S’il fallait un adage pour résumer ce nouveau roman de Bob Salvatore, je choisirais sans hésiter l'habit ne fait pas le moine. Tout d'abord pour la couverture du roman, qui nous présente un Drizzt flanqué de sa panthère Guenhwyvar alors qu'il n'apparait presque pas (pour ne pas dire pas du tout) dans l'histoire, si ce n'est en fil rouge. Ensuite car ce roman présente l'histoire de la réincarnation des Compagnons. Oui oui, Catti-Brie, Bruenor, Régis et Wulfgar font leur retour !
On suit donc les pérégrinations des trois compagnons ayant choisi de revenir sur Toril (Wulfgar préfère rejoindre les Halls de Tempus), avec l'aide de la déesse Mailikki, protectrice de Drizzt.
Si le procédé n'est pas nouveau, il permet de jeter un autre regard sur ces héros, et de faire évoluer leur personnalité. Ainsi, Catti-Brie devient une magicienne douée, Régis un bretteur hors-pair, et Bruenor devient (un peu) moins ronchon.
Bien entendu, pour comprendre toutes les références disséminées dans le roman, il est préférable d'avoir les aventures précédentes de Drizzt, et notamment la série Neverwinter, à laquelle les Compagnons fait directement suite. Il ne s'agit pas vraiment d'une porte d'entrée idéale pour les débutants.
Autre originalité de ce roman, c'est la part belle faite au développement des personnages. On a ainsi beaucoup moins de combats et plus de dialogues et de descriptions des différents lieux visités par les Compagnons réincarnés. Cela donne le sentiment que la vision des Royaumes Oubliés de Salvatore évolue vraiment, et n'est pas figée dans le temps. Au point de développer une « bulle » qui lui est propre dans le vaste monde de Faërun.
Si ce roman est paru pour couvrir, dans le système transmédia cher à Wizards of the Coast, la sortie du nouvel événement rattaché à Donjons & Dragons, The Sundering, force est de constater qu'il reste en marge du roman, à peine évoqué. Mais il devrait prendre plus d'importance dans la suite annoncée, surtout aux vues des événements narrés par Salvatore ici.
Sans dire que Bob Salvatore ait réussi à se renouveler (après tout, il fait revenir des personnages historiques qu'il avait lui-même écarté), il faut cependant reconnaître que ce roman semble annoncer une nouvelle série haute en couleur. Mais restons prudent, car la série Neverwinter avait elle aussi bien commencé, afin de s’essouffler dès le deuxième tome…
— gilthanas