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The River has roots

Pas de couverture

Résumé

Dans la petite ville de Thistleford, non loin de la Féerie, vit la mystérieuse famille Hawthorn. C’est là qu’elle plante, soigne et taille ses arbres, des saules enchantés dont elle utilise chaque partie : les feuilles pour le thé, l’écorce pour les remèdes, le bois pour les instruments.
Personne n’est plus dévoué à ce travail que les filles Hawthorn, Esther et Ysabel, qui s’aiment autant qu’elles chérissent leurs arbres. Mais lorsque Esther rejette un prétendant insistant au profit d’un amant venu de l’énigmatique Arcadie, le lien qui unit les deux sœurs est menacé, tout comme leur vie…

Caractéristiques

Auteur(s): Amal El-Mohtar
Traducteur(s): Patrick Marcel
Type: Roman
ISBN: 9782290426982
Date de sortie: 29/10/2025
Titre original: The River has roots

Chronique

Après Les Oiseaux du temps, une novella à quatre mains avec Max Gladstone, Amal El-Mohtar signe seule cette nouvelle histoire courte, un texte dans lequel on retrouve dès les premières pages cette écriture subtile qui avait su séduire le lectorat en masse.
The River has roots s’inscrit dans un registre (encore) plus intime, mêlant ode à la nature sauvage et une certaine mélancolie propre à bien des contes. L’histoire se déroule à Thistleford, un village en bordure du monde des fées. Une rivière, la Liss, relie les deux royaumes et deux sœurs, Esther et Ysabel Hawthorn, en sont les gardiennes. Autour d’elles s’entremêlent promesses anciennes, lignées oubliées et la magie des mots, littéralement : chez El-Mohtar, le langage est un outil de guérison ou de destruction, selon la façon dont on le manie. Cette idée de "grammaire magique" traverse tout le texte - dès son introduction - et donne à la prose son rythme particulier, presque musical.
Le livre revisite la ballade des Two Sisters, bien connue du folklore britannique. Là où la chanson racontait la jalousie et la mort, l’autrice choisit la réconciliation et la transmission. Cette inversion du motif originel donne au récit une force inattendue : The River has roots n’est donc pas tant une tragédie qu'un texte sur la possibilité de reconstruire un lien brisé.
La langue est d’une grande précision, parfois presque trop travaillée, mais toujours habitée, et on peut saluer le travail de Patrick Marcel sur cette version française. L’autrice ne cherche pas à bâtir un monde, préférant en suggérer les contours : les terres de Féérie ne constituent jamais une destination évidente.
Certains lecteurs trouveront peut-être le rythme inégal, notamment au milieu du récit, mais n'est-on pas lié aux méandres changeants de la rivière ? D’autres, au contraire, apprécieront cette respiration. The River has roots appartient à cette catégorie rare de livres qui se lisent moins pour savoir ce qui va se passer que pour en apprécier leurs charmes.
Sans être un choc littéraire, la novella confirme qu’Amal El-Mohtar possède une voix singulière et que, s'il était besoin de le rappeler encore, il n'est pas nécessaire de noircir des centaines et des centaines de pages pour nous laisser une impression durable, la sensation de redécouvrir, le cœur un peu serré, un refrain qu’on n’avait plus entendu depuis l’enfance.

Gillossen

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