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Fabien Cerutti nous parle du Bâtard de Kosigan
Par Izareyael, le 16 mars 2025 à 22:49
Après une petite pause, le Bâtard de Kosigan revient pour de nouvelles aventures. Son auteur, Fabien Cerutti, nous dévoile les coulisses de ce retour qui devrait être suivi d'encore au moins deux tomes pour conclure ses tribulations. Il aborde aussi ses inspirations, la place du surnaturel dans l'Histoire et sa manière d'écrire.
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L'entretien
- Qu’est-ce qui vous a motivé à travailler à nouveau sur l’univers du Bâtard de Kosigan six ans après la sortie du dernier tome de la série et quatre après celle du recueil de nouvelles ?
J’avais fait une pause pour travailler sur une adaptation des Chroniques de la Lune Noire qui n’a finalement pas vu le jour, puis j’ai écrit Terra Humanis par envie personnelle. Il s’agit d’une utopie dramatique qui raconte l’histoire du XXIe siècle et particulièrement du dérèglement climatique. Je voulais mettre en avant certaines pistes de solutions sur ce sujet parce que je trouve que les dystopies donnent déjà une vision claire des risques sans proposer de réponses réalisables. Imaginer qu’en 3 ou 4 ans, l’humanité va diviser par trois ou quatre sa consommation, me parait malheureusement impossible. Je voulais donc mettre mes idées en roman pour envisager une voie complémentaire. Cela a pris du temps et, si on ajoute à cela la vie quotidienne, le travail, la famille, les amis, mes plans concernant le destin du Bâtard de Kosigan ont été retardés… Cela dit, le recueil de nouvelles de la saga, Les Secrets du premier coffre, est paru il y a quatre ans et le nouveau roman, Un Printemps de sang, est terminé depuis presque un an. Cela fait donc une petite pause de trois années.
- Cette histoire se passe après les premières aventures du Bâtard. Pourquoi une suite et pas une préquelle, très en vogue actuellement ?
- À vrai dire, c’est le premier cycle qui est une préquelle d’Un Printemps de sang, car cette aventure reprend la première histoire du Bâtard écrite en 2003 en tant que scénario d’un jeu de rôle informatique (Neverwinter Nights). Cela s’appelait Retour à Kosigan. Le véritable premier épisode de la saga, donc. Mais, pour répondre plus précisément à la question, le roman se déroule 20 ans après le tome 4 et le départ du capitaine de mercenaires de la cité impériale de Cologne. Ici, Kosigan a revendu la Compagnie des loups et rentre dans son comté natal qu’il a fui à l’âge de 18 ans après une sombre histoire de meurtre. Là, il se retrouve confronté à tout ce qu’il a laissé derrière lui, son amour de jeunesse, ses problèmes familiaux, les accusations, etc. C’est donc une préquelle qui se passe après, en quelque sorte.
- Qu’est-ce qui attend Pierre Cordwain de Kosigan dans la suite de ces nouvelles aventures ?
- Il va être entraîné dans un bras de fer politique incroyable entre le duché de Bourgogne et le royaume de France en tant que grand seigneur bourguignon. Il va jouer un rôle de premier plan, être pris dans des batailles à grande échelle, essayer de rallier les peuples anciens à sa cause, visiter la dernière forêt primordiale elfique de Verte-profonde (Stannin Duitis), et découvrir la vérité sur le Noir-Sang qui coule dans ses veines, sur ses pouvoirs, sur l’origine des civilisations. Tout cela devrait s’achever en Italie, à Rome, ville où les ultimes mystères trouveront leur résolution. Ce second cycle sera composé de trois ou quatre one-shots qui pourront se lire indépendamment. Je sais donc globalement où je vais, mais pas encore comment, c’est-à-dire que les circonvolutions, les rebondissements, les personnages qui apparaissent ou disparaissent, tout cela va venir avec l’inspiration. J’appelle cela l’écriture progressive. Au fur et à mesure, ce sont mes personnages et l’histoire qui dictent une partie de ce que j’écris.
- Un personnage gagne en importance dans ce roman, Dùnevia Illavaëlle, dite Dùn. Qui est-elle et comment a-t-elle toqué à la porte ?
