C'est avec soulagement mais aussi avec ravissement que le lecteur voit poindre l'autre bout du tunnel de cette longue série de dix tomes. Le soulagement s'explique par le sentiment du devoir accompli après cette longue mais passionnante lecture alors que le ravissement tient lui au talent de l'auteur qui a su clôturer un cycle très vaste dans un monde d'une grande richesse.
David B. Coe parvient en effet à rassembler l'ensemble des fils de l'intrigue qui convergent tous vers la grande plaine d'Eibithar où l'affrontement final a lieu. Ne boudant pas son plaisir avec des scènes grandiloquentes, pleines de mort et de fureur rentrée, il nous transmet aussi des moments plus intimistes avant la bataille avec le développement de deux intrigues amoureuses qui donnent une plus grande force au récit. Les moments forts de ce volume final sont nombreux, mais la palme revient incontestablement au traitement passionné de l'amour entre Evanthya et Fetnalla, et ce qui en résulta ne peut laisser le lecteur indifférent.
Les personnages conservent leur profondeur sans changer radicalement sur la fin mais leur évolution tout au long de la série a été particulièrement bien traitée comme ce fut le cas de Tavis, qui passa du rôle de jeune noble colérique et imbu de lui-même à celui de chef avisé et loyal à son pays. Le personnage le moins complexe et le plus manichéen sera finalement Grinsa Jal Arriet qui représente la voie de la sagesse.
On pourra reprocher à David B. Coe de ne pas clore véritablement le conflit entre les deux races, mais il est fort peu probable que tel ait été son but. De plus, si le tout est très bien traité, on ne peut pas dire que la fin tant attendue prenne le lecteur totalement par surprise, avec les signes avant coureurs parsemés dans les tomes précédents. Ce manque de spontanéité et d'originalité dans la finalité globale de l'intrigue ne nous prive cependant pas de nombreux rebondissements imprévus et d'un récit chargé d'émotion et d'intérêt jusqu'au bout.
Il nous laisse donc quelques pistes en suspens pour nous faire rêver, et pourquoi pas nous faire attendre une suite dans ce monde dont les possibilités non encore exploitées sont multiples, à l'instar des Terres du Sud dont viennent les Qirsis ou encore les pays de Caerisse et Uulran qui ont peu été abordés dans le récit. Quoi qu'il en soit, tous ceux qui auront bien aimé l'histoire des neuf premiers tomes ne seront pas déçus par la fin.
— Belgarion