Dans ce deuxième tome, Jacob et les enfants particuliers se retrouvent en fuite, perdus dans l’Angleterre du Blitz.
Bien que les Particuliers soient parfois centenaires, leur physique d’enfants est un handicap sévère pour se dissimuler parmi la population, d’autant plus que leurs ennemis, eux, peuvent facilement se faire passer pour les autorités en place. Sans la protection de Miss Peregrine, privée de ses pouvoirs et coincée sous sa forme d’oiseau, ils tentent d’atteindre le quartier général des Particuliers, qui hélas se situe à Londres, point central des bombardements nazis.
L’ensemble du récit nous narre donc la quête difficile de la petite troupe vers le havre tant espéré, à pied, sans guide et sans équipement, quête doublée d’une enquête puisque les héros ne savent pas exactement comment trouver leur destination… Mais les obstacles et les rencontres sont autant de péripéties qui permettent peu à peu d’approfondir les connaissances de Jacob (et du lecteur) sur son nouvel environnement : sur l’organisation des Particuliers et leur histoire, le système des boucles temporelles où ils se réfugient, leurs ennemis que sont les Estres et les Creux, mais surtout sur les personnages. Ainsi, alors que le premier tome permettait surtout de découvrir Emma et Millard, d’autres personnages ont droit à leur moment de gloire, comme Hugh, le garçon aux abeilles, ou Bronwyn, la fillette à la carrure de camionneuse qui se révèle d’une loyauté sans faille et d’une douceur quasi-maternelle avec ses amis. Le passage dans la ménagerie particulière renforce le côté étrange et merveilleux de l’univers, avec ses animaux aux pouvoirs étonnants.
Peu à peu, Jacob, notre protagoniste, en vient à se poser la question essentielle : s’il a la possibilité de rentrer chez lui, le fera t-il ? Pourra-t-il revenir à une vie normale, banale ? Le veut-il ? Car plus le temps passe, plus il s’attache à ses compagnons, mais il est le seul parmi eux à avoir une famille qu’il espère revoir un jour. Ce voyage est une lente métamorphose interne pour Jacob, et pas seulement pour sa façon d’appréhender l’avenir… C’est bien simple, on ne peut s’empêcher de partager les interrogations de Jacob, ses doutes, ses remises en questions au fur et à mesure de ses découvertes et son attachement pour ses camarades. Certes, le récit à la première personne permet facilement de faire passer ses émotions, mais il est particulièrement bien équilibré entre les passages d’action, de révélation ou d’introspection.
Plus qu’un tome de transition, Hollow City est un tome d’approfondissement, un chemin de croix qui va forger les liens entre les héros et apporter de nouvelles interrogations. Il est beaucoup plus sombre que le premier, plus intense, car les personnages ont perdu leur sanctuaire et se retrouvent pourchassés sur les routes.
Comme dans le premier tome, les photos d’époque représentent toujours un moyen formidable d’ancrer le récit dans une réalité historique par ailleurs fort bien documentée (Londres sous les bombes, la cathédrale St-Paul ou le statut des gitans de l’époque).
En conclusion, cette suite tient toutes les promesses du premier tome en intensifiant les enjeux et en installant une tension permanente qui donne vraiment envie de connaître la conclusion à venir.
— Alana