J’avais prévu qu’elle meure dans le premier tome, mais cette friponne de jeune métamorphe italienne ne s’est pas laissée faire. Concrètement, j’ai eu une inspiration sur une scène nouvelle qui mettait en scène le Prince Noir, sa femme et son amante, et j’ai eu besoin de la faire intervenir. Lors de l’écriture de ce passage, la petite fourbe m’a aguiché en me révélant certains secrets de son passé, notamment qu’elle avait été vitriolée par l’Inquisition, elle m’a fait ressentir la finesse de son caractère – plus sensible et écorché que celui du Bâtard. Cela m’a convaincu de la sauvegarder pour l’aventure suivante. Où elle était encore censée passer l’arme à gauche. Je lui ai donné un peu plus de place dans ce fameux tome 2, et elle n’a pas hésité à se rendre littéralement indispensable à sa résolution. Il faut admettre qu’avec ses capacités à courber la lumière pour changer d’apparence, c’est un personnage délicieux à utiliser. Dans le tome 3, j’ai découvert qu’elle maîtrisait à merveille l’humour à froid, et dans le 4, elle m’a soufflé de raconter une partie de l’histoire de ses descendantes, jusqu’au XIXe siècle. J’ai cru m’en être débarrassé dans Les Secrets du premier coffre, mais dans Un Printemps de sang, elle est revenue au galop, a arraché le drapeau, et s’est emparée des chapitres les plus importants, à égalité avec le Bâtard. Aujourd’hui, elle me susurre à l’oreille qu’elle voudrait bien un tome à elle toute seule. Kosigan n’est pas du genre jaloux, alors il m’a autorisé à y réfléchir. Peut-être en young adult, un livre sur sa jeunesse, comment elle a échappé à l’Inquisition, de quelle manière l’Église pourchassait les créatures anciennes. Un roman qui pourrait tourner autour d’histoires d’amour, de peurs et de persécutions. Je ne suis pas en manque d’idées mais le temps d’écriture est limité.
- L’intrigue de Kosigan est donc largement basée sur vos scénarios de jeu vidéo. Quel a été le travail pour les adapter et en faire des romans ? Quelles sont les différences entre l’écriture d’un scénario de jeu vidéo et celle d’un roman ?
- La réponse est complexe car le tome 1 (L’Ombre du pouvoir) n’a pas été une adaptation mais une nouvelle histoire sur un autre support. Cette aventure a d’abord été écrite pour une bande dessinée, qui avait été signée chez Soleil mais l’affaire est tombée à l’eau. J’ai donc décidé d’en faire un roman car on n’est jamais mieux servi que par soi-même : on gère le temps, on ne dépend de personne. C’est à la fois plus compliqué, car c’est extrêmement long d’écrire un roman, mais cela offre beaucoup plus de libertés. En revanche, à partir du tome 2, j’adapte effectivement mes scénarios de jeux vidéo et le processus est digne du labyrinthe du Minotaure. Dans le cadre d’un scénario de jeu vidéo on fait en sorte que les personnages aient plusieurs fers sur le feu, des quêtes secondaires à foison, même si moi, j’essayais de limiter ça. Quand un joueur a 25 quêtes, il cherche juste à gagner de l’XP et il perd la narration de vue, donc je milite pour limiter les quêtes dans le jeu vidéo. À mon avis, le mieux est l’ennemi du bien, et c’est beaucoup plus prenant de suivre moins de lignes scénaristiques. En roman on a besoin d’une certaine linéarité, surtout si, comme moi, on alterne déjà deux trames temporelles. Impossible, d’avoir un héros qui doit à la fois empêcher le mariage de son cousin, sauver un agent de la Garde grise, négocier un accord avec le duc de Bourgogne, enquêter sur un étrange couple de jumelles italiennes, retrouver un œuf de dragon, affronter un certain Inigo Montoya en duel, etc. etc. On ne peut pas avoir de multiples histoires en même temps, c’est juste impossible. En tant qu’auteur, on se voit dans l’obligation de choisir, de couper, de sacrifier. Et comme si cela ne suffisait pas, de nouveaux personnages se greffent, sans compter qu’on a davantage besoin de coller à la réalité historique, et de peaufiner les descriptions (aux abonnés absents dans le jeu vidéo). C’est un point fort du roman, cela permet d’instiller des ambiances originales. Un visuel de jeu vidéo – à part trouver qu’il est beau ou pas – ne va pas faire naître des sentiments chez le joueur, tandis que des descriptions de sensations, de sons, de paysages, si. Je trouve cela passionnant mais très complexe à ajouter quand on n’est pas habitué à ciseler ce genre de mots. J’avais beaucoup travaillé mes dialogues dans mes scénarios informatiques (il y en avait davantage que dans Guerre et Paix), et c’était déjà très littéraire, mais aucune description. Le changement de média a donc constitué un travail de titan jonglant avec huit boules en même temps. Mais j’apprécie quand c’est difficile. De même, écrire un scénario de BD se révèle très différent du travail de romancier, au niveau du rythme. Chaque fin de page doit donner envie de lire la suivante. Il faut aussi gérer l’espace visuel, les dialogues, c’est particulier. Sur les six aventures sorties pour Neverwinter Nights, j’en ai déjà adapté trois. On est sur le bon chemin, mais l’ultime épisode de Kosigan à Rome n’existe pour l’instant que dans mon imagination. J’ai hâte d’y être.
