Vicious
Le combat du mal contre le mal absolu.Autrefois, Eli et Victor étaient les meilleurs amis du monde. Mais cette époque est bien finie. Elle est même......
Le combat du mal contre le mal absolu.Autrefois, Eli et Victor étaient les meilleurs amis du monde. Mais cette époque est bien finie. Elle est même......
Magnéto et le Professeur X. Superman et Lex Luthor. Victor Vale et Eli Ever. Sydney et Serena Clarke. Autant de partenariats florissants qui ont fini ...
Vous êtes-vous jamais demandé, à la lecture d’un comics ou devant les films du MCU, ce que vous feriez si un accident ou une expérience scientifique vous conférait soudain des super-pouvoirs ? En profiteriez-vous pour sauver des vies ou pour braquer des banques ? Finiriez-vous dans le camp des super-héros ou dans celui des super-méchants ?
Les personnages de V.E. Schwab, eux, ne se sont pas posé longtemps la question. Après avoir (volontairement) vu la mort de près et hérité de pouvoirs dérangeants pour leur peine, Victor Vale et Eliot Cardale voient leur amitié se déliter et deviennent bientôt ce que l’on appelle, dans le jardon des comics, des ennemis jurés. Lorsque Victor finit par s’évader de prison, dix ans après sa condamnation pour meurtre, son seul objectif est de retrouver Eli, qui s’est donné pour mission de supprimer tous les EOs, et de se venger.
Première incursion de Victoria Schwab en littérature « adulte », Vicious, publié en 2014, est le roman qui a assis la notoriété de l’auteure – et avec raison. Les éléments qui font aujourd’hui sa réputation (un monde sombre, des personnages dont les nuances vont du gris très foncé au noir, un style incisif et pas vraiment de lueur au bout du tunnel) se mettent en place dès les premières pages pour créer une histoire addictive, dont les héros n’ont de super que les pouvoirs.
Fidèle à son habitude, Schwab s’approprie une fois de plus les codes et les poncifs d’un genre donné (les comics dans le cas présent) pour mieux les bousculer et transformer son diptyque en hommage sombre et pessimiste aux histoires de super-héros. L’écriture extrêmement graphique, d’une précision et d’une efficacité redoutables, sert à merveille un scénario solide, parfaitement équilibré entre action et introspection. Pour un peu, on se surprendrait à voir défiler les scènes sous forme de cases en noir et blanc…
Comme si le style minutieux et les promesses de vengeance de Victor et Eli, puis de Marcella et June dans Vengeful, ne suffisaient pas à tenir le lecteur en haleine, l’auteure opte pour une narration éclatée sur plusieurs périodes et points de vue – une chronologie décousue qui pousse à tourner les pages pour découvrir ce qu’il advient de tous les personnages, à toutes les époques. Sous la plume d’un auteur moins habile, ces va-et-vient permanents auraient pu embrouiller le fil de l’histoire ; chez Schwab, ils sont tellement bien menés que le lecteur ne s’y perd jamais.
Avec ce diptyque (pour l’instant) qui explore tous les recoins de l’amour et de l’amitié, deux sentiments jamais très loin de la haine, Victoria Schwab prouve que les super-pouvoirs ne font pas nécessairement le super-héros : lorsque l’on a ce qu’il faut d’arrogance et de matière grise, le côté obscur est bien plus attractif…