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Loin des îles mauves

La Sans-Etoiles

La Sans-Etoiles

Yvanel est un Héros. Née femme, elle doit, comme ses congénères du Peuple des Bruyères, bander ses seins et cacher son identité aux yeux des Leifa – l...

La Sans-Soleil

La Sans-Soleil

Dans les Îles Mauves pousse une bruyère dont la sève agit comme une drogue sur les étrangers. Pour Yvanel et ses compagnons, le troc s'annonce simple ...

Chronique

Les Îles Mauves, qui évoquent les îles scandinaves, composent un chapelet insulaire perdu dans l’océan Boréal, où cohabitent deux peuples, les Leifa et le peuple des Bruyères. Pour certains îliens, cet univers paraît bien étriqué, d’autant plus que les conditions de vie y sont rudes et régies par des lois strictes.
Le récit est conté par Yvaria, dont la voix nous portera tout au long des deux tomes, et nous suivrons le parcours d’un groupe de jeunes insulaires, décidés à changer la donne. Le premier tome démarre assez lentement. Si cela rebutera les lecteurs qui aiment être jetés tout de suite dans l’action, cela sert ici le propos. Une ambiance particulière s’installe, et une certaine tension. Celle que ressentent ces jeunes-là. L’autrice parvient très bien à retranscrire cette impression de cul-de-sac : rester, c’est non seulement accepter de ne jamais sortir du moule, mais aussi accepter le lent déclin, inexorable. 
Puis le roman se lance et envoie nos héros se confronter à de nouvelles âpretés. Partir, oui, agir, oui, mais tout cela a un prix, difficile à mesurer tant que ce projet n’était que cela, un projet. Il y a dans ce voyage, bien sûr, une part d’initiatique. On ne peut rester inchangé quand on quitte le petit monde dans lequel on a toujours vécu.
La confrontation avec l’Ailleurs, au sens large, ne sera pas tendre avec notre petit groupe. Le premier volume aborde les débuts de cette immersion dans l’inconnu et pose la couche de terreau sur laquelle fleurira le second. Il sera question alors des changements apportés par tout ce mouvement, de leurs conséquences sur nos héros et leur peuple, mais pas seulement. La comparaison entre les Îles Mauves et l’Empire permet aussi d’amorcer diverses réflexions, qui peuvent trouver des échos chez les lecteurs.
Il est important de le noter, Chloé Chevalier aborde de nombreux thèmes à travers ce texte, sans jamais être caricaturale ou simpliste. On y trouve notamment des questionnements autour de l’écologie, de l’organisation sociale et économique, mais aussi des interrogations plus intimes, sur le sentiment de solitude, la difficulté à lâcher prise, la notion même d’identité, la question des racines ou les relations amoureuses. Il est rare de tomber sur des romans aussi riches dans leurs propos. Et quel que soit le sujet, il n’est pas question ici de faire l’impasse sur les nuances et la subtilité. Un point de plus au crédit de l’autrice.
Il est fort probable, toutefois, que ce diptyque ne séduise pas tous ses lecteurs, ne serait-ce que par ce choix de début qui prend son temps. Mais si l’on se laisse porter, Loin des Îles Mauves nous convie à un très beau voyage, servi par l’écriture fluide et sensible de Chloé Chevalier. Une autrice à suivre, indéniablement !

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