- Quelles ont été vos inspirations pour le personnage du Bâtard et son caractère ?
Je ne m’en étais pas forcément rendu compte au début mais il est au croisement de plusieurs de mes héros fétiches de la littérature imaginaire : Corwin d’Ambre des Neuf Princes d’Ambre de Zelazny pour ses capacités physiques de régénération et son caractère un peu sombre ; Kirth Gersen de Jack Vance pour son côté calculateur, et peut-être plus encore Miles Vorkosigan (de la saga homonyme de Lois McMaster Bujold), qui est rejeté par sa famille car un peu difforme à cause d’un accident pendant la grossesse de sa mère. Mon Bâtard est, lui, rejeté parce que c’est un bâtard. Ils ont un petit humour cynique tous les deux, et l’un comme l’autre vont monter une compagnie de mercenaires. Au final, les histoires sont radicalement différentes mais la proximité des noms est voulue : dans ma tête, le Bâtard est le très lointain ancêtre de Miles, même si cela n’a rien d’officiel.
- Et comment l’avez-vous intégré dans l’Histoire de France, lui ainsi que les créatures surnaturelles qui survivent encore dans votre Europe du XIVe siècle ?
- Ce sont les historiens qui ont effacé les créatures fantastiques (dragons, vouivres, aes sides, nymphes, fées, cyclopes et autres manticores) de l’Histoire, car, au Moyen Âge, tout le monde croit dur comme fer aux esprits de la forêt, les métayers pratiquent des sacrifices pour favoriser les récoltes, chasser les rats, et tout le monde possède un talisman porte-chance. Même certains prêtres pratiquent encore quelques routines de magie blanche. La sorcellerie et les créatures surnaturelles sont très présentes. Quant à mon Bâtard, cela fait partie de l’intrigue que son nom ait disparu des archives officielles. C’est une partie du mystère de Kosigan.
- Pourquoi le choix de cette période historique de la guerre de Cent Ans ? On imagine que cela a un lien avec votre métier (Fabien Cerutti est agrégé d’histoire et enseigne en région parisienne, NDLR) ?
- C’est une période que j’ai choisie pour de multiples raisons. D’abord, comme je le disais, dans l’histoire réelle de la thaumaturgie, on se rend compte que la magie ne parait pas du tout fantaisiste pour les gens de l’époque. Même Charlemagne et de nombreux papes ont fait rédiger des traités sur la question. Il existait 8 ou 9 types de sorciers différents, c’était très détaillé. Charlemagne interdit la pratique de la magie et recommande aux 200 comtes de son empire d’arrêter les pratiquants des arts anciens. Différentes punitions sont prévues selon des cas référencés. Ce genre d’écrits, on le retrouve tout au long du Moyen Âge, mais jusqu’au XIVe siècle seulement. En 1315, un pape s’insurge contre une résurgence des superstitions anciennes, et après, on ne parle presque plus de magie pendant un siècle. Et lorsque cela revient sur le devant de la scène, on est passé à la chasse aux sorcières, il n’y a plus qu’un seul type de pratiquants des arts sombres, amis du diable. On n’a plus du tout les différents types de pouvoirs, de créatures, etc. Que s’est-il passé ? Cela m’a interpellé, titillé mon imagination et donné envie d’expliquer les raisons de ce basculement. C’est l’objectif en filigrane de la série.
- Et vous avez trouvé ?
- Bien sûr… Tout sera révélé en temps et en heure… En tout cas, ce sont des thèmes sur lesquels il est particulièrement excitant de faire des recherches. Dans chaque tome de la série, je joue avec l’Histoire et j’y trouve un plaisir incommensurable. Par ailleurs, la guerre de 100 ans, c’est la période qui m’a fait aimer l’histoire quand j’étais en 5e avec un professeur, M. Perceval, qui racontait la guerre de manière fabuleuse. Ça donnait vraiment, vraiment envie d’en savoir plus. C’est une période propice à dérouler des intrigues notamment politiques avec les royaumes de France et d’Angleterre, le duché de Bourgogne qui prend de l’ampleur, le Saint-Empire romain germanique... J’adore aussi les cités italiennes de l’époque.
