Lanfeust s'offrerait-il un reboot ?
Tout le laisse à penser avec ce nouvel album riche de plus de soixante pasge, et qui nous renvoie à un Lanfeust finalement obligé, au bout de quelques pages, de reprendre ses études, après avoir à peine eu le temps d'atterrir sur Troy ! Bien entendu, les choses ne vont pas en rester là, très rapidement...
En soi, cette nouvelle BD n'est pas désagréable : on apprécie la redécouverte de certains personnages « cultes », le retour dans des lieux bien connus, cet univers d'heroic fantasy pure et dure qui a su séduire tant de lecteurs par le passé...
Et, justement, on se demande si les auteurs n'ont pas avant tout cherché à raviver la flamme d'anciens lecteurs, tout en en séduisant potentiellement de nouveaux puisque l'album donne souvent l'impression de repartir de zéro, phases explicatives à la clé. L'intrigue, qui demeure tout de même plutôt tenue pour le moment, laisse certes entrevoir quelques développements intrigants, notamment dans son dernier tiers, mais nous laisse avant tout sur notre faim.
Il ne faut pas espérer ou rechercher ici une quelconque révolution de palais, même si Arleston a par exemple levé le pied sur les jeux de mots à foison, pour ne citer que l'un des caractéristiques qui ont contribué à forger le succès de Lanfeust. On sera tout de même dubitatif sur le fait de voir les nouvelles têtes – près de 20 ans se sont écoulés sur Troy – reprendre tel quel tel ou tel prénoms bien connus de la saga, à commencer par Cixi. La confusion persiste quelques temps, et à moins que cela se révèle par la suite un point important du scénario, on pense plus volontiers à une simple preuve de paresse de la part des auteurs.
Pour parler cette fois des dessins, Tarquin se fait visiblement plaisir avec quelques jolies vues d'ensemble – Eckmül en tête – mais le format agrandi des cases n'est pas toujours flatteur, notamment en ce qui concerne les gros plans sur les visages. On connaît la patte de l'artiste, fidèle à lui-même, mais il ne semble pas avoir apporté le même soin à toutes les cases, ce qui est toujours décevant... La colorisation, de son côté, là encore fidèle à l'univers de Troy, n'apporte pas grand chose au dessin, ni en bien ni en mal.
Tout comme cet album, elle se révèle quelque peu insipide mais inoffensive.
— Gillossen