Voilà une bande dessinée qui a tout pour plaire à la base : une toile de  fond qui n’est pas usée jusqu’à la trame et présente un peu  d’originalité, des auteurs reconnus, avec le scénariste de De silence et de sang, bonne chronique de l’histoire de la mafia aux Etats-Unis, et le dessinateur de la série Elsa chez Glénat, belle réussite graphique.
 Et il est vrai que lorsqu’on feuillette l’ouvrage, on est époustouflé  par les graphismes : chaque case est une peinture qui s’approche  nettement du courant impressionniste, tout en touches de couleurs  savamment réparties, sans coup de crayon pour venir troubler la beauté  de l’ensemble. C’est tout simplement superbe ! C’est sûr, on va se  souvenir de cette BD, pense l'acheteur... malheureusement un rien naïf !
 Car c’est le parfait exemple du gaspillage total ! Le scénario est aussi  épais que du papier à cigarette, très convenu et son évolution  absolument consternante avec deux ou trois ellipses qui vous font perdre  le fil au moment où l’on rentre vraiment dans l’histoire, et une fin  abrupte, à l’instant où l’on pouvait espérer que les quelques zones  intéressantes de l’intrigue allaient trouver leur développement… C’est  donc un cliffhanger pour la suite de la série, me direz-vous ? Et bien  voilà le coup de grâce : c’est un one-shot, comme l’annonce fièrement le  site de l’éditeur Theloma. Et soudain, on comprend pourquoi  certaines cases de Faure sont datées de 94 et 95, et pourquoi le projet a  dû rester dans les tiroirs jusqu’à maintenant… 
 Bref, admirez les dessins en librairie puis passez votre chemin…
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