Il est inutile de présenter Estelle Faye, autrice aux multiples récompenses, grande voix de la littérature de l’imaginaire à la plume foisonnante. Chacun de ses livres est un peu un nouvel évènement pour le lecteur et l’idée d’un roman de fantasy historique ne peut qu’éveiller la curiosité.
Une fantasy historique dîtes-vous ? Et bien oui, vous voilà plongés dans l’Occitanie du Moyen-Âge en pleine croisade contre les Albigeois, une approche histoire très peu abordée dans la fantasy. D’un point de vue d’un « néophyte » de cette période, l’immersion historique est plutôt réussie – remettant dans le contexte d’une littérature destinée à la jeunesse. Les principaux griefs contre les Cathares et l’intervention de l’Eglise catholique sont bien amenés et servent de « fil conducteur » tout le long du roman.
L’immersion est également une franche réussite par les diverses descriptions de cette Occitanie médiévale. Accompagnant le héros du roman, nous nous imaginons parfaitement grimper les roches des Pyrénées ou bien encore de traverser la pinède en direction des cités de granit de cette région. Le roman est une invitation à découvrir cette région, presque une déclaration d’amour de l’autrice.
L’intrigue en elle-même est simple mais efficace. Nous suivons les traces de Tristan, jeune « héritier » d’un fief occitan dont l’Eglise catholique souhaite s’emparer. Son grand frère étant parti combattre l’inquisition, il voit en lui le salut du château familial et part donc en quête de son « héros ».
Une quête qui le mènera à traverser une grande partie de l’Occitanie en vivant de multiples rebondissements à la suite de sa rencontre avec Eudes, chevalier catholique descendant d’un croisé, qu’il a réussi à battre en duel lors d’une première rencontre.
La recherche de son grand frère le conduira également à quelques rencontres qui l’aideront tout au long de son périple, où certains protagonistes secondaires retiendront plus notre attention que d’autres. Plutôt que ces personnages, il faut surtout mettre en avant le personnage de Tristan : on s’y attache assez facilement – bien aidé par le duo qu’il forme avec Neya, l’autre personnage marquant du récit – et l’on aime s’interroger avec lui quant à sa place dans ce monde.
Quant au développement de l’intrigue, soulignons la maîtrise de l’ensemble, qui nous tient en haleine jusqu’au bout. Je regrette simplement quelques « pirouettes » scénaristiques un peu trop faciles – notamment vers la conclusion du récit.
L’apport d’un côté fantasy est également une belle réussite de la part de l’autrice. En se servant du folklore occitan, Estelle Faye nous enchante et nous berce – une fois de plus – avec l’envie de découvrir cette belle région de France.
L’ensemble est servi par la plume de l’autrice, toujours aussi efficace et maîtrisée avec quelques envolées littéraires de toute beauté. Le roman – malgré la menue réserve évoquée – se dévore jusqu’à la dernière page.
Sans être « l’œuvre » de l’autrice, L’héritier des fées confirme le talent de conteuse d’Estelle Faye. Ce roman de fantasy est une belle réussite qui saura attirer les envies d’en découvrir plus – aussi bien sur l’Histoire décrite que sur le voyage en Occitanie.
— Aerendhyl
