Un an presque jour pour jour après This Savage Song, la décidément plus que prolifique V.E. Schwab revient avec Our Dark Duet, second et dernier tome d’un diptyque rebaptisé pour l’occasion Monsters of Verity. Six mois après les événements du premier tome, on retrouve Kate Harker à Prosperity (une ville qui n’a rien à envier à Verity en termes de densité monstrueuse), acoquinée avec un groupe de « chasseurs » amateurs et pas vraiment à la hauteur de la tâche. Resté à V-City, August, pour sa part, a pour ainsi dire renoncé à tout espoir d’humanité et se débat avec sa conscience après le sort tragique subi par son frère et sa sœur.
Là où le premier tome mettait psychologie et scénario au même niveau, ici, c’est l’évolution des personnages qui prime – et si, malgré les montagnes russes émotionnelles que traverse August, l’auteur esquive adroitement les émois adolescents typiques de la littérature young adult, elle reste également fidèle à elle-même dans la noirceur et le pessimisme. Schwab n’a jamais fait dans les licornes et les arcs-en-ciel, et ce n’est pas avec cette série qu’elle va commencer !
Our Savage Song se distingue toutefois de la production habituelle de l’auteur, et pas forcément en bien. À l’exception des deux protagonistes, c’est en effet la première fois que les personnages manquent de consistance : les Wardens auxquels se lie Kate sont ainsi à peine esquissés avant d’être laissés en plan lorsque notre héroïne abandonne Prosperity pour rentrer au bercail. On ne peut que le regretter, car le petit groupe de chasseurs (Riley en particulier) avait un bon potentiel et aurait mérité un développement plus conséquent. Les deux nouveaux monstres doués de raison, Soro et Alice, ressembleraient presque pour leur part à des caricatures de gentil et de méchante, ce qui gâte un peu l’effet général.
Le roman reste toutefois bien supérieur au tout-venant de la production fantasy, avec une nouvelle menace amplement convaincante et une conclusion à l’image du diptyque : amère, sombre et sans compromis. Une lecture de grande qualité, à réserver toutefois à ceux que la mélancolie et le désenchantement ne rebutent pas…
— Saffron