à jour :arrow: La critique de Cyrion

2
Un petit up pour ce sujet qui n'a semble-t-il pas grand succès :(Je viens de terminer le second tome, et le moins qu'on puisse dire est que je me suis pris une grande claque dans la figure. Ce roman est sans doute le meilleur que j'ai pu lire cette année.Autant le premier tome m'avait paru par moment quelque peu longuet, car l'auteur se focalisait principalement sur la description de Nouvelle-Crobuzon, sur la création d'une ambiance hétéroclite, glauque, grouillante de vie, au dépens de l'intrigue qui n'avançait que par petits bouts, autant celui-ci est placé sous le règne de l'action. Toutes les fils de l'intrigue se nouent et constituent une toile d'une cohésion et d'une finesse impressionnante. Les gorgones, créatures dantesques évadées des laboratoires les plus secrets du gouvernement corrompu de la cité, sont des êtres terribles, quasiment indestructibles, dont les ailes sont à même d'hypnotiser presque toutes créatures douées de conscience, tandis qu'elles aspirent l'inconscient de leurs victimes, ne laissant qu'une coquille hébétée sur leur passage. Pire encore, elles exhudent des effluves psychiques si abominables que les habitants de la cité entière ne peuvent plus dormir sans sombrer dans le cauchemar.Face à tout cela, le gouvernement tout comme les organisations criminelles qui tiennent le haut du pavé sont quasiment sans défense, contraints de recourir aux créatures les plus étranges et les plus contreversées de cet univers. A ce sujet, les descriptions de la rencontre avec la Fileuse ou de la découverte des Mainmises, sont particulièrement réussies.Et, au milieu de tout ça, Isaac, génial dilettante, Derkhan, journaliste révolutionnaire et Yagharek, celui dont on a coupé les ailes pour un crime dont on ignorera longtemps tout, tente d'échapper aux puissances qui les poursuivent tout en cherchant un moyen de détruire les gorgones.L'ensemble est d'une rare richesse. Les personnages (en particulier Yagharek) sont très précisément détaillés. L'auteur évite vraiment tout manichéisme -- les héros seront contraints de faire quelques entorses sévères à la morale en cours de route, le gouvernement, aussi corrompu soit-il, lutte tout de même contre la menace que représentent les gorgones, et même celles-ci ne sont pas réellement maléfiques : ce sont des animaux, gouvernées par leur pulsions, capables de détruire toute espèce vivante dans leur recherche de nourriture, mais en-même temps dépourvues de véritables intentions maléfiques. La fin elle-même est particulièrement réussie, évitant un happy-end trop facile tout en offrant quelques lueurs d'espoir. Il y a bien quelques défauts, principalement dus au fait que l'ensemble est un peu trop court pour exploiter toutes les subtilités de l'univers : on peut regretter que la bio-thaumaturgie n'ait pas plus d'influence sur l'histoire, tout comme le peuple des Enfers. De même, on peut trouver que l'histoire met beaucoup trop de temps à se mettre réellement en route.Mais franchement, si vous en avez l'occasion, lisez ce petit chef-d'oeuvre, vous ne le regretterez pas.

4
Merci pour la critique Cyrion ! :)Visiblement, ce livre t'a fait grande impression, personnellement, en lisant ton message j'avais été un peu rebuté par l'aspect visiblement trop technologique et moderne de ce monde à mon goût, j'ai peur que ça se rapproche un peu trop des problématiques et de l'ambiance SF pour me plaire :rolleyes: On ne se refait pas...mais vu la qualité dont tu parles, je ne doute pas que ce livre trouvera ses fans, et certains surement par ici! ;)Thys

5
Belle critique Cyrion! un univers fascinant à forte connotation SF... je tends l'oreille :rolleyes: , et comme un seul avis ne me suffit jamais, je parcours le net au sujet de ces bouquins :sifflote: ... et mazette! que des critiques élogieuses :P... à noter sur les tablettes donc! :)

6
Merci pour la critique ;) Diablement tentant, et ça à l'air d'être du tout bon, ou presque. Je pense que je vais juste attendre d'alléger la liste avant de m'y attaquer, mais c'est noté! :)

7
Et bien, tout d'abord merci à Gillo pour m'avoir permis de faire une critique pour le site :)Thys : même si une partie des problèmatiques du roman sont clairement liées à la SF (entre autre l'émergence d'une forme d'intelligence artificielle ou la 'théorie des champs unifiées' qui y est présentée -- très éloignées de la version de la communauté scientifique actuelle), beaucoup d'entre elles sont communes à la plupart des ouvrages de fantasy que l'on peut lire par ailleurs (lutte contre un gouvernement totalitaire, coexistence de races très différentes, etc...)Mirsky et Anarion : franchement, je pense que vous ne regretterez pas cette lecture. A noter que l'ouvrage a entre autre reçu le British Fantasy Award et le Arthur C. Clarck... vraiment à la frontière des genres.

