L’année 2019 en fantasy : la parole aux éditeurs

Par Gillossen, le samedi 23 février 2019 à 13:30:00

Alors que 2018 se termine à peine, quel serait votre premier bilan, à chaud ?: Nous avons vécu une période de transition chez Mü. Avec quatre titres , 2018 a été notre année la moins faste depuis la création de la maison d'édition en 2013. C'était assumé. Nous devions prendre le temps de poser nos collections et d'équilibrer notre charte graphique. Depuis deux ans maintenant, notre catalogue s'étoffe et représente de plus en plus la diversité des voix de nos sociétés. Cette pluralité, établie sans volonté consciente, nous en faisons notre force pour proposer des œuvres expérimentales tout autant que populaires.
En 2019, Mü est et restera une maison d’édition modeste et inventive, avec pour pilier une volonté et un engagement sans faille dans la défense des littératures de l’imaginaire.

A titre personnel, hors parutions, un événement vous a-t-il particulièrement marqué ou surpris au cours de cette année écoulée (un prix, un salon, etc...) dans le paysage des littératures de l'Imaginaire ?: Il y en aurait des tas, comme l'anniversaire des cinq ans de la maison d'édition à la librairie La Virevolte à Lyon en octobre dernier... mais, évidemment, une première fois est toujours particulière et reste plus que tout ancrée dans nos souvenirs.
Le 15 février 2018, nous apprenions que Moi, Peter Pan était en sélection officielle du Grand Prix de l'Imaginaire. Il nous a fallu regarder plusieurs fois la liste pour être sûrs que nous ne rêvions pas. Une joie indicible s'est alors emparée de nous. Ce texte, pour certains, nous faisions une erreur de le publier : faux recueil, faux fix-up, trop onirique, trop travaillé, trop court, pas assez long... mais nous l'avons fait et quel roman !
Michael Roch est un grand auteur, parmi les cinq à suivre avec Nicolas Cartelet pour Le Point Pop, et il nous surprendra encore cette année avec Le livre jaune qui sortira en mars (en même temps que la sortie chez FolioSF de Moi, Peter Pan).

Quelle place pour la fantasy dans votre programme 2019 ?: Elle est minime car nous ne publions quasiment jamais de Fantasy. Toutefois, en 2019, nous terminons la trilogie des Temps Assassins de Pierre Léauté. Une uchronie fantastique et historique reprenant le meilleur du roman d'aventure. Trois romans indépendants, trois personnages principaux, trois voix, trois points de vue, pour une histoire qui va vous faire traverser les époques aux côtés d'immortels dont la mystérieuse Charlotte Backson alias Milady de Winter. Inédite et ambitieuse, la trilogie, avec Parmi les vestiges, sera complète et disponible en mai prochain pour les Imaginales !

Enfin, quel sera votre plus grand défi pour cette nouvelle année ?: Il y en a deux...
Le premier, faire de 2019 l'année d'une mutation accomplie via les textes expérimentaux, parfois politiques, et populaires que nous allons publier, et la nouvelle charte graphique qui se retire définitivement de l'illustration illustrative en faisant désormais appel à des plasticiens ou graphistes. Ces nouvelles couvertures accompagneront les livres dont nous n'avons pas encore parlé comme celui de Sara Doke, L'autre moitié du ciel, d'Emmanuel Quentin, Replis, de Luce Basseterre, Le chant des Fenjicks, ou encore de Luc Akicia avec Olympus Exit.
Le second serait évidemment de voir nos auteur.trice.s qui ont publié chez nous en 2018, récompensé.e.s par un ou des prix littéraires. Nous croyons énormément en des textes comme Dernières fleurs avant la fin du monde ou Confessions d'une séancière. Nicolas Cartelet est pour nous, comme Michael Roch, un auteur à suivre, possédant un univers personnel et une plume remarquablement travaillée. Il en est de même pour Ketty Steward qui nous a proposé de revisiter les contes caribéens. Ce sont des livres à part. Quasiment inclassables. Et pourtant, l'imaginaire y côtoie une littérature d'une qualité peu commune que nous sommes heureux de défendre.

Propos recueillis et mis en forme par Emmanuel Chastellière.