Avec déjà 12 romans parus au Québec et un deuxième cycle en cours d'écriture, on peut d'ores et déjà dire que le cycle d'Anne Robillard est l'une des sensations littéraires de la Belle Province, et ce, depuis quelques années maintenant.
Aussi surveillait-on son arrivée "officielle" chez nous d'un œil curieux, puisque nous n'avions pas pour autant sauté le pas, comme la majorité des lecteurs de France et de Navarre. Aurions-nous dû nous précipiter à la découverte de ce "phénomène" ?
La réponse à apporter se révèle mitigée. Pour commencer, l'éditeur Michel Lafon a sans doute raison de conseiller le roman à partir de 12 ans. Le lecteur avait de quoi s'attendre à une lecture au ton légèrement plus adulte, à tout le moins. Pour le reste, on y retrouve des ingrédients parmi les plus classiques du genre heroïc fantasy, avec d'innombrables personnages, contrées, créatures, sorts etc, etc... Cela dit, il n'y a pas de quoi s'ennuyer au cours de ces 350 pages.
Anne Robillard a des références vers lesquelles elle se tourne, et pas les pires du genre, et sa plume est suffisamment vive pour retenir notre attention d'une part, et brosser quelques personnages attachants de l'autre. La maîtrise des ficelles de base du genre, et même un peu plus, est également de son côté.
Toutefois, avec ce premier tome en tout cas, et même après avoir lu le suivant (toujours aussi simple d'accès), on ne trouvera pas de quoi s'en relever la nuit, même si, à n'en pas douter, cette classique besogne a été exécutée de façon suffisamment soignée pour se vendre et plutôt bien... On tourne les pages avec une régularité polie, mais tout en manquant sans doute d'un soupçon d'enthousiasme juvénile pour se sentir vraiment comblé.
Parvenu au troisième - les deux premiers se sont déjà vendus à 15 000 exemplaires chacun chez nous ! - les choses deviennent un peu plus consistantes, que cela soit du point de vue de la narration que des personnages, pourtant de plus en plus nombreux. De quoi retrouver un peu d'optimisme quant aux ambitions de la saga dans son ensemble, ce que confirme quelque peu les tomes suivants, tout en n'amorçant aucun changement majeur.
Rien de neuf au Québec ! Mais une fois parvenu à bout des 12 tomes, le dernier en date étant paru le mois dernier chez nous, on peut dire que si l'auteur ne manque pas de générosité avec ses lecteurs, son style notamment n'en demeure pas moins brouillon et on ressort du dernier tome avec l'impression d'une certaine précipitation, à l'image des derniers volumes.
Cela dit, on comprend également pourquoi les jeunes lecteurs semblent se montrer si sensibles à cette saga : émerveillement et émotion sont au rendez-vous pour les plus jeunes, doublés donc d'un véritable amour du genre et de ses personnages de la part d'Anne Robillard.
De là à en faire une référence, au-delà de ses chiffres de ventes... Il y a un pas que nous ne franchirons pas !
— Gillossen