8
Merci de ces précisions sur cet ouvrage visiblement difficilement "classable" (ce qui n'est peut-être pas plus mal remarquez... :rolleyes: ), mais je ne suis toujours pas très convaincue, même si certaines problématiques se retrouvent, je dois bien avouer qu'elles me parlent plus en fantasy qu'en SF...ceci dit, j'attends quand même avec impatience les avis de Mirsky et d'Anarion! :)Thys

9
Merci pour cette critique Cyrion. :) Mais comme Thys, je trouve que ça a un arrière goût SF un peu trop prononcé pour moi... :rolleyes: Et oui, il faut bien faire des choix (ou plutôt des non-choix) de temps en temps... ;)

10
Et bien moi ce roman me tente bien, justement parce que depuis quelque temps j'ai envie de lorgner un petit peu vers la SF :) sans bien sûr renier mon premier amour la fantasy ;) Il faut dire que Cyrion sait se faire convaincant quand il fait la promo d'un livre :P Je ne garantie pas que je le lirai rapidement les partiels se profilant dangereusement ... :( ....mais Perdido Street Station est en en haut de ma liste ! Sinon, j'ai une petite question. L'histoire prend-elle fin avec le 2eme tome ? S'agit-il d'un unique roman coupé en 2 par l'édition française ou d'un cycle encore non achevé ? D'après ce que j'ai lu des critiques de Cyrion il me semble que la première solution est la bonne mais j'ai un doute :unsure:

11
Il s'agit bien d'un unique roman coupé en deux. C'est assez malheureux vu la richesse de l'univers, mais ça permet en contrepartie d'avoir une oeuvre dense et particulièrement bien construite.Bon courage pour les partiels en espérant que ça te permette de vite revenir aux choses sérieuses :P

12
UP! :) Je n'ai pas encore tout à fait fini le premier tome, mais j'avais envie de déjà réagir (bien que j'attende généralement d'avoir fini un livre/cycle), parce que comme Cyrion, à l'heure actuelle, je me suis pris une sacrée baffe! :o L'univers est vraiment très sombre, et on est rapidement étouffé et oppressé, pris à la gorge par cette ambiance, et la cité est admirablement bien décrite et vivante.Les personnages sont magnifiquement travaillés, j'adore Isaac, cool et passionné, Lin, très "humaine" dans son comportement, et Yagarek le Garuda. Les autres persos, à commencer par les acolytes d'Isaac, sont eux aussi dignes d'attention.Pour le moment, je dois dire que je ne vois pas trop vers où se dirige exactement l'histoire, mais j'aime bien ce flou dans lequel on est plongé. Quant à l'auteur, il dispose d'un style vraiment très riche, agréable, mais qui a un peu tendance à ralentir le rythme global du livre. Bref, une très bonne lecture pour le moment, à la croisée des genres, et qui apparement s'améliore au second tome. B)EDIT: j'ai fini le premier tome, et ça s'emballe sacrément! :o

13
Oui, il faut vraiment attendre la fin du premier tome pour que l'intrigue elle-même avance, mais la description de la vie de la cité et des principaux personnages est déjà suffisante pour captiver le lecteur ;)

14
Cyrion,lundi 21 février 2005, 15:06 a écrit :Oui, il faut vraiment attendre la fin du premier tome pour que l'intrigue elle-même avance
Le second tome est tout bonnement phénoménal! :o En l'état actuel des choses (je ne l'ai pas encore fini), je dois dire que ça fait du bien de voir enfin où tout cela nous mène (c'est à dire les événements du premier tome), et je trouve aussi qu'il fait plus "fantasy" que le premier tome. En tout cas, je suis impatient de voir ce qui va arriver à nos protagonistes, et voir si les gorgones n'ont pas de points faibles pour pouvoir les vaincreJe repasserai donner prochainement mon avis définitif :)

15
Je viens de finir le second tome, et il a m'a bluffé du début à la fin. Le récit comporte quelques moments de bravoure, comme par exemple lorsque qu'Isaac et Sadracht se trouvent au milieu du repère des Gorgones, c'est tellement malsain et vivant que ça en devient insuppotable, ou encore lorsque la Fileuse apparait, de grands envolées à chaque fois. Les persos sont poussés dans leurs derniers retranchements, et comme Cyrion l'a souligné, Mieville évite tout manichéisme, et c'est surtout vrai pour Isaac ou encore pour Yagarek. L'auteur fait de plus preuve d'une grande imagination dans le déroulement de son histoire.Mon seul regret vient peut-être du fait que Madras, et que surtout le maire et le Gouvernement ne tentent pas de régler leur compte aux héros après la mort de toutes les Gorgones, privant Madras de sa drogue, et le Gouvernement d'une arme formidable.Quant à la fin avec Yagarek, tout bonnement magnifique B)

