Un nouveau roman de Tradi Canavan... n'est généralement pas spécialement attendu dans nos contrées, même si l'on ne peut évidemment pas nier son succès. Et il ne s'agit pas de le faire.
Mais comme il s'agit là du premier tome d'une nouvelle série, on pouvait toujours espérer se voir surpris en bien et, en tout cas, lui laisser une nouvelle chance de vraiment nous charmer.
Contrairement à une Fiona McIntosh, il y a en effet toujours des points positifs à sauver chez Canavan. C'est encore une fois le cas ici, où l'on peut saluer son univers et un système de magie efficace à défaut de se révéler particulièrement original (il suffit de remplacer le rôle des Anges par n'importe qui ou quoi d'autre par exemple).
Mais à côté de ça, on suit une histoire à deux voix quelque peu déséquilibrée, avec notamment une partie centrée sur le personnage de Rielle, une femme qui tombe amoureuse d'un artiste - ce dont bien sûr ses parents ne se remettraient jamais car ce serait très mal vu socialement - particulièrement fade. On se demande même pendant un bon moment quel peut être son véritable intérêt.
La qualité d'écriture n'a rien de transcendant (et c'est le moins que l'on puisse dire devant tant de répétitions et de longueurs), l'intrigue principale ne semble démarrer aux yeux des personnages comme du lecteur qu'à la toute fin du roman pour se voir immédiatement coupée dans son élan, sans doute pour préserver évidemment un pseudo-suspense en vue de la suite... Bref, difficile de savoir ce qui a bien pu se passer du point de vue de l'auteur, mais Trudi Canavan semble avoir eu du mal à faire le lien entre ses deux histoires, se reposant largement sur le principe du tome d'introduction... beaucoup trop largement en réalité. Dans l'absolu, le présent roman aurait pu finir raboté d'un tiers de sa longueur sans que l'on y perde vraiment au change, au contraire. Il arrive un moment où l'on finit par manquer de patience... surtout quand tant d'auteurs sont capables au bout du compte de faire passer trois fois plus de choses avec trois fois moins de pages.
Bref, un univers pas désagréable en soi mais une histoire loin de s'avérer prenante et qui donne constamment l'impression de tirer sur les rênes pour ne pas avoir à avancer trop vite, un comble.
— Gillossen