Encore un bien joli roman pour la jeunesse !
Patricia Eliott, avec un style simple et agréable, évite pour notre plus grande joie les poncifs du genre. Ici, pas d’ambiance médiévale où résonne le choc des épées mais un monde proche de notre XIXème siècle, sombre et humide, et surtout une utilisation habile de thématiques issues du folklore britannique.
Tout le roman repose en effet sur la légende de l’enfant-cygne, ces créatures que l’on dit maudites, mi-humaines, mi-oiseaux. Les oiseaux justement, jouent un rôle central dans la société où vit la jeune narratrice puisqu’ils sont à la base d’une croyance sclérosante dont Agnès ne prendra conscience que peu à peu. L’auteur introduit par ce biais une réflexion sur la liberté et sur les risques de dérives sectaires que peut entraîner la croyance lorsqu’elle est dénuée de toute réflexion. A cela s’ajoute une histoire d’amitié entre deux jeunes filles que tout sépare, la pieuse Agnès et la fantasque Leah qui feront l’apprentissage de l’âge adulte non sans désillusion.
Cependant, quelques défauts empêchent le livre d’être une totale réussite. On regrette notamment que l’atmosphère mystérieuse et inquiétante flottant sur le château de Murkmere soit peu à peu mise de côté au profit de la réflexion sur la liberté d’opinion, laquelle aurait également mérité d’être plus approfondie. On reste ainsi sur sa faim concernant Porter Grouted et la Ministration, leur rôle par la suite, etc. Il y avait pourtant de quoi faire avec l’excellente idée du culte des oiseaux.
Ce roman n’en reste pas moins fort agréable, laissant une fois la dernière page tournée une saveur un peu triste.
— Almaarea