Et voici l’ultime roman écrit par David Gemmell, complété par son épouse Stella, après le décès de celui-ci en 2006. Bientôt trois ans déjà... Forcément, on ne peut s’empêcher d’éprouver un petit pincement au coeur en entamant cette lecture, conclusion de la trilogie troyenne de l’auteur mais aussi de sa carrière littéraire.
Et puis, au bout du compte, nous revoilà plongé au cœur du monde de la Grande Verte comme si nous ne l’avions jamais quitté.
Pourtant... si Gemmell se montre toujours aussi doué pour nous donner envie de tourner page après page à n’importe quelle heure du jour ou de la nuit, il n’est pas ici question d’un roman d’action au rythme frénétique. Ce qui était déjà vrai pour les deux tomes précédents prend ici tout son sens. C’est un sentiment d’inexorabilité qui prend peu à peu le lecteur à la gorge. Ce qui a été fait ne peut être défait, peu importe le sang ou les morts...
Tandis que la pression grimpe, Gemmell enchaîne les scènes anthologiques, qui prennent donc parfois à contrepied la légende de la Guerre de Troie telle que nous la connaissons, mais jamais de façon gratuite : il faut ainsi « lire pour le croire » le duel opposant Hector à Achille, ou bien encore l’arrivée du roi des Hittites qui outre sa réussite permet de mettre en perspective la véritable valeur de Troie à l’échelle d’un tel empire, ou bien encore l’audacieux chapitre 37, au-delà d’un épilogue doux amer, qui sied finalement tout à fait à cette trilogie épique mais loin de sacrifier l’humanité – dans ses pires et ses meilleurs côtés, comme toujours avec l’auteur - de celles et ceux qui ne sont néanmoins souvent que des pions pris dans une toile trop grande pour eux…
Si l’on devait toutefois émettre un regret, il concernerait certains personnages, et notamment Andromaque : s’agit-il de renoncement, d’acceptation ? La jeune femme semble parfois un peu trop différente de celle que l’on a connue précédemment, à l’image de certains seconds rôles qui perdent quelque peu en épaisseur. Cependant, Hector, Ulysse ou le fourbe Agamemnon sont évidemment fidèles à eux-mêmes...
En tout les cas, ce roman s’apparente là à un véritable chant du cygne à la hauteur des ambitions de son auteur.
— Gillossen