Si L'Homme-rune nous avait globalement convaincus en 2009, nous attendions du premier roman de Peter V. Brett la suite avec une relative impatience, mais sans plus.
Toutefois, si cette suite n'est critiquée qu'en mars 2011, n'y voyez pas là un choix de notre part ! Il s'agit seulement d'un concours de circonstances que l'on aurait bien sûr préféré éviter.
Des personnages ou de l'univers, c'est surtout ce dernier que l'on retrouve avec plaisir. Le premier tome avait en effet parfois un petit côté "Young Adult" trop prononcé pour un récit présenté comme sombre et sans concession.
Heureusement, avec ce deuxième tome, les personnages évoluent, Jardir bien plus qu'Arlen d'ailleurs, ce qui n'est en soi pas plus mal, car le second reste (par trop) fidèle à lui-même, épousant la figure de "l'élu" sans réelle étincelle, malgré, là encore, une volonté de noirceur.
Leesha, personnage un peu plus creusé que les autres dans le premier tome, s'avère à l'image des protagonistes féminins de l'histoire, beaucoup trop en retrait et dénuée de subtilité, malgré les apparences. Tout est souvent blanc ou noir dans son cas et son côté "incarnation de la perfection faite femme" pourra en agacer plus d'un.
Il faut donc finalement se tourner vers l'univers lui-même, une fois encore, pour être pleinement satisfait par ce tome 2. On sent une réelle progression par rapport au premier volume, une ampleur tangible, une volonté de redistribuer les cartes. C'est là que l'auteur apparaît de toute évidence le plus à l'aise.
Car si l'intrigue principale demeure le plus souvent palpitante, elle mise un peu trop sur des scènes d'action à répétition, notamment dans la deuxième moitié du roman. La conclusion nous laisse cependant sur une bonne impression, avec l'envie de découvrir le destin final de nos héros, même si l'on n'aura pu s'empêcher de tiquer de temps à autre en cours de lecture.
Au final, La Lance du désert plaira à tous les fans de Peter V. Brett, et l'auteur joue consciemment de ses points forts. Mais si ceux-ci sont accentués dans cette suite, c'est également le cas de ses points faibles, à l'image de quelques développements nous laissant tout de même perplexes au bout du compte.
Et si l'auteur ne nous déçoit pas, on aurait ardemment apprécié qu'il nous surprenne. Espérons aussi qu'il se concentre sur le concret et le présent en vue du tome 3 !
— Gillossen