En attendant un quatrième tome sur lequel l’auteur est encore en plein travail, ses lecteurs français peuvent finalement découvrir ce troisième roman traduit par chez nous.
Dans la lignée des deux précédents, et plus que copieux, ne serait-ce que sur le plan du nombre de pages mais également en termes de péripéties diverses et variées, ce Tombeau ne devrait pas décevoir les amateurs, malgré quelques fausses pistes sur le plan de l’intrigue qui pourraient faire tiquer certains.
Il faut dire que le roman met du temps à démarrer, de façon quelque peu désordonnée, avant cependant de se rattraper sur la fin, la faute aussi à de nouveaux personnages pas toujours à la hauteur de ceux que l’on a appris à connaître précédemment (à l’image d’un Kergal unidimensionnel et aux réactions manquant de naturel), sans compter des emprunts ou clins d’œil un peu trop appuyés à de grandes références du genre, par exemple.
D’autres ne sont pas plus à la fête, à l’image d’Estora, dont le comportement se révèle plus d’une fois agaçant, même si l’auteur paraît là encore pouvoir retourner le lecteur en une seule scène. De même, si vous ne vous êtes pas déjà faits au caractère de Karigan par le passé, ne vous attendez guère à un éventuel changement de sa part, même si l’auteur semble vouloir la faire descendre par instants de son piédestal. Certains passages pourraient même vous faire grincer des dents...
Si Kristen Britain a eu le temps avec ce troisième tome de prendre ses aises, plus encore que précédemment, affirmant sa position et ses acquis sur le plan de la structure ou du ton, on se rend compte que certains aspects de son récit sont pour ainsi dire délaissés, sans aucun doute en attendant le tome suivant, à l’image de certains fils de l’intrigue qui ne trouvent pas de conclusion dans le cadre de celui-ci.
De fait, une certaine frustration pointe assez vite le bout de son nez, envers certains personnages, certaines longueurs, certains partis pris de l’auteur, tout simplement. On retrouve cela dit ce ton finalement assez particulier, ce mélange de naïveté et de (relative) noirceur, sans oublier parfois un soupçon d’humour. Et les bons moments ne manquent pas, qu’ils soient savoureux ou davantage portés sur le frisson, finalement pour beaucoup grâce à ces mêmes personnages, surtout dans le camp des représentants des Forces du Mal, mais aussi en comptant sur un univers relativement riche.
Poursuivant l’exploration d’une trame qu’elle maîtrise de toute évidence et n’hésite pas à approfondir, Kristen Britain ne réussit malheureusement pas le sans faute, et ne peut compter sur le fait de mettre un terme définitif aux aventures de Karigan puisque Cavalier vert se poursuivra.
— Gillossen