Londres, un homme ordinaire soudain plongé dans un monde magique existant en parallèle au nôtre après avoir rejoint le métro... Au premier abord, et malgré la situation familiale du héros relativement originale, on pourrait avoir facilement l'impression de se retrouver dans une sorte d’ersatz de Neverwhere.
Il serait regrettable de considérer ainsi le roman de Mike Shevdon, même s'il ne révolutionne fondamentalement rien dans le domaine de la fantasy urbaine. Il dispose toutefois d'atouts similaires au classique de Neil Gaiman : une ambiance réussie et une galerie de personnages savoureux que l'on découvre en épousant les pas de notre héros au rythme de sa découverte de cet autre monde. Après un démarrage réussi, le rythme du roman décline subitement avant de repartir par à-coups et de nous fournir une fin ouverte appréciable, tout en constituant une conclusion satisfaisante dans le cadre de ce premier tome (sur quatre). Il faut dire que le couple Lapin/Merle possède quelque chose d'attachant, sans là encore proposer de réelle innovation : lui demeure le référent du lecteur, privé de repères et tentant de faire de son mieux pour survivre. Elle incarne le guide énigmatique qui poursuit ses propres buts et tous les deux vont peu à peu apprendre à se connaître.
L'ensemble s'avère plutôt efficace et plaisant à suivre. Bien sûr, tout n'est pas parfait, outre ce manque latent d'originalité : c'est peut-être le point de vue choisi qui veut ça, mais de nombreux passages se présentent sous la forme de longues conversations où notre héros interroge sa nouvelle partenaire en quête de renseignements. On aurait apprécié que l'auteur tente de nous faire passer ces informations de façon plus subtile.
De même, si nous avons déjà mentionné Neverwhere, le parangon du genre, il se trouve que l'on pense souvent à d'autres romans en songeant au livre de Shevdon. Citons par exemple Les Rivières de Londres, pour n'en mentionner qu'un. La chose n'est pas réellement problématique, mais le roman peine donc parfois à trouver sa propre voix. Pour contrebalancer, il faut dire que cette nouveauté reste proposée à un prix "doux" (15 euros), qui tend à donner envie au lecteur de tenter le coup. D'autant qu'il ne faut pas s'imaginer avoir affaire à un mauvais roman, au contraire, surtout quand on découvre en réalité une agréable surprise.
Si ce premier tome manque d'un soupçon de personnalité, sa lecture n'en constitue donc pas moins un bon moment ! On espère maintenant que la suite sache monter en puissance car le potentiel est là : un peu plus de mordant sur le fond comme sur la forme et un peu moins d'explications en tous genres devraient permettre à cet univers de prendre pleinement son envol.
— Gillossen