L'Heure du dragon sort enfin réellement du sentier jusque là très classique tracé par les deux premiers tomes, et le cycle atteint ainsi une personnalité propre qui va au-delà de simples noms de lieux et de peuples originaux.
En effet, le ton du récit devient plus sombre, avec des morts et de nombreuses trahisons. De même, l'arrivée de personnages nouveaux ou jusque là entraperçus tels que les anciens rois donne une nouvelle impulsion au récit en le lançant vers des voies détournées. Si certaines révélations ne constituent pas vraiment des surprises, l'auteur a malgré tout su nous ménager certains rebondissements insoupçonnés qui illustrent ses talents de conteur imaginatif.
D'autre part, le destin des deux personnages principaux prend une tournure intéressante et incertaine. Ainsi, le héros Evan devient moins énervant, plus mature (tout du moins un petit peu plus qu'avant) alors qu'il acquiert un relief plus contrasté que jusqu'alors. Caessia quant à elle suit une voix plus sombre qui révèle des facettes de sa personnalité pour le moins inquiétantes.
Le style d'écriture de l'auteur reste assez simple, trop parfois pourrait-on dire, avec des phrases courtes mais percutantes qui illustrent mieux les émotions et sentiments des personnages de manière plus subjective.
Avec l'Heure du dragon le cycle n'en devient pas révolutionnairement original quoi qu'il en soit, et les défauts des critiques précédentes ne disparaissent pas totalement. Ainsi, ceux qui connaissent bien la fantasy et qui n'aiment pas spécialement les cycles tels que la Belgariade ou le Secret de Ji ne risquent pas de devenir de grands admirateurs du cycle. Néanmoins, les Chroniques pourpres acquièrent ici une épaisseur propre, avec un récit bien dosé et des personnages plus attachants qui en font un bon cycle de fantasy initiatique alors que le premier tome laissait présager d'un cycle beaucoup plus médiocre.
— Belgarion