Décidément, Megan Lindholm est à la mode désormais du côté des parutions en version française ! Celles-ci se multiplient. Et le Peuple des rennes n'échappe pas à la tendance du Dernier magicien ou du Dieu dans l'ombre, autrement dit, un aspect fantasy plutôt léger, tenu, même si bien présent.
Il est avant tout question d'aventures préhistoriques, même si l'aspect chamanique du récit ne constitue pas un élément à déconsidérer. Mais au-delà du cadre, ce sont une fois de plus les personnages qui tiennent la vedette du roman. Et plus que Kerleu, aussi étrange soit-il, on retiendra plus volontiers le personnage de sa mère, et la relation trouble qui les lie tous les deux, entre ombre et lumière. Ne cherchez pas cependant une véritable dimension épique à cette histoire, de rebondissements "à la Fitz", car là n'est pas le sujet.
Le lecteur a simplement affaire à un récit d'un autre âge, c'est le cas de le dire, dans un univers pas si courant que cela en Fantasy, et exploité à l'aide d'une écriture plutôt subtile, qui ne s'égare que rarement, la faute à quelques sautes de rythme, rappelant que ce roman est originellement paru en 1988, et que la fluidité et la maîtrise de l'Assassin royal, pour n'en citer qu'un, se montrent, par moments du moins, absentes.
Toutefois, il ne faudrait pas croire découvrir là un mauvais roman ! Nous en sommes loin. Une chronique d'os et de pierre, des personnages qui se révèlent vite attachants tout autant que déconcertants, un monde hostile et sauvage, une magie originale et finement exploitée... Comme le témoignage de lointains ancêtres, du temps où des forces inconnues arpentaient encore le monde, prêtes à se déchaîner. Voilà les ingrédients d'un ouvrage à la lecture plaisante même si point essentielle...
— Gillossen