Première "vraie" nouveauté française chez Bragelonne depuis la création de cette maison d'édition - tous leurs autres auteurs francophones avaient au moins publié une nouvelle, sans parler de pointures comme Fabrice Colin - le premier roman d'Andréa Jo Forest arrive enfin, deux ans environ après avoir été annoncé. Comme l'explique l'auteur, dans l'édition, il faut savoir être patient, ou apprendre la patience justement !
Mais que vaut donc ce roman, après une telle attente, si l'on peut dire ? Eh bien, accordons-lui plus que de la sympathie, tout en remarquant rapidement qu'il affiche plusieurs des défauts que l'on peut justement reprocher aux premiers romans. Citons ainsi une approche trop "scolaire" de l'entrée en scène des personnages - dès qu'un petit nouveau fait son apparition, on peut être certain d'avoir droit à un paragraphe de dix lignes nous le présentant sous toutes les coutures -, le recours aux Appellations en Majuscules - Les Mercenaires du Nord, l'Histoire Orale... - pas forcément dans les cas les plus judicieux, un background parfois trop pesant et qui paraît par moments construit de bric et de broc, et surtout, une entrée en matière un peu longuette.
Il faut bien une bonne centaine de pages avant d'être réellement pris dans les filets de l'intrigue. Par la suite, tout en demeurant particulièrement classique (la jeune sœur des héros qui se rebelle contre sa condition, trahisons et alliances diverses, quêtes, épée magique, siège, etc...), le roman se lit sans déplaisir, ni ennui. Les péripéties ne manquent pas, certains protagonistes, tel Renaud, "l'Elu de service", se montrent moins têtes à claques que beaucoup de leurs prédécesseurs s'étant illustrés dans ce genre très codifié et l'épilogue prépare définitivement le terrain pour la suite. Mais il ne faut pas s'attendre à une révolution, ni même une évolution quelconque en ouvrant ce livre.
Un roman très High Fantasy donc, des racines jusqu'aux feuilles, dont il faut espérer que la suite saura se montrer plus palpitante, car ces débuts ne parviennent pas à soulever véritablement un enthousiasme prolongé, ni même un instant de surprise. Toutefois, gardons à l'esprit qu'il s'agit précisément d'un premier roman, et qu'il n'a certainement pas prétention à renouveler ce type de récit, mais sans doute davantage à illustrer sa passion et son respect pour le genre.
Mais à tester sans doute plus tard seulement, à la lumière du jugement d'un second tome que l'on souhaite moins "tendre".
— Gillossen