Pour le tome 3 du cycle de Michael J. Sullivan, pourtant lui aussi savamment promu, il fallut donc se tourner vers le numérique, puisque le roman n'a pas eu droit à une sortie papier. Il est finalement paru en catimini voilà quelques mois, au point même de passer totalement inaperçu à nos yeux alors que nous avions plutôt bien apprécié les deux premiers volumes des Révélations de Riyria.
Mais notre but n'étant pas ici de revenir sur la stratégie de Bragelonne/Milady, concentrons-nous sur l’histoire. Sans surprise, le ton ne change guère. On retrouve notre habituel binôme qui va rapidement devoir se coltiner de nouveaux problèmes évidemment corsés. Cela dit, l’accent est nettement mis sur le personnage de Royce, qui se dévoile peu à peu. L'univers lui-même se complexifie au fur et à mesure des tomes, l'auteur parvenant enfin à distribuer ses informations sans avoir besoin de nous abrutir à coups de longs passages explicatifs.
Sullivan réussit toujours à conserver un parfum old school qui ravira les amateurs de sword & sorcery. Sans pour autant s'aliéner un public appréciant une intrigue au rythme plus soutenu et des personnages, au hasard, féminins, un peu plus nombreux et éloignés des figures classiques du genre. Toutefois, on se demande parfois où l'auteur veut en venir - ce tome se lisant très vite comme les deux précédents - et s'il n'y aurait pas eu moyen de proposer quelque chose d'un peu plus consistant. Bien entendu, étant donné le prix d'un tel roman, on se montre tout de suite un peu moins exigeant, mais dans l'absolu, ce n'est pas là-dessus que l'on doit le juger. Il n'empêche que l'ajustement entre côté pulp et prix s'avère particulièrement bien tombé dans le cas présent.
Pour un tome pouvant se lire indépendamment, l'intrigue principale semble un peu légère, mais le plaisir de lecture est bel et bien présent. On avait cependant espéré qu'au fil du temps Sullivan nous propose quelque chose d'un peu plus élaboré, d'un peu plus ambitieux peut-être. Au bout du compte, on dirait bien que ce ne sera pas le cas.
Mais grâce à ses dialogues enlevés et un univers prenant, l'auteur retient une fois encore notre attention jusqu'au bout. Pour un tome intermédiaire, ce n'est déjà pas si mal, au contraire ! Après quelques chapitres un peu mous, le roman trouve sa vitesse de croisière et on le suit donc jusqu'à sa conclusion sans temps mort.
Sans savoir quel sera désormais l'avenir de cette série, difficile de vraiment la recommander, mais n'hésitez pas à vous faire une idée si le premier tome vous tombe entre les mains.
— Gillossen