Avec cette trilogie, David Gemmell revient à la fantasy historique qui a également contribué à faire sa renommée. Projet qui lui tenait très à cœur, il n'aura malheureusement pas l'occasion de le terminer lui-même, puisque c'est en fait son épouse qui acheva la rédaction du troisième et dernier tome, après la mort de l'auteur, en 2006.
Avec ce premier tome toutefois, il est ici clairement question de préparer les choses et poser le cadre de la guerre mythique à venir. Nous passons ainsi l'essentiel du roman à découvrir les différents protagonistes, parfois très célèbres, tel Ulysse, parfois "inventés" totalement par l'auteur, qui ne se contente pas de remâcher la légende et le mythe tels qu'ils ont été forgés au fil des siècles.
Il prend même d'ailleurs un certain nombre de libertés avec le "canon", choisissant avec soin les personnages à mettre en avant, et filant peu à peu un voile alternatif, qui dès lors acquiert ses propres vie et indépendance.
Mais, et cela ne surprendra personne, nous retrouvons évidemment les personnages archétypaux et les thèmes qui sont si chers à Gemmell, et que, de roman en roman, il remet inlassablement en avant, variant certes ses exemples, plus proches ici de ses récits de Rigante que de son cycle Drenaï. Gemmell avait pour l'occasion planifié une trilogie dès le départ, et cela se sent. Il faut se montrer patient entre deux morceaux de bravoure misant tout sur l'action, mais ces passages sont brillants.
L'auteur prend ainsi son temps, et il faut bien ça, étant donné le nombre de protagonistes de cette fresque, mais nous n'irons pas jusqu'à dire que le roman souffre de problèmes de rythme. Non, il n'est pas trop lent, simplement tributaire du poids de son intrigue et du souffle qu'il faut préserver en partie pour la suite, comme une longue inspiration d'Éole avant que celui-ci ne déclenche une tempête embrasant la Grande Verte toute entière.
En attendant précisément l'étincelle en question qui mettra pour de bon le feu aux poudres, David Gemmell proposait avec le dernier roman paru de son vivant une histoire bien construite et puissamment étoffée, revigorant la fureur et la grandeur de la mythologie grecque - ne se contentant donc pas de se reposer sur elle - mais demeure tout de même un volume d'introduction, qui ne renouvelle en rien les forces et faiblesses de l'auteur, fidèle à lui-même, sur le fond comme sur la forme.
— Gillossen