- Vous êtes-vous beaucoup documenté sur cette période et quelles ont été vos sources ?
- Je me suis énormément basé sur les cours universitaires de Colette Beaune qui était une professeur passionnante ; on se mettait à 3, 4 pour prendre des notes pour ne pas en perdre une miette. On a beaucoup travaillé avec elle sur la vie quotidienne au Moyen Âge, les activités, les loisirs, comment on accouche, l’art, la guerre, de quelle manière on fait la cour aux filles, les sociabilités, la religion, etc. Je m’appuie aussi sur la culture chevaleresque que je connais, et j’y ajoute quelques incursions dans certains manuels (notamment ceux de Pierre Riché sur la thaumaturgie ou sur Gerbert d’Aurillac, le pape-sorcier de l’an 1000). Mais ce qui m’a demandé le plus de travail, c’est la partie Belle Époque, au XIXe siècle. Puisque je suis parti du principe que l’Histoire a été déformée entre le XIVe et XIXe, je peux me permettre de la tordre au Moyen Âge sans vergogne ; en revanche, au XIXe, c’est le moment où le descendant du chevalier-mercenaire enquête sur l’existence du surnaturel au temps de son ancêtre. Il faut donc impérativement que je sois précis historiquement et que les réponses proposées aient le bon goût de se montrer cohérentes. Un vrai travail d’orfèvre…
- On retrouve donc le thème de la disparition du surnaturel dans vos ouvrages. Y a-t-il un lien avec les progrès scientifiques dans la découverte du monde qui nous entoure ?
- Dans mon intrigue, non, mais dans la vraie Histoire, oui. C’est un bras de fer millénaire entre la connaissance et le surnaturel. La science décrypte le monde et fait reculer ce qu’on prenait autrefois pour de la magie, des miracles ou des manifestations divines. Ne serait-ce que le Soleil ou la Lune – une boule de feu qui rendait aveugle et un visage blême évoluant dans le ciel –, qui ont longtemps été pris pour des divinités, Apollon, Séléné et bien d’autres, jusqu’à ce que la réalité les démystifie. De nos jours, l’étrange n’a pas encore entièrement disparu, certains mystères défient toujours la raison, mais la confrontation a nettement tourné à l’avantage de la science. Et du rationalisme. On touche peut-être là l’une des raisons du succès du médiéval-fantastique : il se pourrait bien que dans ce monde cartésien, l’homme ait intimement soif de merveilleux. Après les panthéons et les sorcelleries antiques, c’est la religion monothéiste qui a tenu lieu de porte sur l’imaginaire. On dit souvent que la Bible est le premier livre de fantasy (miracles, résurrection, saint Georges qui terrasse le dragon, la pluie de météores sur Sodome et Gomorrhe, les bâtons des prêtres qui se transforment en serpents, etc.), mais aujourd’hui, l’athéisme et le déisme l’ont battue en brèche. Pour qui ne lit pas ou ne visionne pas de fantasy ou de science-fiction, que reste-t-il pour s’émerveiller ? Des vidéos de chatons sur Instagram ou TikTok, en alternance avec des filles aux poses sulfureuses. Cela me parait un tantinet plus pauvre.
- Et serait-on nostalgiques de cette part de surnaturel qui diminue peu à peu ?
- Inconsciemment, je le crois, oui. Cette nostalgie n’est pas forcément consciente, elle infuse tranquillement au fond de notre âme. Avec la rationalité poussée à l’extrême, notre monde a tendance à favoriser l’égoïsme, l’égocentrisme, et il n’y a plus de limites. Les histoires imaginaires apportent cette part de surnaturel dont chaque homme et chaque femme a besoin. Beaucoup en tout cas.
- Est-ce l’un des rôles de la littérature ? Doit-elle être un plaisir, un moment d’évasion ou permettre à ses lecteurs d’aborder certaines thématiques plus sérieuses ?
- La littérature offre tout à tout le monde. Chacun s’oriente selon ses envies. Dis-moi ce que tu lis, je te dirais ce que tu es. Certains préfèrent la littérature intimiste, d’autres la grande aventure, d’autres les réflexions métaphysiques ou les essais, d’autres encore un peu de tout, et cela révèle quelque chose de leur être profond.
- Et vous, où vous range-t-on ?