16
Après avoir lu des avis enthousiastes sur le forum et ailleurs, je dois avouer que je suis très intrigué par ce roman en deux volumes. Le décors fantasy urbaine du 19ème siècle me tente bien et j'aime beaucoup cette absence de manichéisme qui rend les protagonistes plus incertains dans leur rôle et donne du piment à l'histoire. :) De plus, l'utilisation d'animaux fantastiques dans ce décors me paraît très étrange et original, mais l'auteur semble s'en tirer avefc les honneurs.Les gorgones soit disant invincibles m'intriguent drôlement. ;) Je vais donc rapidemment me décider à acheter ce livre et faire part de mes impressions. B)

17
Heureux de voir que ce roman t'a plu, Anarion.Pour ce qui est du destin final des personnages principaux ils ont été suffisamment abimés comme ça, que diable ! ;) Plus sérieusement, le gouvernement n'a pas forcément de raison de leur en vouloir, étant donné le role qu'ils ont joué dans l'anéantissement de la menace représentée par les gorgones. Quant à Madras, il constitue tout de meme une raison suffisante pour forcer tous ces personnages à s'exiler.Les passages avec la Fileuse sont vraiment ceux que j'ai préférés, en particulier en raison de ses réactions complètement imprévisibles par exemple avec les ciseaux

18
Cyrion,lundi 28 février 2005, 13:44 a écrit : Ils ont été suffisamment abimés comme ça, que diable ! ;) Plus sérieusement, le gouvernement n'a pas forcément de raison de leur en vouloir, étant donné le role qu'ils ont joué dans l'anéantissement de la menace représentée par les gorgones. Quant à Madras, il constitue tout de meme une raison suffisante pour forcer tous ces personnages à s'exiler.
C'est vrai, mais j'entend par là que cela fait, pour moi, et j'éxagère très fortement pour faire passer l'idée, un peu incomplet, inachevé (attention, je le répète, c'est une grosse éxagération). Cet état de fait m'est venu que les Gorgones représentaient un enjeu tellement crucial pour le Gouvernement et Madras que je trouve bizarre que leur réaction suite au massacre des Gorgones ne soient pas mis en avnt par l'auteur... et dans le même ordre d'idée, qu'advient-il de l' Intelligence Artefactielle, Isaac s'étant servi d'elle, et l'a trahi pour parvenir à ses fins, l'empechant d'avoir accès à de nouvelles connaissances. En tout les cas, ce roman fait partie de mes lectures favorites depuis mes débuts en fantasy B)

19
Il est vrai qu'un certain nombre de points restent en suspens. Mais j'aurais tendance à dire qu'aussi bien Madras que le gouvernement sont soulagés que les gorgones ne soient plus en état de nuire (ils avaient d'ailleurs décidé de les éliminer) et n'ont pas forcément envie de dépenser des ressources inutilement.Je me suis par ailleurs aperçu que China Mieville avait écrit un autre roman dans le meme univers (mais pas dans la meme cité), The Scar, qui n'est pour l'instant pas encore traduit en français.

20
Voilà, après quelque temps j'ai enfin pu terminer Perdido street station et je suis définitivement conquis! :) L'écriture leste et légèrement ironique de l'auteur est très agréable à lire, y compris dans les passages plus techniques et scientifiques, et l'ensemble forme un tout atypique qui a retenu mon attention.Quant à l'histoire elle-même elle est excessivement bien développée sous forme de pseudo enquête/poursuite de l'imporobable congrégation des renégats de la ville. Les passages où le maire Buseroux et Montjoie Saint Denis sont mis en avant comptent parmi mes préférées avec ce côté cynique et impitoyable. Les péripéties s'enchaînent (ah, la libération des gorgones ou encore l'expédition caucemardesque dans le dome qui vient mettre un point final à certains personnages principaux!) pour aboutir à un final surprenant et ingénieux qui clôt la traque de façon magistrale. Le final a une impression douce amère qui laisse sur une impression mitigée de réussite. Les descriptions hautes en couleur de la nouvelle Corbuzon et de ses quartiers, très nombreuses, permettent de mieux s'imprègner de l'atmosphère sordide du roman. Chaque quartier possède sa propre ambiance qui le caractérise au regard des autres et l'ensemble forme un entrelac de visions différentes de l'urbanisme allant des plus hideux taudis aux palaces de luxe. Pour trouver quelques bémols, j'ai regretté l'apparition trop brève des mains mises qui au final n'a pas servi à grand chose. De plus, quelques passages étaient moins palpitants que d'autres et m'ont laissé froid, ce qui selon moi rendait le livre un peu inégal. Enfin, j'ai trouvé que l'auteur s'engageait un peu trop politiquement dans son oeuvre, même si c'est son droit (et de toute façon c'est un détail ;) ). En gros, Perdido Street Station c'est du tout bon que je recommande chaudement. B)