Les Sept lames, c'est "l'autre" série de fantasy inédite publiée directement en poche chez Milady. Le premier tome de cette série, L'antre des voleurs, s'était révélé une bonne surprise, malgré quelques longueurs.
Ce second volet ne remet pas en cause la formule : quelques longueurs, mais au final un roman de fantasy franchement sympathique. Dans cette suite, les longueurs se retrouvent principalement au début du roman, l'auteur prenant le temps de resituer les personnages et l'ambiance, quitte à sacrifier un peu le rythme de l'ensemble.
On retrouve bien sûr Sire Croy, toujours aussi à cheval sur l'honneur et les règles de chevalerie, et Malden, toujours aussi à cheval sur pas grand-chose, sauf sa propre liberté de mouvement (nécessaire à un voleur tel que lui). Cythère, elle aussi, est présente et même sur le point d'épouser Sire Croy lorsqu'un géant barbare interrompt la cérémonie pour leur proposer de but en blanc une quête consistant à traquer un démon, ce que Croy ne peut évidemment pas refuser. Honneur de chevalier oblige ! Malden n'a pas la moindre intention d'aller se fourrer dans des situations impossibles et décide de les laisser en plan, sauf que bien sûr le destin en a décidé autrement et ils se retrouvent tous les trois à accompagner ce géant barbare, Mörget, dans son aventure.
Une fois le récit mis en place, le lecteur prend plaisir à suivre l'équipée de cette petite troupe. Sire Croy dégouline d'amour pour Cythère (au point de ne pas se rendre compte que Malden lui fait les yeux doux lui aussi) et ses principes pourraient bien mettre en danger ses camarades. Malden, quant à lui, aura besoin de tous ses talents de voleur et de survivant pour s'en sortir.
C'est Croy et son indéfectible courage qui sont cette fois à l'honneur. Croy qui ne renonce jamais, têtu, opiniâtre ; il faut avouer que ce chevalier a du caractère. Pourtant il n'est pas le "grand héros" caricatural que l'on pourrait imaginer. Il est pénible, pinailleur et parfois insupportable, mais sa loyauté n'est jamais prise en défaut. Il est vraiment la clé du roman. Malden et Cythère bien que très présents, sont un peu plus en retrait, du moins, selon moi.
L'autre personnage impressionnant par sa présence et par sa taille, c'est bien sûr Mörget. A nouveau un héros sans l'être. Brillant, incroyablement fort, rien ne peut lui résister. Lui aussi, comme Croy, porte l'une des sept lames. Il doit détruire le démon pour prouver à son peuple qu'il est un grand guerrier et toute sa pensée est tendue vers ce but. Sa grande différence avec Croy c'est qu'il est prêt à sacrifier n'importe quoi ou n'importe qui pour achever sa quête. Un drôle de barbare, souvent héroïque, mais pour quelques sombres raisons, on ne peut pas s'empêcher de douter de lui et on ne lui fait pas totalement confiance...
Voilà qui constitue d'ailleurs toujours la caractéristique principale de cette série de David Chandler. L'auteur utilise les plus gros clichés de la fantasy pour mieux les détourner et rendre des personnages stéréotypés, finalement atypiques.
Le roman aurait gagné en densité et en impact à être un peu plus court, ce qui l'aurait rendu beaucoup plus prenant et addictif. En l'état, ce tome 2 demeure un roman de fantasy très agréable à lire, mais comporte encore quelques longueurs.
— Phooka