Après un deuxième tome qui avait mis un certain temps, disons un bon tiers de roman, à retrouver tout le sel du premier, Brent Weeks revient désormais avec la conclusion de sa trilogie, « offerte » en pâture au lecteur.
Il aurait sans doute été difficile de procéder autrement tant ces deuxième et troisième tomes sont liés, bien davantage encore qu'entre le premier et le deuxième, mais l'auteur ne retombe heureusement pas dans les mêmes travers. Pour notre plus grand plaisir, Brent Weeks poursuit sur sa lancée, sans le moindre temps mort de la première à la dernière page.
Un cheminement électrisant ? Des rebondissements épiques ? Des répliques acerbes ? Des révélations en pagaille ? Des duels de haute volée ? Tout ce que l'on peut attendre d'un tome de conclusion, et particulièrement de cette trilogie, répond bel et bien présent. Difficile donc de se sentir floué par la marchandise proposée. Brent Weeks s'impose aisément comme l'une des (très) bonnes surprises de l'année écoulée, et sera assurément un auteur à suivre dans le futur ; à moins d'un effondrement total de sa part, aussi bien sur le plan de l'inspiration que de l'exécution, on voit mal comment il pourrait en aller autrement.
S'il fallait malgré tout chipoter quelque peu, on pourra toujours trouver des choses à redire sur certains points, car, forcément, la perfection n'est pas de ce monde. Ainsi, il faut bien admettre que le deuxième tiers du roman, notamment en suivant « l'escapade » de Kylar et Durzo, n'est pas follement passionnant, l'auteur se contentant de longs tunnels de dialogue en guise de mise en scène de ses révélations. De même, Weeks multiplient celles-ci sans toujours prendre le temps nécessaire pour que le lecteur en saisisse toute la portée, la faute peut-être à un autre reproche que l'on pourrait mettre en avant, le sort réservé à certains seconds rôles : certains prennent une importance considérable quand d'autres disparaissent pour ainsi dire purement et simplement, sans que, dans un cas comme dans l'autre, ces choix ne soient forcément évidents (Au final, à quoi sert un Solon, malgré quelques chapitres enlevés le concernant).
L'émotion, qui sait pourtant être également présente, en pâtit par ailleurs. Si certains personnages sont en effet particulièrement vivants, comment ne pas grincer des dents devant l'utilisation faite d'Elène, même si l'auteur joue habilement sur son rôle de marionnette...
Il n'empêche que tout cela est à mettre sur le compte de la maxime « qui aime bien châtie bien », car ce troisième tome n'en demeure pas moins une conclusion intéressante, pleine de bruit et de fureur, mais aussi de verve et de candeur.
— Gillossen