Déracinée, de Naomi Novik, avait su convaincre beaucoup de monde à sa sortie il y a deux ans... même si ce ne fut pas mon cas. Avec La Fileuse d'argent, elle revient au même type de récit, inspiré des contes.
On se retrouve ainsi, aussi, avec les mêmes défauts et qualités. Des personnages féminins intéressants, une relecture souvent habile, une plume pas désagréable... mais aussi trop de protagonistes différents pour leur permettre d'exister (en a-t-on vraiment besoin de cinq ou six ?) réellement, une confusion parfois entretenue volontairement sans trop savoir pourquoi (le suspense ?) et une histoire qui s'étire beaucoup trop longtemps avant d'aboutir à une fin satisfaisante, mais que l'on attendait depuis déjà une bonne centaine de pages, pour ne pas dire plus.
On songe aussi à plusieurs reprises à L'Ours et le rossignol d'Elizabeth Arden, sauf que le roman de Novik s'avère un bon cran en-dessous, aussi bien quant à l'intrigue pure que dans l'attachement aux personnages ou l'émotion suscitée, la faute, sans doute, à plusieurs protagonistes inconsistants.
Nul doute que le roman trouvera son public, de par son ambiance et le nom de l'autrice désormais bien installée dans le paysage. Mais on se surprend tout de même à regretter les deux ou trois premiers tomes de Téméraire (on est d'accord, par la suite, la série s'est perdue en route) et leur fraîcheur.
La Fileuse d'argent n'est pas un mauvais roman, loin de là. Il n'est même pas mauvais du tout, comparé à beaucoup d'autres. Mais il a tout de la formule toute faite appliquée scrupuleusement, quitte à conserver des défauts déjà établis parce que la première fois la plupart des lecteurs sont passés outre ceux-ci.
Et, quelque part, c'est aussi un signe de réussite, après tout !
— Gillossen