A priori, en découvrant                                  cet ouvrage, on pourrait penser que Neil                                  Gaiman commence sérieusement à                                  tirer sur la corde de son succès. Voilà                                  rien de moins - ou rien de plus... - qu'une adaptation                                  en bande dessinée de deux nouvelles du                                  recueil Miroirs et fumées. 
 De plus, 48 pages, c'est court, même s'il                                  vaut évidemment mieux que les auteurs ne                                  cherchent pas à délayer pour mieux                                  servir le propos. Rien de neuf sur le plan du                                  scénario donc, bien que l'on note quelques                                  légers changements : l'étrange destin                                  de ce petit chat bagarreur prend une nouvelle                                  dimension en approchant de la chute de l'histoire,                                  une symbolique capable de vous donner quelques                                  frissons, tout comme regarder d'un autre oeil                                  votre propre matou. La seconde, avec son atmosphère                                  de conte aussi magique que maléfique, marque                                  et pèse moins malgré ce sentiment                                  de merveilleux teinté d'obscur, comme c'était                                  déjà le cas dans Miroirs et                                  fumées, où l'on retenait plus                                  facilement Les mystères du meurtre,                                  (déjà paru en version BD par ailleurs)                                  ou Neige, verre, et pommes, variation                                  sur le thème de Blanche Neige.
 Toutefois, une chose est sûre, difficile                                  de s'en prendre à Michael Zulli, véritable                                  artiste, qui retrouve Gaiman après une                                  expérience commune sur certains volumes                                  de Sandman (ou La Dernière Tentation). Son                                  trait sait s'adapter au sujet, et ses couleurs                                  possèdent une patine indéniable                                  qui apporte une dimension supplémentaire                                  et appréciable, tout en n'occultant pas                                  pour autant la force des mots, mais servant avant                                  tout le propos...
 Bel objet, il n'en reste pas moins cher, et d'un                                  intérêt limité pour tous ceux                                  qui ne tiennent pas les deux nouvelles originelles                                  pour du Gaiman majeur. Autant dire que ce Creatures                                  of the Night parlera avant tout aux fans                                  acharnés de l'auteur, ou aux amateurs de                                  Zulli.
                                                                                            — Gillossen