On l’oublierait presque, coincée qu’elle est entre le spin-off de Game of Thrones House of the Dragon et Les Anneaux de Pouvoir qui à défaut de faire l’unanimité fait au moins parler d’elle.
Pourtant La Roue du Temps, adaptation du grand cycle de Robert Jordan chapeautée par Rafe Judkins, en est désormais arrivée tranquillement à sa troisième saison avec huit nouveaux épisodes livrés plus d’un an après les précédents. Pour qui n’a pas déjà lu les livres au-delà du troisième tome et n’a pas pris la peine de faire des révisions (pour les spectateurs dans ma situation en somme) il n’est pas évident de replonger dans les différentes intrigues, de resituer tout le monde sur l’échiquier et donc de vraiment se sentir concerné par toute cette agitation.

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Le bilan

Pourtant, alors que le rythme des deux précédentes saisons était inégal, ici on semble passer à la vitesse supérieure, avec trois premiers épisodes livrés d’un coup qui s’enchaînent facilement, peut-être parce que la saison couvre l’action de davantage de romans qu’auparavant. Quoiqu’il en soit les protagonistes n’ont guère le temps de se reposer après avoir repoussé l’invasion des Seanchans et ils se retrouvent une nouvelle fois éparpillés en petit groupe de par le monde au fur et à mesure de la saison. Je ferai la même remarque que dans mon bilan précédent : la série manque cruellement d’indications géographiques pour se faire une idée de la destination des personnages, d’où ils se situent les uns par rapport aux autres et donc de ce qu’un événement à un endroit peut impliquer pour les autres. D’où une certaine confusion qui continue de planer sur cet univers dont on perçoit tout de même la richesse.

En tout cas, la saison n’est pas de tout repos pour nos héros : à Tar Valon notamment, Liandrin tombe enfin le masque ainsi que certaines de ses alliées ce qui donne un épisode inaugural assez spectaculaire, puis une délégation amène des visiteurs suspects. Notamment Elaida, incarnée par Shohreh Aghdashloo qui n’a pas dû être trop dépaysée après The Expanse avec un nouveau rôle de femme de pouvoir aux tenues recherchées. Rand, Egwene et Moiraine se rendent chez les Aiels et The Road to Spear est sans doute l’épisode le plus marquant de la saison, voire de la série, tandis que Rand explore l’histoire de sa lignée et que Moiraine doit faire face à divers futurs dont aucun n’est riant pour elle. Josha Stradowski ne se tire d’ailleurs pas mal de l’exercice. Le retour aux Deux Rivières de Perrin débouche quant à lui sur un avant-dernier épisode entièrement focalisé sur une bataille comme on pouvait y avoir droit dans Game of Thrones, mais il est difficile de s’enthousiasmer quand le leader des braves villageois est aussi monolithique que l’est toujours Marcus Rutherford. Comme pour compenser Johann Myers et Abdul Salis cabotinent plus que jamais dans le camp d’en face.

La nouvelle antagoniste promise par la toute fin de la saison précédente ne manque pas d’être aussi inquiétante que sa scène d’introduction l’annonçait : Laia Costa dans le rôle de Moghedien est un bon atout dans la série même si le personnage reste pour l’instant encore dans l’ombre, tout en étant la source d’un plan au gore inattendu.

On a un embarras toujours plus grand de personnages : il est difficile de dire si certains se révéleront utiles d’une manière ou d’une autre comme les frères d’Elayne venus surtout faire admirer leurs pectoraux, Olivia Williams dans le rôle de leur mère que l’on semble pour l’instant avoir sollicitée pour peu de raisons tandis que la pauvre Nynaeve n’a pas grand-chose à faire cette saison par rapport à ses petits camarades. Cependant, alors que l’on pouvait craindre que cette roue tourne en rond, elle avance et les derniers épisodes sacrifient quelques personnages au passage, ce qui dans un cas devrait rebattre les cartes dans un endroit-clé.

Voilà donc qui peut annoncer une quatrième saison mouvementée (saison pas encore confirmée par Amazon à l’heure où je tape ces lignes). Encore faut-il parvenir à se sentir impliqué dans les destinées de cette ribambelle de personnages pas toujours aussi charismatiques qu’ils sont censés l’être.

Zakath Nath