Black Clover est un shônen pur jus dont la parution a débuté en 2015 au Japon, avant d'arriver chez nous dès septembre 2016, soit il y a un peu plus de deux ans et demi désormais. Il est signé, Yūki Tabata, un mangaka qui fut notamment l'assistant de Toshiaki Iwashiro (Psyren) et de Ryuuhei Tamura (Beelzebub), ce qui à vrai dire n'étonnera pas les lecteurs quand on voit à quel genre d'humour il peut avoir recours au fil des pages de Black Clover.
Car soyons clair : malgré un certain succès pour ne pas dire un succès certain - une déclinaison en jeu vidéo, un anime qui compte déjà près de 80 épisodes, etc... - Black Clover ne révolutionne rien et ne marquera pas sans doute pas les lecteurs, qui devrait l'avoir relégué au rang de souvenir sympathique une fois que la série aura pris fin.
Mais ce qu'il fait, le manga le fait bien, et avec une indéniable sincérité, ce qui n'est pas toujours facile lorsque comme souvent dans un shônen, il est question de grands discours sur le dépassement de soi et l'amitié. Les protagonistes sont bien campés (et ce n'était pas gagné quand on songe à Asta), les rebondissements efficaces (avec un soupçon de politique et de noirceur, même si l'on est très loin de Berserk évidemment), la dimension fantasy bien dosée... En fait, on n'est jamais vraiment surpris, mais on sait d'avance en entamant un volume de Black Clover que l'on ne sera pas déçu non plus.
J'ai bien conscience que ce constat paraît un peu tiède à l'heure de se lancer dans, déjà, plus d'une dizaine de tomes. Mais ne vous laissez pas refroidir : Black Clover possède une identité propre qui le hisse tout de même au-dessus d'un lénifiant Fairy Tail, tout simplement car les personnages, principaux ou secondaires d'ailleurs, apparaissent bien plus vrais, dans leurs élans d'enthousiasme comme dans leurs doutes.
Outre son classicisme, on pourrait néanmoins admettre que le manga ne va parfois pas assez loin dans ses délires. Nul doute que les contraintes du format shônen doivent aussi jouer sur ce point. Sur le plan des dessins et de la mise en page, il est évident que Tabata n'a rien d'un paresseux, mais il est tout aussi vrai que son trait n'a rien d'exceptionnel. Cela dit, ses personnages possèdent un design pour la plupart attrayant qui compense en bonne partie cet aspect, tout comme l'anime d'ailleurs a lui aussi tendance, pour une fois, à embellir notre vision.
L'un dans l'autre, Black Clover remplit son office sans faillir. C'est un rendez-vous agréable pour les amateurs du genre, avec un petit supplément d'âme, mais sans pour autant avoir de quoi le hisser au sommet de sa catégorie, du moins, pour le moment.
— Gillossen
