Stravaganza est le premier tome paru en France d'un série qui en comptera trois. Encore une trilogie me direz vous... Mais ici le cadre de l'action se révèle particulièrement original puisqu'il s'agit de la Venise du XVIème siècle. Quoique, pas tout à fait... La ville que le jeune Lucien découvre se nomme Bellezza, réplique de notre cité des Doges mais dont la beauté continue toujours à fasciner ses visiteurs. Ce cycle repose à la fois sur le principe de l'uchronie (nos deux mondes auraient divergé à la victoire de Rémus contre son frère Romulus) et sur celui des mondes parallèles. Ce dernier est particulièrement bien utilisé. En effet, le héros, atteint d'un cancer, décline doucement dans notre monde. Grâce au carnet offert par son père il découvre qu'il est capable durant son sommeil de se transporter à Bellezza et surtout qu'il y est en parfaite santé...
Comment faire pour jongler entre ces deux mondes ? D'autant que ce que Lucien prenait d'abord pour un rêve ce révèle être un pays fait d'intrigues et de machinations où il a sa place. Pris par ses aventures, il en oublierait presque de revenir au Londres du XXIème siècle... Je n'en dirai pas plus pour ne pas gâcher la lecture mais voilà une intéressante variation sur le thème du passage entre les mondes.
En ce qui concerne l'intrigue elle reste par contre assez classique. On aurait apprécié un peu plus de complexité dans la description des rouages du gouvernement de Bellezza. Ce sont surtout les Chimici, famille au pouvoir dans toute la péninsule et cherchant à s'emparer à la fois de Bellezza et du pouvoir des Stravagantes, ces passeurs entre les mondes, qui font pâle figure à côté du personnage de la Duchessa, souveraine mystérieuse de la cité. De même, l'amie de Lucien, Arianna, ne s'éloigne pas beaucoup de l'image mainte fois reprise de la jeune et jolie héroïne au caractère bien trempé...
Mais ne boudons pas notre plaisir car ce récit se lit fort bien et recèle suffisamment de trouvailles pour nous garder en haleine tout au long de l'histoire !
— Almaarea