Qu'il est toujours réjouissant de retrouver Christopher Moore ! Surtout lorsqu'il s'agit en prime de la suite de Les Dents de l'amour, par le biais d'un gentil et foutraque petit roman toujours aussi rythmé et plein d'humour.
Cette suite conserve évidemment les mêmes ingrédients, à commencer par un cocktail de situations farfelues, de références bigarrées, et de dialogues percutants, qui n'hésitent pas d'ailleurs à verser gentiment dans le mauvais goût, mais telles des blagues de sales gosses, sans changer tomber dans le graveleux.
Et, bien sûr, San Francisco pour cadre !
Il faut dire que l'auteur, s'il sait souvent se faire mordant – il n'y a qu'à voir les extraits de journal intime de l'adolescente fan de vampire et la façon hilarante dont il se moque de la mode gothique (au sens large) – n'en demeure pas moins au fond de lui un vrai gentil, qui n'hésite visiblement pas à aller jusqu'à insérer quelques points de romantisme, une fois encore.
Si l'ironie sait aussi glisser vers une certaine amertume, de temps à autre, l'humour reste bien entendu l'élément principal du roman, un humour heureusement toujours aussi ravageur. Passé un petit temps d'adaptation, où l'on se demande en fait quel peut être le véritable intérêt de revisiter ses personnages et de lever le voile sur leur futur, on replonge avec toujours autant de plaisir dans cette atmosphère empreinte de folie douce, affectueusement déjantée, qui ne ménage pas ses effets et sait faire étalage de l'air du contrepied.
Même avec Moore, qui aurait pu imaginer une telle conclusion ? Mais avant d'en arriver là, le lecteur aura eu de quoi se mettre sous la dent – la canine, même, pourrait-on dire - 250 pages jubilatoires, qui brassent leur intrigue à tour de bras, sans faire cas un seul instant du mélange des genres !
De quoi vous donner la pêche – à défaut de l'orange... sanguine -, ce qui n'est déjà pas si mal comme ambition assouvie sans faute !
— Gillossen