- Moi, on me range dans la case Imaginaire, j’aime énormément l’aventure, la littérature de divertissement qui me propulse hors du réel. Que ce soit en SF ou fantasy, elle peut aussi me faire réfléchir au monde actuel. Elle me permet de comprendre les façons de réagir de l’humanité à plus grande échelle. À force de voir des royaumes, des trahisons, elle me permet de mieux les appréhender.
- Qu’est-ce qui vous a poussé à écrire ?
Rien de particulier. Ça a toujours été naturel, j’ai commencé par des jeux de rôle avec des amis pour lesquels je préparais les histoires. Quand Neverwinter Nights est sorti, j’ai eu envie de m’y mettre sérieusement et j’ai écrit des milliers de pages de dialogues. Cela a duré 6 ou 7 ans, mais comme tout jeu vidéo, il est passé de mode. Des fans m’ont convaincu de passer sur un autre média, à commencer par la BD. J’ai tenté le coup et c’est passé à deux doigts de marcher, 3 maisons d’édition étaient intéressées et on avait signé, mais le dessinateur n’a réalisé que 10 planches en deux ans. On n’a pas retrouvé d’autre dessinateur. Quelqu’un m’a poussé à m’y remettre, me rappelant que j’avais une chouette histoire et qu’il était trop dommage de ne rien en faire.
- Un petit mot sur votre manière de travailler ?
- J’ai bien peur d’écrire de manière très… chaotique. Je m’assois, je commence quelques lignes, des mots, et j’attends que ça vienne, si ce n’est pas le cas, je retravaille ce que j’ai déjà écrit. De manière générale, je sais approximativement quel va être mon point de départ et de quelle manière je veux terminer l’histoire. Et encore, souvent, je change d’avis en cours de route. Entre les deux, c’est vraiment l’inspiration qui me guide. Je retouche en permanence et, parfois, j’ai des fulgurances. Comme Corwin sur la Marelle, ça devient de plus en plus difficile à mesure que je progresse, car je dois gérer les tenants et les aboutissants des circonvolutions qui me sont passées par la tête et qui s’additionnent dans des sens parfois différents. Impossible pour moi d’écrire autrement. J’ai bien tenté d’amadouer les dieux de la création en jouant à l’architecte qui prépare le contenu de ses chapitres à l’avance. Mais après avoir pris des heures à tout mettre en place, dès la première page, j’avais déjà bifurqué. Je n’y arrive pas. Je le regrette car cela me parait plus pratique, et beaucoup moins consommateur de temps. En revanche, j’aime le côté humain et surprenant de ma manière de travailler. Dans Un Printemps de sang, à un moment, il y a immense retournement en rapport avec l’histoire passée du Bâtard, trois pages avant, je n’en avais pas la moindre idée. C’est ma façon d’écrire ; seulement pour que le produit fini donne l’impression d’être parfaitement maîtrisé, je suis obligé de retravailler chaque passage mille fois. C’est une réorganisation constante, à la limite du sado-masochisme.
- Pour finir, quels sont vos projets à venir ? La fin du roman appelle clairement à d’autres aventures dans cet univers, comptez-vous y revenir ou passer à autre chose ?
- Pour l’instant, j’écris la suite directe du Printemps de sang, et après, je ne sais pas encore. Je voudrais finir ce deuxième et dernier cycle du Bâtard, mais j’ai aussi envie d’écrire un peu de science-fiction, notamment un thriller de SF futuriste dont j’ai déjà les fils directeurs en tête, mais sans volonté de faire passer des messages cette fois (contrairement à Terra Humanis), juste pour me faire plaisir. Et un one-shot ou un diptyque sur la jeunesse de Dùn, entre persécution de son espèce par l’Inquisition et histoire d’amour à la Roméo et Juliette dans la Rome du début du XIIIe siècle.
- Vous estimez à combien de tomes pour finir ce cycle ?
- Je pense qu’il comportera probablement 3 ou 4 volumes. Une trilogie en 4 tomes, j’apprécie ce concept que nous avions développé avec les amis Jean-Philippe Jaworski et Stefan Platteau, lors d’une lointaine session du festival des Imaginales. Même si eux ont craqué et ne se sont pas limités à 4… Mais tout le monde sait qu’on ne peut pas leur faire confiance… Cela dit, je ne peux rien affirmer, avec ma façon d’écrire en comptant sur la chance, autant demander à la Pythie de m’éclairer sur le nombre de livres qu’il me faudra pour finir. Du moment que cela plaît aux lecteurs, c’est l’essentiel.
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