Mervyn Peake, Robin Hobb ou Jon Courtenay Grimwood, rien de moins... Les références mise en exergue pour présenter ce nouveau roman allaient pourtant chercher loin. La déception, bien, là, n'en est donc que plus grande, pour ne pas dire vive, même si le roman lui-même n'est pas totalement désagréable.
Il peut ainsi compter notamment sur des personnages bien charpentés, et en particulier Rafaela, bien loin d'une demoiselle en détresse et qui pourrait en remontrer à nombre de personnages féminins en fantasy, épique ou non. Et ce sont bien ces protagonistes avant tout qui nous poussent à poursuivre notre lecture. On regrette d'ailleurs que ceux qui restent en arrière-plan, comme Dino par exemple, ne soient pas un peu plus développés.
Il en va de même de l'intrigue, d'ailleurs. On ne peut pas sérieusement affirmer qu'elle se révèle vraiment des plus étoffées. L'ensemble n'est pas franchement convaincant et les flashbacks auxquels recourt Den Patrick servent surtout à ralentir le rythme d'un récit qui n'était déjà pas très soutenu. On la suit donc d'un œil, sans vraiment se passionner ou avoir peur pour Lucien et ses aventures qui se voudraient mouvementées.
Le principal atout du roman demeure son cadre. En restant concentré sur une petite portion de son univers, Patrick peut l'explorer à loisir cette impression de grandeur décadence - ou inversement... - constitue un vrai plus. C'est là, à la rigueur, que l'on peut ainsi songer à l’univers de Gormanghast. Mais cela ne suffit pas à oublier les maladresses ou l'ennui qui pointe le nez plus souvent qu'à son tour.
Bref, un cadre intrigant mais qui manque de substance pour retenir pleinement notre attention en exploitant son potentiel intrinsèque. Cependant, après les Trois Manuels de Guerre, ce n'est déjà pas si mal et on peut malgré tout envisager de donner sa chance à la suite d'ores et déjà prévue...
Précisons encore justement que ce roman représente le premier tome d'une trilogie, The Erebus Sequence. Le deuxième volet devrait s'intituler The Boy Who Wept Blood.
— Gillossen